Chapter 77.5

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Exceptionnellement, pour ne pas vous « priver » d'un vrai chapitre la fois prochaine, je poste celui-ci dès à présent. 

Vous verrez qu'il est très court, mais qu'il n'en est pas moins important.

Bonne lecture !

Ce ne sont pas mes yeux qui s'ouvrent pour me sortir du sommeil, mais mes oreilles qui captent des bruissements qui m'empêchent de passer une nuit paisible.

Cela fait un moment que je ne dors plus avec Baron, peut-être ne suis-je plus du tout habituée qu'il reste dans ma chambre la nuit ? Heureusement que je ne m'en plains pas publiquement : Quentin passerait des heures à argumenter sur le fait que la place d'un chien n'est pas dans cette pièce de la maison. Cependant, vous vous en doutez : je n'en fais qu'à ma tête. Déjà plus jeune, il venait gratter à la porte pour que je le laisse entrer.

D'ailleurs, j'entends l'intéressé gronder. D'accord, je n'avais pas rêvé : il y a quelque chose qui ne va pas. Baron ne grogne pas pour le plaisir, comme certains chiens un peu teigneux. Non, quelque chose l'inquiète ou le dérange.

Je me relève précipitamment, cherchant l'interrupteur de la lampe de chevet, mais sans succès. Je parie que notre chère fée du logis fait régulièrement la poussière dans la pièce, sans faire attention à la manière dont il remet le cordon. Tant pis, je vais devoir m'en passer. Malheureusement, je ne distingue pas grand-chose dans l'immédiat, juste la noirceur des lieux et une pâle clarté qui m'éclate pourtant la rétine, m'empêchant de reconnaître les détails de la pièce.

— Qui est là ? Dis-je d'un air menaçant.

Je n'ai pas trouvé l'interrupteur pour m'offrir la lumière, mais j'ai trouvé ma canne. Je m'en saisis pour donner plus de crédit à mon interjection. Dans l'obscurité, alors que mes yeux s'y font à peine, je crois voir que Baron est assis au pied de mon lit, fixant au loin quelque chose, cherchant à me protéger. La crête osseuse sur son dos semble plus hérissée que d'ordinaire. Semble... Car le noir brouille énormément mes capacités de vision.

Face à moi, dans la clarté morose de la lune qui transparaît depuis la porte-fenêtre, se dessine une silhouette fine et plutôt grande. Les reflets de l'astre blanc déforment un peu ce que je vois et, si je rêve, alors cela me paraît trop réel.

— Klaus ?

Je n'en crois pas mes mirettes. D'ailleurs, les larmes viennent d'elle-même.

J'entends un « chut » de la part de cette forme humaine que j'identifie formellement comme mon cousin.

— Dors maintenant, chuchote-t-il, repose-toi. On se voit demain.

J'entends l'ouverture de la porte coulissante et je vois cette silhouette quitter les lieux. J'ai l'impression que le sang pulse autant dans ma jambe que mon cœur ne tambourine dans ma cage thoracique.

J'ai froid, j'ai vraiment froid. Je lâche la canne et m'emmitoufle soigneusement dans ma couette avant de quitter la chaleur du matelas. Je chancelle, un vertige suivi d'une nausée inexplicable me prend. Pourtant, je dois refermer la porte. Il fait froid avec cette neige qui tombe sans cesse, dehors. Ma mission accomplie, je me traîne péniblement jusqu'à mon lit. Je passe ma main sur la tête de Baron, puis le long de son dos. Il me laisse m'appuyer un peu sur lui pour que je puisse retrouver mes draps sans trop de difficultés. Ceux-ci sont déjà tièdes, je le regrette.


J'ai mal à la jambe aussi. Je souffre, physiquement bien sûr, mais mon esprit aussi est amoché. C'était Klaus, j'en suis sûre, certaine même ! J'ai reconnu sa voix, même si ce n'était qu'un chuchotement.

Une fois allongée, je me plus sereine, enfin... Pas tout à fait. Maintenant que mes yeux voient mieux dans la sombre pièce, je discerne le flacon avec les comprimés de morphine. Je m'en empare et avale deux gélules d'un coup. J'entends mon chien japper, comme s'il désapprouvait. Je le regarde, contrite.

— Hé, j'ai mal, d'accord ?

Il pose sa tête sur le coin du matelas, avec de grands yeux tristes. Il a une autre requête...

— Ça va, c'est bon. Allez, viens.

Baron a beaucoup de difficultés pour monter, on sent qu'il commence à se faire vieux. Alors, je l'aide en lui tenant le dos. Il s'installe confortablement contre mes jambes, posant la tête sur ma hanche. Je sens la chaleur de mon chien à travers la couette dans laquelle je me suis enroulée.

Je referme les yeux, laissant la morphine me ramener à mes songes. Néanmoins, ceux-ci s'embrouillent, s'entrechoquent, se fracassent. Mon esprit est chamboulé : j'essaye de me convaincre que je viens de faire une sorte de rêve éveillé, mais je n'y arrive pas.

Klaus, j'ai vu Klaus... 


Je n'aurais qu'une seule question pour vous... Non, deux !

Klaus, ou pas Klaus ? 

Est-ce un rêve, un fantôme, une illusion ou même une hallucination ?

Je vous laisse débattre, mais pas de bagarre entre vous, merci ;)


Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now