Chapter 21

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Je reconnais la masse de boucles de couleur châtain qui s'engouffre dans l'entrée sitôt la porte ouverte. Leif force un peu sur sa bonne humeur, avec son sac en bandoulière et deux cafés frappés entre les mains.

– Livraison spéciale pour la meilleure de mes sœurs !

– Je suis la seule que tu n'aies jamais eue, dis-je en refermant la porte. Crétin !

Contrairement à notre coutume, je n'amène pas mon frère dans ma chambre, mais dans le salon. Sherlock a d'ors et déjà pris place dans son fauteuil en m'attendant.

– Fausse alerte, dis-je à son intention, ce n'est que mon cadet.

– Bonjour, lâche Leif froidement.

Ce dernier se méfie de mon colocataire, pour des raisons diverses. Je suis certaine qu'il a fait ses propres recherches sur l'homme qui partage son toit avec moi et qu'il s'est fait son opinion de cette façon. Il veut me protéger, je peux comprendre ses agissements. En revanche, il ne me dissuadera jamais de réaliser quoique ce soit ou de changer ma manière de vivre. La raison à cela ? Leif a une confiance aveugle en moi.

Il me tend un des gobelets qu'il avait amenés, comme s'il me donnait une friandise.

– Elle vous a déjà pardonné, dit Sherlock posément. Inutile de jouer les fayots. Vous n'auriez pas dû sécher vos cours de l'après-midi.

Mon frère est abasourdi, il n'ose même plus s'asseoir. Alors, je le pousse sur le sofa pour qu'il se pose. Cela pourrait presque me soutirer un rire : je n'avais jamais vraiment vu le détective se jouer des autres, l'apercevoir de mes yeux est vraiment drôle en fait. J'essaye de détendre l'atmosphère entre les deux garçons en choisissant de plaisanter.

– Donc, tu suis assidûment les cours quand je passe devant un jury très important, mais tu les sèches quand tu es rongé par les remords ? je taquine Leif. Les cafés, c'est pour ça aussi ? Te faire pardonner.

– Un peu, admet-il.

– C'était plus pour lui que pour vous, intervient Sherlock.

– Qu'est-ce que vous savez ? s'indigne Leif agacé.

– Vous avez le physique de l'étudiant qui travaille trop, on peut apercevoir vos cernes : vous ne dormez que très peu. Le café, c'est pour vous stimuler, vous ! D'ailleurs, si vous étiez vraiment obstiné à faire plaisir à Hakan, vous lui auriez apporter un thé.

Je ne peux m'empêcher de pouffer en voyant la mine déconfite de mon petit frère.

Pas étonnant que tu aimes traîner avec lui, se défend mon cadet en français. Vous êtes tous les deux aussi enquiquinants l'un que l'autre.

Il ne fait que constater que ce qu'il voit, je proteste dans la même langue.

Tu prends un malin plaisir à faire la même chose ! s'emporte mon frère.

– Vous savez que je comprends, n'est-ce pas ? lance le détective à mon intention. C'est vrai ce qu'il dit ?

– C'est possible, je reconnais. J'ai besoin de connaître les personnes qui m'entourent pour avoir le contrôle sur elles. Cela dit, je n'arrive pas à la cheville de quelqu'un comme vous.

– Vous vous flattez souvent, comme ça ? intervient mon frère.

– Jaloux ? j'ironise.

– Non, constate-t-il. Juste dubitatif.

Ce qui est intéressant, c'est que Leif semble de plus en plus irrité par la présence de mon cohabitant alors que celui-ci n'est nullement désagréable avec mon cadet.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now