Chapitre 43 (1/2)

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Puisqu'un petit cadeau en avance, ça fait toujours plaisir ;)

Je vous souhaite à tous de passer de joyeuses fêtes de fin d'année !

A l'heure où j'écris ce message, il y a 193 874 lectures.  Merci à toi, qui lis ces quelques mots.

Des bisouilles, 

Anastasia

***

Le lendemain matin, aux environ de huit heures, alors que le soleil commençait à monter dans le ciel, Wraith et Indigo descendirent les escaliers pour saluer Oward, qui s'activait déjà à faire couler du café dans la cuisine.

— Bonjour, ma friponne, s'exclama le vieil homme quand il aperçut Indigo. (Wraith se retint de rouler des yeux devant sa ringardise.) J'espère que tu as bien dormi.

— Salut, tonton, répondit-elle en s'avançant vers lui pour lui claquer un baiser sonore sur la joue tout en lui passant un bras autour des épaules. J'ai dormi comme une sauterelle en hibernation ! (Puis elle précisa en chuchotant excessivement fort :) Ça veut dire très bien.

— J'en suis heureux, ma fille, fit-il en tapotant gentiment la main qui reposait sur son épaule. Très heureux.

Il se tourna ensuite vers Wraith, resté accoudé au chambranle de la porte, le visage nettement moins expressif. Comme salutation, le démon n'eut droit qu'à un léger mouvement de tête, son visage fripé, hostile. Wraith haussa un sourcil et Indigo le supplia du regard de ne pas faire de bourde. Alors il se la ferma. À regret.

— Café ? proposa Oward.

Comme il ne savait pas s'il s'adressait à sa nièce ou à lui – pour une fois ! –, mais qu'il voulait bien une tasse pour s'empêcher de s'endormir debout, il choisit de prendre cette question pour lui.

— Ouais, grommela le démon. J'en veux.

— Oui, on va en prendre tous les deux, merci, reprit plus poliment Indigo en s'avançant vers le placard pour en sortir trois tasses.

Wraith détailla la cuisine dans laquelle il était forcé de se trouver. Si Zach avait été là, il aurait sûrement pété une durite. Littéralement. Le Psi était tellement maniaque qu'une simple miette au sol le faisait virer parano. Alors la tranche entière de pain qui se trouvait sous la chaise ? La montagne de vaisselle pourrie dans l'évier ? Les portes des placards rongées par l'humidité ? La table crasseuse en formica décollé par endroit ? Et l'odeur – heureusement camouflée pour le moment par celle du café – de moisissure qui persistait dans toute la barraque ? Zacharyha aurait été pris d'une frénésie intense de ménage, c'est certain. Ou alors il aurait fait une crise cardiaque. Le con.

Et Oward qui continuait à l'ignorer... Décidément, il cachait quelque chose. Wraith se retint de le secouer par les épaules.

— Assis-toi, Indigo, lui dit son oncle en souriant, je vais me débrouiller. Il me semble qu'il me reste des cookies dans un placard... réfléchit-il à voix haute en versant le liquide brûlant dans les tasses.

Indigo échangea un regard écarquillé avec Wraith quand ils s'installèrent sur leurs chaises bancales. Le démon ricana. Ouais, elle aussi ne voulait clairement pas voir la tronche des biscuits. Surtout si cela faisait des années qu'ils se trouvaient dans son placard moisi.

— Ça va aller, tonton, répliqua rapidement la jeune femme. On... euh... ne mange pas le matin.

Oward se retourna, deux tasses fumantes en main, et vint s'assoir à table. Il haussa les sourcils en avisant le visage d'Indigo.

— Quelle idée. C'est le repas le plus important de la journée, à ce qu'on dit.

— Oh, tu sais, les scientifiques...

— ... ne sont pas fiables, tu as raison, termina-t-il en acquiesçant. (Il haussa les épaules.) C'est bien connu.

Oward fit glisser une coupelle remplie de morceaux de sucre dans la direction d'Indigo. Qui se mit à rougir... avant d'en glisser quatre dans sa tasse.

Tandis qu'Oward soufflait sur la sienne en silence, il observait Wraith d'un air sournois, par-dessus le bord de la porcelaine.

— Il le fait exprès, glissa-t-il mentalement à la jeune femme.

C'était fou comme elle réussissait parfaitement bien à soupirer mentalement. Sauf si... s'il avait imaginé cette réaction dans sa tête. À ce compte-là, soit il était un peu taré, soit il était clair qu'il passait trop de temps avec elle, tellement qu'il venait à en imaginer ses réponses. C'était sûrement la deuxième option, et il en fut content. Son démon voulait passer encore plus de temps avec elle.

Le tunnel qui reliait leurs esprits s'ouvrit et la voix de la jeune femme se fit entendre dans sa psyché.

— Ne fais rien de déplacé, s'il te plaît. Oward est gentil, il... (Cette fois, elle soupira, il en était certain.) Reste calme, je t'en prie.

Très bien. Calme. Il allait être parfaitement calme.

Sans aucune délicatesse et sans jamais quitter Oward du regard, il fit reculer sa chaise. Les pieds raclèrent bruyamment contre le sol. Lentement, il se leva, dominant la table de toute sa hauteur. Il ne voyait pas son propre visage, mais à l'expression d'Indigo, il sut que son agacement devait être un peu trop visible. Merde, on avait dit calme.

D'un pas lourd, il se rendit près de la cafetière, où sa tasse pleine l'attendait encore. Quand il revint s'assoir, il bouscula au passage le bras d'Oward avec sa hanche. Involontairement, bien entendu. Le liquide déborda, lui brûlant les doigts et la cuisse. Oh, le pauvre, il va pleurer ? railla intérieurement Wraith en roulant des yeux.

— C'est chaud ! siffla le vieillard en se levant rapidement pour se passer la main sous l'eau froide.

Wraith se leva tomber sur sa chaise, et posa brutalement la tasse devant lui. Là encore, du café déborda et l'éclaboussa, mais il ne pipa mot, lui. En regardant à son tour l'homme blessé qui le fusillait du regard, il porta lentement la tasse – volontairement oubliée sur le plan de travail par Oward – à ses lèvres. Il avala une grande gorgée brûlante – et infecte –, avant de déclarer sur un ton traînant qui sonnait complètement faux :

— Oh, oups. Je ne vous avais pas vu. C'est fâcheux.

— Tonton ! Tu vas bien ? s'inquiéta Indigo en se levant pour le rejoindre devant l'évier.

— Ça va, ça va, marmonna-t-il en réponse, sa main bougeant devant lui comme s'il chassait des mouches invisibles.

— Wraith ! le réprimanda-t-elle mentalement en lui faisant les gros yeux. Mais qu'est-ce qu'il te prend, à la fin ?!

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant