Une colocataire irascible

Chapter 92

Parce qu'il faut bien un quelques passages plus calmes de temps en temps, voici une courte pause pour vous remettre avant la fin toute proche.

Court, pour une fois, c'est ce que j'ai fait, le chapitre compte à peine 2600 mots. Quand je vous disais que c'était une pause ! ;)

Bonne lecture tout le monde !

⁂

— Alors, je lance alors que je suis en train de savourer mon troisième pancake, tu as choisi où tu voulais aller ?

Mon frère me dévisage avec incompréhension, je lève les yeux au ciel. Il n'a vraiment pas compris ?

— C'est ton anniversaire, demain, j'enchaîne. Tu as oublié ?

— Non, bien sûr que non ! S'écrie-t-il. Je pensais juste que... Avec tout ce qu'il vient de se passer, tu ne voudrais pas qu'on parte cette année.

— C'est ridicule, Leif, jamais je ne te mettrais de côté, encore moins le jour de ton anniversaire.

— Même si on a des invités à la maison ?

— Surtout si on a des invités à la maison, je renchéris, tu sais que le monde m'exècre.

— Hé ! S'immisce John après avoir bu deux gorgées de café. Je te rappelle qu'on est dans la même pièce.

— Oui, mais je suis chez moi, je dis ce que je veux ! Je le taquine exprès. C'est un rituel qu'on a instauré depuis longtemps, on fait toujours quelque chose le 31 décembre, entre frère et sœur. C'est difficile de trouver quelque chose d'ouvert, mais on a toujours su trouver de quoi passer le temps.

— Vous comptez donc me laisser avec John, comprend tout à coup Sherlock.

— Tout à fait, je confirme, c'est rédhibitoire. C'est quelque chose que je ne suis pas prête de modifier.

Il en a toujours été ainsi depuis que j'ai dix ans. Leif est né la nuit de la Saint Sylvestre. Il n'était pas encore minuit, mais mon père n'a pu voir le bébé que plusieurs heures après l'accouchement. Résultat, Lawrence a toujours dit qu'il était né le 1er janvier, alors que notre mère attestait que c'était bien le 31 décembre, c'est d'ailleurs à cette date qu'il a été enregistré. Cependant, le côté têtu de mon père ne l'a pas quitté.

Chaque année, il ignorait cette date et ne posait le cadeau d'anniversaire de son rejeton que sur la table du petit-déjeuner après le réveillon du Nouvel An. Puisque le 31 décembre est également synonyme de fête et de préparatifs, tout le monde se perd dans le menu, les tenues, le ménage... Autant dire que personne ne trouve vraiment le temps de rendre cette journée spéciale aux yeux de mon cadet, quand l'occasion est déjà spéciale sur le calendrier.

Du coup, j'ai commencé à l'emmener aux Plaisirs d'Hiver dans la capitale ou à faire d'autres choses. Quelques musées ouvraient le 31 décembre, c'était l'occasion pour nous de sortir et, pourvu que l'on se prépare bien avant, il y a toujours possibilité de passer une journée riche en aventures. Nous revenions toujours en fin d'après-midi pour nous préparer à réveillonner. Sauf une fois, quand nous sommes allés nous perdre à Bastogne et que nous avions raté le train. Ce soir-là, nous n'avons pas vraiment pris la peine de nous faire beaux, nous sommes passés directement à table. Autant dire que je faisais un peu tache dans le décor avec mon t-shirt du groupe Guns n'Roses.

D'ordinaire, mon frère trépigne à l'idée qu'on parte tous les deux, il prévoit des idées de dingue chaque année, propose plusieurs expéditions possibles... Ça l'a toujours motivé. Excepté aujourd'hui, apparemment. Je le vois à son regard gêné, qui fuit le mien.