Tu es mon obsession (BL) [Tome 1+2]

Chapitre 66

 Chase se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur sa chaise. À sa droite, Meryl sortit deux dossiers qu'elle posa devant lui. Il reconnut sans difficulté le dossier médical de Nait que la cheffe de service lui avait donné à l'hôpital. D'un geste las, il ouvrit le second avant de se redresser.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Le rapport du docteur Biergen. Keith me l'a donné juste avant de partir. Je n'ai pas osé l'ouvrir, je ne pense pas être capable de lire ce qui y est noté.

Meryl prit une grande inspiration.

- Je ne pense pas que Nait sera prêt un jour à tout raconter. Mais sans savoir ce qu'il a vécu c'est dur de savoir quoi faire, quoi dire, comment l'aider. Ça peut peut-être aider.

Chase fixa le dossier longuement avant de le refermer. Pour n'importe qui d'autre, il l'aurait sans doute lu sans grands soucis. Les blessures et malheurs des autres l'impactaient peu. Mais là c'était différent. Là il s'agissait de Nait. Certes il était clair – il ne pouvait plus y avoir de doutes à présent – que Nait avait été torturé, mais il ne voulait pas en être témoin à l'instant. Il devrait entamer la lecture de ce rapport, il le savait, mais il savait aussi qu'il n'était pas encore dans le bon état mental pour le supporter, pas ce soir-là en tout cas.

Éleonora posa trois tasses de cafés sur la table et s'assit en face de Meryl. Son intrusion sortit Chase de ses pensées. Le regard du mafieux se posa sur la pile de dossiers que Tony avait amené.

- Je vais travailler d'ici quelques temps. Je ne peux pas le laisser seul pour l'instant.

- Combien de temps ?

- Un mois.

Meryl secoua la tête.

- Je ne peux pas te garantir ça. Je peux te donner... dix jours, quinze grand max. Tu as déjà été absent deux semaines. Même si on arrive à tout faire tourner sans toi, même si tu sais travailler à distance, ta présence physique est requise. Surtout avec le bordel qu'on a récupéré à cause de Salkov.

Avec un soupir las, Chase s'adossa au dossier de sa chaise, les bras croisés. Son regard, jusque la braqué dur les dossiers devant lui, se posa sur Éleonora un instant.

- Mme Brawn. Je vais devoir vous demander de vider votre horaire de travail chez les autres. Je vais avoir besoin de vous ici plus que jamais.

- Je vais m'occuper de ça. De combien de jours avez-vous besoin ?

- Quatre, pour l'instant. Par la suite, je devrais sûrement vous demander de rester quelques soirs également. Je sais que vos conditions de travail avaient été aménagées pour vous permettre de vous occuper de votre famille, mais Nait a besoin de vous. Ce ne sera que temporaire, lorsqu'il sera suffisamment remis...

- Ne vous inquiétez pas. Mes enfants savent s'occuper les uns des autres, être moins présente à la maison quelques temps ne sera pas un problème.

Chase acquiesça et se tourna vers Meryl. La jeune femme prit la parole avant même que son patron ait pu ouvrir la bouche. Elle savait déjà ce qu'il voulait.

- Je vais m'arranger avec Mme Brawn. Je vais essayer de te laisser en télétravail deux à trois jours par semaine, pareil le soir, tant que c'est possible. Le reste du temps, il faudra que quelqu'un d'autre reste ici pour veiller à la sécurité de Nait, et de Mme Brown aussi.

- Ne t'en fais pas pour moi, répondit la gouvernante. Je connais par cœur l'emplacement de chaque arme cachée dans cette maison, celui qui pense pouvoir entrer impunément ici et en sortir vivant n'est pas encore né.

Cette réponse fit sourire Meryl. Jamais elle n'aurait cru que cette toute petite femme puisse avoir autant de confiance en elle au point de se croire capable d'ôter la vie de quelqu'un. Mais quelque chose dans le ton de la gouvernante assurait à Meryl qu'elle n'était peut-être pas aussi douce et fragile qu'elle en avait l'air.