Chapter 84

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Bonjour, bonsoir, et tout le reste !

Cette pause d'un mois m'a fait le plus grand bien et c'est avec plaisir que je vous publie la suite de l'histoire. 

Pour les personnes qui souhaitent plus amples explications, je vous renvoie au rantbook « Les pensées saugrenues d'un petit pull Enleyne » et plus précisément au bilan d'avril/mai pour en savoir plus. En plus, vous connaîtrez les prochaines dates de publications, les prochaines surprises qui se trament, etc.

Mais nous papoterons plus tard, si on passait à la suite ? 

Bonne lecture !


Ma vie n'a été que succession de particularités, déboires et malédictions. J'exagère à peine. Chienne de vie. À la fois haletante et pourtant si plate. J'ai l'impression, en cet instant précis, d'avoir déjà tout vécu, alors que je n'ai pas encore vingt ans.

Bon sang, qu'est-ce que je peux avoir des pensées dépressives quand je suis dans l'attente...

Je vous explique le tableau.

J'avais envoyé un message d'adieu à Klaus. Je n'y avais rien révélé de ma venue au cimetière ou même de mes hallucinations étranges. Pourtant la réponse que j'ai reçue, même si je m'y attendais, puisqu'un hackeur se servait allègrement de ce numéro pour m'atteindre était inévitable. Je pensais pouvoir encaisser un texto d'incompréhension, d'insulte ou de moquerie... Pas de menace.

Cet ordre suivi de cette promesse de retrouver un sommeil paisible si je cédais à ce chantage sordide, c'était clairement une menace. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il pourrait me prendre de plus ? J'ai déjà tout perdu il y a longtemps. Je travaille chez Selens Inc., renonçant aux études dont j'avais rêvé, tout cela pour que mon frère puisse faire les siennes. J'ai perdu mon père qui, même si c'était un sale type, n'en était pas moins un repère solide à ma lucidité. J'ai renoncé au droit d'aimer une tierce personne pour la santé mentale d'autrui, mais aussi la mienne. Alors qu'aujourd'hui la tentation de rompre cette promesse, faite à moi-même, s'accroît de jour en jour.

Lassée de tourner en rond dans ma chambre au rez-de-chaussée, je passe la porte qui mène vers le bureau de feu mon père. Je regarde la pendule et m'effare de l'heure. Bon sang, c'est si long à analyser, une gélule de morphine ?

Quand nous sommes rentrés de notre escapade, tous les trois, j'ai d'abord eu droit au célèbre décrassage en règles par le personnel de maison. Charles m'a imposé de repasser sous une douche chaude pour ne pas attraper froid, mes cheveux étant humides à cause de la neige. Quentin m'a forcé à reprendre un thé au miel, il a même préparé pour moi des vêtements chauds et confortables, de ceux que je n'enfile que lorsque je suis certaine de rester à la maison. Dans ma tête sonnait encore l'écho de ce que m'avait dit Sherlock : la personne qui me nuit ne peut être qu'une personne de la maison. Je regardais chaque petite attention de mes deux pères de substitution, m'attendrissant à chaque fois, constatant que c'était impossible que ce soient eux. Ils auraient pu me faire du mal bien avant, si c'était de la comédie, toute cette affection démesurée qu'ils me portaient, alors pourquoi se donner autant de mal ?

Tout le reste de la journée, je n'ai eu de cesse de broyer du noir. Ma famille en a déduit que ma visite sur la tombe de mon cousin avait dû me chambouler. Moi, j'étais juste triste, triste de me dire que c'était quelqu'un de mon entourage, quelqu'un que j'estimais, quelqu'un que j'aimais. Il n'y avait que quelqu'un qui vivait dans le manoir qui pouvait savoir où on trouvait toutes mes pilules, qui savait aussi que je ne dormais pas, ou très peu et très mal. C'est très dur de se convaincre du contraire une fois que les suspicions germent dans votre esprit.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now