Chapitre 51 (3/5)

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Il fallait qu'il arrête de merder, ça ne leur faisait que perdre un temps précieux.

— Donc on va trouver un plan, reprit Crimson, et tu vas arrêter de te transformer en Terminator, parce que cette fois, on ne voit pas comment on pourra gérer ça.

— Tu as épuisé tous les extincteurs, mec, intervint Shade. Pourtant, on en avait toute une pièce remplie, tu imagines un peu ?

Wraith imaginait bien, ouais. Entre les expériences ratées de Trez, les flammes du dragon de Crimson, les actes tordus de Waive et ses propres excès de colère, les extincteurs avaient été commandés en masse. S'il n'y en avait plus aucun... À quel point avait-il merdé ?

Le regard violet de Hawke croisa le sien. Ses interrogations devaient être visibles à ses yeux perçants, car il expliqua :

— La première fois, tu as foutu le feu à la salle de bain d'Oward. C'était une vraie fournaise. T'étais dans un sale état, les gars ont bien cru qu'ils t'avaient perdu pour de bon. Le feu s'est propagé dans toute la maison, puis à celle des voisins. Les pompiers sont arrivés en masse, camions, lances, échelles, tout y était. Avant que la maison ne s'écroule, Trez a éjecté Oward à l'extérieur. Le chien aussi.

Wraith chercha rapidement du regard Rex. Il avait compris qu'Indigo aimait cet animal, pour une raison qui lui échappait. Le savoir en vie le réconforta un peu. Il n'aurait pas à annoncer à son alter ego la mort du clebs.

Mais au lieu de tomber sur le chien, son regard s'arrêta sur Oward. Assit à l'écart sur un tronc d'arbre mort, il regardait les restes du Manoir d'un œil vide. Wraith eut envie de le démembrer, et de jeter les morceaux dans les cendres encore fumantes.

Le démon serra les poings.

— Je vais le tuer, jura-t-il d'une voix d'outre-tombe. Pas tout de suite, j'ai mieux à faire, mais je vais le tuer.

Comme si Oward l'avait entendu, il tourna la tête dans leur direction. Il vit le regard assassin de Wraith, le soutint mollement pendant un instant. Puis il se détourna d'eux d'un air morne. Peut-être qu'il avait compris que la fin était proche. Ses frêles épaules bougèrent, comme s'il soupirait.

— Quand le toit s'est écroulé, reprit Hawke, les pompiers ont dépêché un canadair. Tout le quartier était en flammes. On ne savait pas comment te calmer.

— Tu nous as carrément barré la route avec tes flammes, intervint Faël, qui faisait tourner inconsciemment une branchette entre ses doigts. Les pompiers n'arrivaient pas éteindre le feu. On ne pouvait pas leur dire qu'un feu démoniaque ne s'éteint que par la volonté...

— Puis le canadair est arrivé, reprit Hawke. Comme le toit n'existait plus, les tonnes d'eau sont directement tombées sur ta gueule.

— Et le feu s'est arrêté. Comme ça, d'un coup, précisa Crimson en claquant des doigts.

— On s'est dit que soit tu étais mort, soit le poids t'avait assommé, dit Shade. Mais que l'un dans l'autre, on allait être tranquille pour un bon bout de temps.

Le brin d'humour ne toucha personne. Au contraire, Reaver lui donna même un coup de poing dans l'épaule.

— Quoi qu'il en soit, reprit Crimson, on est allé te chercher parmi les décombres. Shade a hypnotisé les humains pour qu'ils s'occupent des voisins. Mec... (Il secoua la tête. Une lueur tourmentée s'alluma dans son regard.) Tu étais dans un sacré mauvais état. Même tes fringues et tes cheveux avaient pris feu.

Sur le coup, le démon ne comprit pas. C'était impossible.

— Quoi ? croassa-t-il en portant une main à sa tignasse et en baissant les yeux sur ses vêtements. (Il secoua la tête.) Je comprends pas.

— Même ta peau. Tu t'es cramé, mon Frère. Ton propre feu s'est retourné contre toi.

— Brûlure au troisième degré, précisa le sorcier. Tout le corps a été touché. Du jamais vu chez un démon de feu. Vous n'êtes pas censé être ignifugé ? s'enquit-il de manière rhétorique.

Wraith grogna. Bien sûr que si. Les démons de feu ne pouvaient pas craindre leurs propres flammes. C'était comme demander à un métamorphe allergique aux poils de chat de se transformer en félin. Complètement débile.

Trez se releva, aidé de Zach, et continua :

— Je t'ai soigné comme j'ai pu sur place, pour sauver tes fonctions vitales, puis on t'a ramené ici. C'était plus prudent. Mais dès que tu as pu ouvrir les yeux, c'était la troisième guerre mondiale. (Il secoua la tête.) Et chaque crise est plus folle que la précédente. Tu étais à deux doigts de t'en prendre à nous, mon Frère.

Wraith n'arrivait pas à s'en vouloir. Il voulait retrouver Indigo, coûte que coûte. Elle était en vie, il le savait.

Seule cette idée l'empêchait de sombrer totalement dans la folie. Même s'il ne parvenait pas à localiser la jeune femme, il pouvait sentir ses fonctions vitales.

Néanmoins, même avec un cœur en état de marche dans la poitrine, on pouvait subir beaucoup de chose terrible. Pas besoin d'être mort pour souffrir. Le démon le savait par expérience. Cette idée lui retourna les entrailles, et son démon s'agita dans sa tête.

Pour la première fois, Wraith détailla ses Frères d'armes. Une petite étincelle de culpabilité lui tirailla le ventre à la vue de leur tête de six pieds de longs. Ils avaient tous des brûlures un peu partout sur le corps, des traces de suie, des blessures déjà en voie de guérison. Et la moitié d'entre eux avait perdu certains de leurs vêtements au cours de la soirée.

— Merci, dit-il simplement.

Il ne savait pas exactement à qui s'adressait ce mot, ni pour quels motifs exactement, mais les membres de la Confrérie s'en contentèrent. Ce mot sortant de sa bouche était déjà assez rare en soi. Ses Frères comprendraient, il le savait. Il n'avait pas besoin d'en prononcer plus.

— Shade, tu nous trouves une planque pour passer la nuit à l'abris, ordonna-t-il au vampire.

Shade acquiesça.

— Bien.

— On va passer la ville au crible. Cette Confrérie nous a déjà pris au dépourvu dans une ruelle, c'est qu'ils ne devaient pas être loin. Ou du moins, assez près pour nous épier.

— Avec un peu de chance, ils se sont trouvé une vieille grotte à flanc de montagne pour se cacher, tenta Shade.

Ils l'ignorèrent. Wraith distribua les ordres.

— Reaver, Waive et Zacharyha, vous vous occupez du quartier centre, de la Parkside Avenue jusqu'au River Boulevard. Pas une seule baraque ne doit être oubliée. (Ils hochèrent sèchement la tête.) Défoncez chaque porte si ça vous fait plaisir, mais aucune ne doit être laissée pour compte, pigé ? (Il n'attendit pas de réponse.) Faël, Hawke, vous prenez l'est. Du terrain vague jusqu'à la marina et la crique. Vous irez aussi interroger la Meute de GreenRiver. Crimson, Trez, vous venez avec m...

Un soudain vertige lui fit cligner des yeux.

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant