Chapter 20

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Puisque ce chapitre est un peu court, je vous l'offre aujourd'hui. On dira que c'est un cadeau de Noël un peu en avance ;)

*

Plus la journée passe et plus la fatigue m'empêche de travailler de façon efficace. J'ai discuté de la réunion avec Grace pendant près de deux heures et quand elle a enfin quitté l'appartement, je n'avais pas la force d'aller faire les courses.

Tant pis, ce sera livraison pour ce soir, en attendant d'y aller demain. Il faut que je me détende, coûte que coûte. La seule chose qui me calme c'est de chipoter. Quand mon colocataire est rentré de sa sortie dont je ne connais ni la destination ni le but, je l'ai tenu informé de mon poste. Il a gardé le silence, mais il a entendu.

C'est ainsi que le reste de la journée s'est écoulée, sans un bruit. Je remplis ma routine en mettant le pilote automatique, mais aujourd'hui j'ai de grosses difficultés à tenir debout. J'admets que ce sms envoyé par le hacker me déstabilise encore, malgré l'explication que j'ai apportée à ce curieux évènement. Cela me rend distraite : Sherlock s'en rend bien compte, pourtant il se garde de me le faire remarquer.

En réalité, depuis que je suis ici, nous nous décodons mutuellement, nous nous comprenons souvent... tout en conservant le silence. Vous ne me croyez pas ? Vous devriez voir la scène de ce moment.

Je suis en train de bricoler une pièce de ma future boîte à musique dans ce qui nous sert de salon, pas de client à l'horizon. Alors, Sherlock se penche sur ses expériences en cours. En ce moment, il fait les cent pas dans l'appartement. Parfois, il s'assied dans son fauteuil et demeure immobile pendant de longues minutes avant de se relever d'un bond et de poursuivre sa marche.

Ses réflexions le possèdent entièrement. J'ignore si toutes ses affaires lui tiennent autant à cœur, mais j'apprécie de l'avoir dans mon champ de vision. Je sais qu'il peut rester silencieux pendant plusieurs jours, je vous certifie que ça ne m'embête pas. De même, s'il lui prend l'envie de se lancer dans des monologues pendant des heures, ça m'importe peu. Il ne veut même pas être écouté, juste entendu. Si, il y a bien une différence !

Je me suis rendue compte que j'admire ce qu'il fait. N'en déplaise à Mycroft qui imaginait sans doute que je sociabiliserai son cadet : je n'ai pas envie de changer cet homme. Juste à respecter les codes d'usage du style... Oui, mettre un pantalon en fait partie ! Je vous ai entendu le penser ! Bref, pour des raisons qui ne me semblent pas encore évidentes, je suis transportée par les prouesses de mon cohabitant. Vous avez bien lu, des prouesses ! Les gens s'en méfient, disent-ils. Je m'en fiche bien ! Il s'est diagnostiqué lui-même, mais j'ose douter de sa sociopathie. À moins que je ne sois la proie de l'attachement ? Probablement.

Je l'observe... Vous savez, lui, mon colocataire. Taiseux, les mains jointes sous son menton, il vient d'ouvrir les yeux : il sort de son palais mental. John m'a expliqué le concept, mais je n'ai pas exactement tout suivi. Il regarde dans le vide, perdu dans la tortueuse rivière dans ses réflexions... Dieu que j'aime le voir comme ça, un peu torturé mais comblé parce qu'il a de quoi s'occuper.

– Arrêtez de réfléchir, dit-il soudainement. Vous pensez trop fort.

Sherlock me lance un regard accusateur. Je l'ai contrarié, perturbé dans sa tâche... il m'en veut. Le culot. De quel droit se permet-il ? Ah oui, le sien.

– Je ne peux pas faire ça, navrée, dis-je. Il faut vous y faire.

– Pourquoi trainez-vous ici ?

– Parce que j'aime vous entendre travailler.

– Je ne parle même pas.

– Non, mais vous réfléchissez bruyamment, vous savez. Je trouve cela distrayant, en plus, je sais très bien que vous ne voulez pas vraiment que je quitte la pièce.

Une colocataire irascibleWhere stories live. Discover now