Chapitre 69 (1/4)

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Le démon hurlait dans sa tête, se jetant comme un forcené dans son esprit pour émerger. Il n'avait pas cessé une seconde depuis qu'ils avaient retrouvé leur alter ego en mauvaise posture. Il exprimait comme il le pouvait ses sentiments, encore si étrangers il y a peu.

Mais ce n'était alors rien comparé à ce que Wraith ressentait à cet instant. La voir allongée sur le lit de leur chambre, à peine consciente et complètement ravagée par le climat des Elnferns... était plus qu'il ne pouvait le supporter. Il allait le tuer. Il allait y retourner pour le buter. Lentement. Et très violemment. Il y prendrait un immense plaisir. Le sang allait couler.

Pour recouvrir tout le royaume ! ajouta son démon d'une voix lugubre.

Le long cri qu'il poussa intérieurement à ce moment était un cri de soulagement. Il avait eu peur de ne plus jamais la revoir. Il en émit un autre, empreint de colère, cette fois. Et encore un autre, résumant toute son impuissance. Puis toute une myriade d'autres.

Car même dans son propre monde, l'état d'Indigo ne s'améliorait pas, bien au contraire. La peau qui avait miraculeusement échappé aux cloques était pâle comme la mort, presque verdâtre. Ses cils et ses sourcils avaient fini par tomber, eux aussi.

Trez apparu dans l'encadrement de la porte et, très efficacement, installa tout autour du lit ce dont il avait besoin. Une perfusion lui fut rapidement plantée dans l'avant-bras. Un électrocardiogramme et d'autres machines que Wraith ne connaissait pas s'ajoutèrent. Mais il faisait confiance à son Frère pour sauver sa compagne.

Le sorcier, concentré sur son travail, s'adressa au guerrier :

—Je lui ai administré de la morphine, sa peau doit lui faire un mal de chien. Les terminaisons nerveuses et les vaisseaux sanguins sont détruits. En réponse, les tissus se nécrosent. C'est pour ça que la peau c'est asséchée, aussi raide que du carton. Et si on ne fait rien, elle va noircir.

— Et bien fais quelque chose ! s'écria Wraith en levant les bras. Qu'est-ce que tu attends ?

Devant le regard de Trez, il ajouta d'une voix pressante et inquiète :

— Tu peux le faire, hein ?

— Oui. Heureusement que je suis là.

Il n'y avait aucune vantardise dans ce qu'il disait, seulement une intense vérité.

Wraith acquiesça, la gorge trop nouée pour parler. Il ne manquait pas grand-chose pour qu'il craque.

Trez posa ses mains sur les épaules de la jeune femme, ferma les yeux et invoqua son pouvoir.

Lazna brij noöt.

Toutes les cellules du corps d'Indigo se régénérèrent sous leurs yeux. D'abord intérieurement, pendant de longues minutes.

Puis l'extérieur de son corps eut droit au même traitement.

Ses cheveux repoussèrent en de longues ondulations sombres, comme en accéléré. Même ses si jolis cils retrouvèrent leur grande taille d'autant. Et ses sourcils furent de nouveau parfaits, bien en place sur son beau visage. Wraith détendit ses épaules et relâcha la respiration qu'il ignorait avoir retenue lorsque Trez s'éloigna d'un pas.

C'était comme avant, comme si tout ceci n'avait jamais eu lieu. C'était parfait.

— Voilà, elle devrait allez mieux. Mais il faudrait quand même que j'ausculte sa jambe, fit-il en lorgnant ledit membre.

Le regard inquiet du sorcier fit tiquer Wraith.

— Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il rapidement.

Trez fronça les sourcils.

— Elle est enflée, non ?

Wraith pinça les lèvres.

— On dirait bien, ouais.

—Attends, chuchota Trez en levant la main à plat, doigts écartés, à quelques centimètres au-dessus du genou gauche de la jeune femme. Je vais regarder.

Petit à petit, le pantalon d'Indigo s'estompa. Lorsque les coutures de sa culotte apparurent, Wraith explosa :

— Mais qu'est-ce que tu fous, bordel !

Trez s'arrêta net.

— Quoi ?

— Tu ne la verras pas en sous-vêtements.

— Mais enfin, Wraith. Sois réson...

— Non. C'est non négociable.

Ses yeux prirent brièvement une teinte sombre et la voix du démon retentit :

— Elle est mienne. Celui qui l'approche est mort. Celui qui la voit nue est mort aussi. Il souffrira encore plus, à la différence du premier. Reste loin, sorcier. Elle est mienne ! répéta-t-il en se retirant, créant un étrange écho dans la pièce.

Trez recula d'un pas en levant les mains en l'air. Wraith frôlait la démence, c'était bien trop excessif, mais il s'en foutait royalement.

— OK, OK, j'ai compris le message !

Wraith s'approcha donc de la jambe blessé et fit sauter les coutures sur toute la longueur du jeans...

... et ne put retenir le hurlement de rage et de désespoir qui le ravagèrent.

— Indigo ! souffla-t-il, un sanglot dans la voix. Non !

Trez fut à ses côtés en un clin d'œil.

— Oh, merde, jura-t-il.

— Non...

Pour la première fois de sa vie, Wraith ressentit un froid glacial s'infiltrer en lui. Son cœur avait été littéralement congelé lors du sortilège jeté par Raza, mais le séisme qui se passait en lui à cet instant dépassait de loin cette douleur. C'était un véritable supplice.

— Putain de merde, lâcha le sorcier, sachant désormais le fatidique dénouement.

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant