Tu es mon obsession (BL) [Tome 1+2]

Chapitre 73

 Assis dans l'entrée de sa salle de sport, les bras croisés sur sa poitrine, Chase regardait Nait marcher. Depuis sur les muscles de ses jambes s'étaient suffisamment fortifiés pour qu'il puisse se tenir debout – même si ce n'était que pour une seule seconde avant qu'il ne tombe – Chase avait su qu'il ne pourrait plus le retenir.

Nait avait poussé ses muscles afin d'y arriver, plus déterminé que jamais. Il marchait désormais sans aucune aide, ou presque.

Le kiné arrêta le tapis de course sous le regard contrarié de Nait.

- C'est assez pour aujourd'hui. Venez, on va faire vos étirements.

- Je peux encore... répondit Nait avant d'être brusquement interrompu.

- Non. Dépasser ses limites est un bel objectif mais dans votre cas je ne pense pas que ce soit raisonnable. Vous forcer sur vos muscles, de plus en plus depuis que les résultats se voient. Ce n'est pas bon.

Nait haussa le ton, et le kiné croisa les bras, défensif.

- Je dois y arriver.

- Certes, mais pas comme ça. Si vous forcez trop vous cesserez bientôt de faire des progrès. Vous ne pouvez pas éternellement exiger à vos muscles plus que ce qu'ils peuvent faire. Tôt ou tard ils cesseront de vous suivre.

Nait releva le menton, mais Chase voyait bien qu'il était épuisé.

Ces derniers jours il l'avait vu se pousser plus encore sur les appareils, forçant ses bras à le porter, ses jambes à avancer. Il le sentait épuisé, ses muscles endoloris l'empêchant de trouver une position confortable pour dormir, les crampes et courbatures le réveillaient parfois. Pour fournir un si grand effort, Nait avait besoin de plus d'énergie. Et pourtant il mangeait toujours aussi peu. Chase lui-même se demandait quand le corps de Nait allait le lâcher.

- Nait, commença Malcolm, mais Nait l'interrompit.

- Non ! J'en ai marre de dépendre des autres pour absolument tout ! J'en ai marre d'être aussi faible et inutile ! Je ne fais rien de mes journées. J'ai besoin d'avancer.

- Je sais, mon ange, mais il a raison. Rien ne presse. Donne à tes muscles le temps de de réhabituer à l'effort.

- Ça t'arrange bien, hein. Incapable de marcher, je ne peux pas fuir. (Chase se tendit à cette première pique.) Je dépends exclusivement de tout pour tout. Tout le monde vie sa vie et moi je reste là, toute la journée, immobile, enfermé dans ta maison, babysitté, à attendre ton retour comme un bon toutou obéissant incapable de se débrouiller seul.

Le kiné recula, les yeux fixés qu sol, soudain mal à l'aise.

Chase se leva. Sa contrariété affichée fit se crisper Nait lorsqu'il s'approcha de lui.

- Tu crois que ça me plaît ? Tu crois que j'aime te voir comme ça ?

Le ton de Chase était sec malgré le calme qu'il s'efforçait de garder.

- Te voir galérer pour le moindre petit truc me déchire le cœur. Crois-moi je veux autant que toi te voir debout à nouveau, mais c'est pas comme ça que tu y arrivera. Regarde toi bon sang ! Tu tremble comme une feuille sous l'effort. Si tu continue de pousser au-delà de tes limites, ton corps va te lâcher. Et ce jour là tu ne pourras t'en prendre qu'à toi-même.

Nait détourna le regard, la mâchoire crispée. Chase comprenait sa contrariété, mais il se devait de le raisonner. Avec tendresse malgré sa propre contrariété, il caressa la joue de Nait.

- On ne peut pas gagner un marathon en courant un sprint. Tu comprends ?

Avec un soupir, Nait hocha la tête.