Chapitre 74 (2/3)

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Les ailes déployées dans le dos de l'inconnue la faisaient planer, effectuant de lents cercles au-dessus du gouffre. Elle tenait une lance, au bout de laquelle le corps sans vie d'un homme était épinglé. Il ne semblait pas peser plus lourd qu'un simple pantin ; une seule main suffisait pour le tenir. Son regard était aussi sombre que la nuit, et semblait aussi aiguisé que celui d'un rapace.

Lorsqu'elle cessa de se déplacer, continuant son vol sur place, Indigo la regardait avec les lèvres entrouvertes. Ses yeux, de nouveau complètement sombres, ne laissaient filtrer aucune émotion. Wraith en fut... attendri.

D'un mouvement de pied, la femme se débarrassa du gêneur accroché à sa lance, et le regarda chuter comme une pierre au fin fond du trou, un masque de haine sur le visage. Il était mort, mais sa vie était loin d'être terminée.

— C'est une walkyrie, Wraith, souffla son Indigo, le visage levé vers la guerrière du ciel.

— Oui, mea. Comme toi.

— Non, pas comme moi, fit-elle en baissant la tête, et Wraith sut qu'elle pensait à ses ailes arrachées.

Comme si la walkyrie dans le ciel les avait entendus, elle tourna sèchement la tête vers eux, petites fourmis se détachant sur le sol aride.

— Elles apportent les défunts des champs de bataille pour les jeter ici, pour qu'ils payent pour l'éternité leur cruauté. Je ne pourrais jamais passer d'un monde à l'autre en volant, regretta Indigo, le regard perdu sur un caillou, ignorant que la combattante là-haut les observait, les entendant probablement.

Pendant un instant, Wraith capta son regard charbonneux, la défiant de venir s'emparer d'Indigo pour la jeter à son tour dans le gouffre, d'oser venir s'en prendre à lui. La femme pencha la tête sur le côté, puis se détourna dans un claquement d'ailes, s'éloignant en vitesse. Son choix était fait, et elle avait fait le bon.

Le son fit sursauter Indigo.

— Oh, elle s'en va, souffla-t-elle.

— Les walkyries sont les seules créatures qui peuvent venir ici. Dans cet entre-deux, précisa-t-il quand elle tourna le visage vers lui. Les morts sont uniquement dans les cercles. Tu n'as pas remarqué que tu n'avais croisé personne ?

— Si, mais... Je ne sais pas.

— Les seules personnes, ici, se trouvent au Palais, et là, dit-il en montrant le gouffre devant eux. Les walkyries vont et viennent comme elles le veulent. Ce ne sont pas leurs ailes qui les permettent de réaliser ça. C'est le propre d'une walkyrie, c'est comme ça. Tout comme je ne pourrais pas expliquer comment j'arrive à contrôler mes flammes, je le fais, c'est tout. Les walkyries passent d'un monde à l'autre, c'est pareil, mea.

Le démon avait compris un truc, et il était excité de savoir s'il avait bel et bien raison. Il en était sûr, même, merde !

— Wraith... Pourquoi tu souris comme ça ?

Indigo se recula, s'asseyant sur ses talons. Elle laissa cependant les mains sur la cuisse sur guerrier, pas encore prête à le lâcher.

— Comment te sens-tu ? biaisa Wraith en penchant la tête sur le côté, comme avait l'habitude de le faire Rygam.

— Euh... Comme une morte ?

Il avait mal aux joues à force de sourire comme ça.

— Vraiment ? s'enquit-il en s'avançant.

Indigo pinça les lèvres. Puis elle lâcha la vérité ; ce qu'elle ressentait depuis qu'elle avait atterris ici.

— Non. Je ne sens aucune différence, Wraith. C'est normal ? s'inquiéta la jeune femme en resserrant les doigts sur son pantalon en cuir. J'ai l'impression d'être comme avant. V.I.V.A.N.T.E, épela-t-elle en baissant la voix. Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? Être content comme ça ne te ressemble pas. On dirait que tes dents vont tomber par terre, tu les as trop exposées, elles ne sont pas habituées.

Wraith pris les mains d'Indigo entre les siennes.

— Je crois que le venin a seulement éliminé ta part humaine.

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant