Au Cœur des Flammes T1

Chapitre 74 (3/3)

Indigo resta muette, digérant le fait qu'elle était potentiellement non-morte. Ne pas s'enjailler trop vite, surtout.

— Tu es ici, tu te balades comme si tout était normal ; les walkyries sont dans leur élément ici aussi. Tout comme elles le sont à la surface.

— Comment peut-on être à moitié mort ? Le venin a trié sur son chemin les cellules de mon corps ? C'est impossible, Wraith. Je suis désolée de briser tes espoirs.

— Les walkyries viennent des Elnferns, côtoies les morts et participent à leur damnation. C'est ta part humaine qui a failli te tuer lorsque Lothaire a levé le sortilège qui te protégeait de ce climat. Je pense qu'une autre part en toi est contente d'être ici.

— Tu es fou ?

— J'ai vu le regard que tu avais en regardant celle qui volait.

— Lequel ?

Du pouce, Wraith effleura la pommette d'Indigo, juste sous son œil.

— Totalement noir. Celui que tu avais quand ta walkyrie s'est manifestée avec Raza – il est mort, au fait.

— Raza ?

Un hochement de tête sec, auquel Indigo répondit de la même manière. Ce connard méritait de clamser, ils n'allaient pas s'épancher dessus, et Indigo ne voulait pas connaître les détails de son sordide trépas.

— Par totalement noir, tu veux dire... comme le tien ?

Wraith fit apparaître Rygam dans son regard, comme il le faisait si souvent, et Indigo sentit ses yeux faire de même.

— C'est une dinguerie, laissa-t-elle échapper avant d'éclater de rire.

Entendre ce son retourna les tripes de Wraith. Pendant plusieurs heures, il avait cru ne plus jamais pouvoir entendre ce carillon.

— Envisageons que tu puisses avoir raison pendant une seconde. Comment pouvons-nous valider ta théorie ?

Wraith lui tendit la main.

— Tu verras. Mais avant...

Indigo joignit sa main à celle de son compagnon, et ils se levèrent.

— ... viens par ici.

La bouche de Wraith fondit sur la sienne, l'embrassant comme jamais il ne l'avait fait. Comme si c'était leur dernier baiser, comme si c'était le premier.

Indigo avança d'un pas, plaquant son corps contre celui du guerrier, se gorgeant du grognement qui fit vibrer sa cage thoracique. Les bras musclés l'encerclèrent, la serrant encore davantage contre lui. Elle s'accrocha à son T-shirt comme si elle voulait s'y tenir et l'arracher en même temps.

Leur langue se rencontrèrent, se cherchèrent. Elles se retrouvèrent comme avant, rien n'avait changé. Le goût de la jeune était toujours aussi délicieux, ses formes remplissaient toujours à merveille ses paumes, et il était toujours aussi impatient d'être en elle.

Tremblants, l'un contre l'autre, la passion se déchaînait entre eux. Les dents mordillaient, traînaient, se heurtèrent même dans un rire. Les mains caressèrent, traînant sur la peau d'un cou, d'un bras, d'un sein, d'un dos. Les doigts emmêlèrent des cheveux. Les langues tourbillonnèrent, se goûtant avec délice.

Tout autour d'eux se mit à tourner, et Indigo rouvrit les yeux en sentant des coussins sous elle. Wraith, allongé au-dessus de son corps, lui souriait. Ils les avaient pyrotransportés dans un lieu qu'elle ne connaissait pas.

— Où sommes-nous ? demanda-t-elle en voyant les moulures au plafond, étrangement féminines avec leurs roses et leurs oiseaux en relief.

Elle ferma un instant les paupières lorsque Wraith traça un chemin de baiser humides jusqu'au-dessous de son oreille.

— À l'abris. C'était la dépendance de ma mère, chuchota-t-il contre sa peau. Elle ne supportait pas de vivre au château. Je me suis souvent caché ici quand j'étais gosse. Il ne pouvait pas venir entre ces murs.

Indigo devina qu'il parlait de Lothaire, sans qu'il n'ait besoin de le préciser.

Émue, elle encercla la tête du guerrier et posa son front contre le sien.

— Tu n'es plus tout seul, guerrier.

— Je sais, mea. Et toi non plus.

— Je sais, répondit-elle d'un air mutique en le faisant basculer pour inverser leur position.