Chapter 27.5

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Un petit bonus orienté selon le point de vue de Sherlock...

J'avais envie d'essayer.

Et puis, on fête les 1000 votes, ce n'est pas anodin ! :)

*

– Vous avez été rapide, je constate quand l'estropiée ouvre la porte du cabinet.

Elle ne me répond pas, se contentant de ré-enfiler sa veste, comme si elle avait besoin de couvrir sa nudité, encore. 

Hakan, pour peu que les gens ne soient pas aussi stupides, ils verraient d'emblée que tout cela trahit les maltraitances de votre père. Et vous, vous êtes là, à tenter de conserver votre prestance alors que vos pulsions primales vous supplient de vous effondrer en pleurant.

– J'aimerais bien dire que j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, finit-elle de dire, mais...

– Mais vous ne me mentirez pas, je l'interromps.

Elle hoche la tête avant de prendre place sur la banquette sur laquelle je me suis assis pour l'attendre. J'en profite pour sortir une bouteille d'eau de sous mon trench.

– Vous aviez déjà fini celle de votre sac, je lui explique patiemment. Je me suis dit que ça pourrait vous être utile.

– Et par conséquent, que je serai plus apte à vouloir parler avec vous, n'est-ce pas ? dit-elle à peine dupée par ma délicate attention.

Ce qui est agréable avec cette jeune colocataire, c'est qu'elle réfléchit vite et parfois de façon remarquable. De plus, je n'ai nul besoin de prendre de gants en sa compagnie, elle brille par sa soif de vérité, son indicible besoin de franchise autant que d'efficacité.

Hakan s'empare de mon offrande, ne perd pas de temps pour engloutir plusieurs gorgées du breuvage avant de me tendre à nouveau la bouteille.

– Vous voulez ? propose-t-elle laconiquement.

– Sans façon, je refuse. Je crois avoir aperçu une machine à café potable en descendant à l'étage du dessous.

– Bonne idée, me donne la jeune Selens pour toute réponse. On y va maintenant, on a un peu de temps. Je vous explique en route.

Quand elle se lève, je lui tends mon bras pour la conduire non pas vers l'ascenseur, mais vers la cage d'escaliers. Il faudrait d'ailleurs dire à cette clinique à quel point c'est grotesque de placer la section d'orthopédie au quatrième.

Je croyais que la jeune fille aux yeux d'acier émettrait une remarque, mais non. Elle est perdue dans ses pensées : trop loin pour qu'elle ne réplique. Alors, j'attends que nous soyons à peu près seuls et, quand nous aboutissons dans le couloir du troisième, je la retiens.

– Hakan...

– Je vais bien, m'assure-t-elle par réflexe.

– Ce que vous avez dit à Whitesorrow, sur l'accident de votre père.

– Hé bien quoi ? répond-t-elle plus froidement que de coutume.

– Votre frère a pris votre place ? Vous avez sous-entendu que vous auriez dû vous trouver dans cette voiture.

– Et c'est la cas ! s'agace-t-elle en se dégageant de moi.

Ayant repéré la machine à café non loin, elle la rejoint en quelques enjambées et presse frénétiquement quelques boutons. Elle s'efforce de m'ignorer. J'oublie parfois qu'elle est jeune de caractère et qu'elle agit encore comme une adolescente. Elle fuit le problème, refuse d'affronter les situations qui la gênent si elle en a la possibilité.

J'ignore pourquoi j'aime la voir avec cette mine troublée. Quand son regard qui devrait être si clair s'assombrit sous la contrariété... Elle a une certaine allure, un maintien lorsqu'elle se rembrunit, que j'aime particulièrement observer chez elle. Et puis, derrière ce visage fermé, tout un monde fragile qui s'offre à qui l'accepterait ! Il suffirait seulement qu'elle s'ouvre à une personne digne d'elle. Hakan Selens est une personne complexe, voire intéressante.

– Du lait ou du sucre dans votre café ? demande-t-elle sèchement en insérant les pièces de monnaie.

Vous le savez, Hakan, mais vous vous énervez, vous vous braquez. Par conséquent, vous vous perdez en questions idiotes.

– Sucre, j'indique machinalement.

– Vous avez raison, me concède-t-elle enfin alors que le liquide s'écoule dans le gobelet. Mais c'est pas vraiment ça, qui me fait le plus mal, dans ce que vous avez dit.

Le café servi, elle me tend le récipient tout en le couvrant entièrement de ses mains. Elle cherche la chaleur du café ? Non, j'ai compris. Ses doigts tremblent : elle cherche à ne pas renverser. Elle est plus chamboulée qu'il n'y paraît. Quel détail j'ai négligé ? Car oui, avec elle, je finis toujours par en loupé un. Cela m'irrite, puis m'interpelle. Finalement, je termine toujours par m'attarder davantage sur sa personnalité complexe qui finit par susciter en moi une forme de fascination.

– Non seulement je devais me trouver dans la voiture, le soir de l'accident, se confesse Hakan, mais en plus de cela, tout me pousse à croire que cet accident n'en était pas un.

J'insiste pour qu'elle développe le fond de sa pensée en la fixant. Je suis métaphoriquement pendu à ses lèvres. Elle le sait, sauf qu'elle n'en joue pas comme elle le ferait d'ordinaire. Elle n'a pas l'esprit à plaisanter.

– Je suis même convaincue, poursuit-elle, que j'étais visée. Je devais mourir dans cette voiture.

*

Alors, ça change ? Ça vous a plu ? Ou c'est une expérience que je devrais ne plus jamais reproduire ?

Dites-moi tout ! 

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now