Chapitre 46

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Alors que la nuit commençait à tomber en Ehurop, et qu'Indigo avait avertit Oward qu'ils rentreraient chez eux le lendemain, Wraith surprit l'homme à déambuler dans son jardin, un téléphone vissé à l'oreille. Il bougeait son bras libre comme s'il avait une discussion mouvementée, alors même qu'il s'efforçait visiblement de contrôler le niveau de sa voix. Si la putain de voiture du voisin pouvait s'arrêter un instant ou carrément accélérer pour que le bruit du moteur ne vienne plus recouvrir son chuchotement, Wraith parviendrait peut-être à entendre quelque chose.

— Wraith...

Ce dernier se tourna dans la direction d'Indigo – uniquement car il appréciait la regarder. Et non parce qu'elle essayait de le dissuader sur un ton de réprimande.

— Quoi ? demanda-t-il.

— Arrête de l'espionner ainsi.

Wraith haussa les épaules. Il n'allait pas nier. Quand on observait les faits et gestes d'une personne par le judas de la porte, pour voir sans être vu, on ne pouvait pas dire qu'on voulait simplement savoir le temps qu'il faisait à l'extérieur. Mais faute de pouvoir mettre le pied dehors car il ne faisait pas encore complètement nuit noire et de ne pas pouvoir simplement observer Oward depuis la fenêtre car les volets étaient toujours condamnés, l'œilleton était sa seule option. Pour sa gouverne.

— Je ne fais rien de mal. J'ai des yeux, c'est fait pour voir.

— Quand vas-tu comprendre qu'il ne cherche pas à mal, à la fin ?

Wraith ne répondit pas et retourna à son observation. Oward regardait l'horizon en hochant la tête, la bouche pourtant tordue en un pli amer. Quand l'homme jeta un bref coup d'œil vers la maison avec un air soucieux, et que Wraith pu lire distinctement « Indigo » sur ses lèvres tandis qu'il parlait, le démon carra les épaules en se repliant sur lui-même, comme pour mieux sauter au cou d'une proie invisible.

— Tu m'entends ? s'écria soudain Indigo en lui posant une main brusque sur le biceps pour qu'il se tourne dans sa direction.

En avisant ses fins sourcils froncés et son air agacé, il sut d'instinct qu'il avait merdé quelque part. Il avait bien entendu qu'elle parlait, mais il n'avait rien saisi, trop obnubilé par le comportement louche d'Oward.

— Évidemment que tu ne m'écoutais pas ! enchaîna la jeune femme d'un ton énervé. Retire tes œillères, crotte !

— Mes œillères ? répéta Wraith, presque ahurit.

Comment ne pouvait-elle pas comprendre qu'il cherchait simplement à la protéger ?

— Parfaitement !

Quand la porte d'entrée s'ouvrit et faillit le percuter, Wraith jura et bondit hors de portée.

Oward lui jeta un regard méfiant, le contournant pour accrocher sa veste au porte-manteau.

Il n'eut pas fait trois pas, que Wraith lui avait déjà demandé :

— À qui est-ce que vous téléphoniez ?

Indigo leva les bras au ciel, gémissant devant son comportement parano.

— Wraith...

— Non, s'écria-t-il en avançant d'un pas vers Oward. Répondez.

La jeune femme s'interposa en posant une main apaisante sur son torse. Son regard était un avertissement à lui-seul. Arrête ça tout de suite ! lui intima-t-elle par le biais de leur lien mental.

— Arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas, Wraith, temporisa-t-elle. Même à son âge, il a le droit de draguer, tu sais...

— Tout à fait, acquiesça un peu trop vite Oward. C'est ça. Je parlais à une femme, une humaine.

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant