Chapter 90.5

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Il y avait longtemps que nous n'avions pas eu un chapitre du point de vue de Sherlock, vous ne trouvez pas ? 

Nous allons donc remédier à ce problème dès que possible.

Bonne lecture !


Je suis chassé, séance tenante, de la chambre de Hakan. Qu'importe puisque, même envoyé loin, je demeure satisfait.

Je ne tiens pas à pousser Hakan dans ses derniers retranchements, elle se refermerait subitement sans plus jamais rien pouvoir en tirer. Il est important pour moi de lui laisser du temps, de la laisser respirer, lui donner l'impression de diriger tout ce qu'elle fait. Par conséquent, je me contente de célébrer chaque petite victoire.

Ce baiser en était une. Même s'il ne s'est pas passé tout à fait comme prévu.

Je me retranchais dans ma chambre, prêt à chercher le sommeil sans le trouver quand quelqu'un frappe. En ouvrant, je ne suis pas surpris de rencontrer Leif, le frère de Hakan.

— Cela devient une habitude, je constate amèrement.

— Vous attendiez peut-être quelqu'un d'autre, me nargue-t-il.

C'est un Selens, ça s'entend. Je l'avais presque oublié, tant il est sensible et pourrait pleurer à la moindre remarque qui ne lui convient pas. Pourtant, il a un peu de répartie, bien cachée sous ses boucles brunes et ses verres de lunettes.

Je le laisse entrer, mais il tourne en rond dans la chambre, comme un lion en cache. Combien de litres de café a-t-il ingurgité ?

— Vous avez pris votre violon avec vous, déclare-t-il soudainement.

— En réalité, John l'a amené ici pour moi, mais ce n'est pas l'objet de la discussion, je suppose.

— Pas exactement, mais presque, enchaîne le jeune homme. Vous savez jouer à partir d'une partition, n'est-ce pas ?

— Oui, dis-je en montrant mon agacement, pourquoi aurais-je un violon si c'est pour ne pas pouvoir en jouer ?

— Vous voulez soulager un peu la peine de ma sœur ? Continue-t-il sans m'expliquer pour autant.

— Je ne vois pas le lien que vous faites entre l'un et l'autre.

— Vous entendre jouer l'apaise, je me trompe ?

Un point pour le gamin, c'est vrai qu'elle l'a déjà affirmé, plus d'une fois, d'ailleurs.

— J'ai besoin de vous, s'empresse-t-il d'ajouter. Je ne le fais pas de gaieté de cœur, je ne vous apprécie toujours pas. Mais pour que cela fonctionne, il me faut votre violon et vous pour en jouer.

Il me tend une feuille, que je détermine rapidement comme étant une partition.

— On joue demain matin, ce sera suffisant pour vous ?

J'analyse brièvement le morceau qu'il me propose.

— Si vous me laissez une heure, je pourrais même vous l'apprendre, je décrète. Pour Hakan...

— Pour Hakan, répète-t-il avant de se précipiter vers la sortie.

Pourtant, je ne compte pas lui faire du mal. Enfin soit...

Je me saisis de mon étui et en sort mon instrument. Plus vite ce sera fait, mieux je me porterai. 

Une colocataire irascibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant