Chapter 35

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Mes correctrices habituelles me faisant faux bond, je vous invite à me faire parvenir les fautes éventuelles. 

Merci d'avance et bonne lecture ! :)

*

— Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas réuni tous les trois, s'exclame Elizabeth en me voyant apporter le thé.

— Attention à vos doigts, la théière est brûlante ! Je signale à mes trois interlocuteurs en déposant le plateau sur la table basse.

— J'aime bien quand tu fais le service, me nargue Leif posé sur le sofa.

— Ne commence pas, darling.

Après la vidéo de Klaus, j'ai voulu impérativement changer d'approche. Moi qui voulais préserver ma famille, je me rends compte à présent que je dois la faire coopérer pour mettre ce drôle de hacker en déroute. Pour ce faire, j'ai immédiatement contacté mon frère et ma cousine pour avoir une « importante conversation. » J'ai précisé que je ne souhaitais pas qu'on aborde ce rassemblement plus amplement, ni par message, ni de vive voix avant que nous soyons ensemble, à l'abris des oreilles malveillantes.

Pour moi, la sécurité, c'était Baker Street. Dans le salon, nous voilà donc à nous toiser en faisant semblant que tout va bien, tous les quatre. Oui, quatre. Toujours en silence, Sherlock est resté, en dépit de mon insistance pour qu'il sorte. Je ne suis pas en mesure de toujours avoir le dessus, vous l'avez compris.

J'ai pris le fauteuil de John (car cela est et restera toujours le sien, même en son absence) afin de laisser le divan libre pour mes ouailles. Je dissimule mon angoisse, ma tristesse, mon insomnie. En revanche, je constate que les cernes de mon cadet ne se sont pas estompées. Comme les ongles de ma cousine sont toujours aussi rongés. Eux non plus, ne vont pas bien. Nous n'allons pas bien, non, pas bien du tout. Et pourtant, on s'est contenté de nous éloigner, de réaliser nos petites affaires chacun de notre côté en oubliant une des règles que notre père nous avait inculquée : nous serrer les coudes.

Dans la vidéo que j'ai reçue, je ne peux pas cracher sur tout. Après tout, les véritables paroles de Klaus, sans détourner ses mots, sont toujours pleines de sagesse. Enfin, étaient...

Une fois nos tasses pleines, nous sirotons sans même converser. Nous n'arrivons même plus à nous adresser l'un à l'autre, c'est dingue !

— Bon, c'est quoi, cette annonce que tu as à nous faire ? Se renseigne Leif.

— En réalité, je le corrige, vois ça plutôt comme un conseil de famille.

— Attends, c'est une blague, s'indigne Lizzy. On n'a plus douze ans, Hak, merde à la fin.

Pendant que ma cousine râle, mon frère pousse un soupir de lassitude. Soudain, un doigt se pointe en direction du détective.

— Et puis, si c'est un conseil de famille, renchérit la blonde, il fait quoi ici ?

 — Il arbitre, fais-je en haussant les épaules.

— J'ai des cours à réviser, se plaint Leif.

— Bon, ça suffit ! Je m'emporte. Vous n'avez pas encore saisi que ce n'était pas l'heure des gamineries ?

Énervée, je me lève et inspecte la cheminée. Juste assez pour reprendre un peu mon calme. Sans me tourner vers eux, je me lance enfin.

— Si ce n'était pas important, je ne vous aurais pas appelé précipitamment. J'ai... J'ai besoin de vous. De chacun de vous.

J'effectue alors mon demi-tour sans geste théâtral, dénué de toute fierté. Je les fixe tour à tour de mon regard froid, appuyant par celui-ci le sérieux de la situation. Je m'avance alors de la table basse, ouvrant mon ordinateur que j'avais déjà préparé. Dessus, la vidéo non répertoriée est déjà prête : je n'ai qu'à presser une touche pour actionner le film. Ce que je fais.

Une colocataire irascibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant