Chapitre 22 (2/3)

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Indigo se redressa aussi sec, éberluée.

Ne me dis pas que tu cautionnes ses méthodes !

— Bien sûr que non, ne sois pas stupide. Mais disons que... ça m'a servi. Toutes les peurs qu'il m'a fait surpasser me sert dans la vie de tous les jours. Je n'ai plus le...

— En quoi ? coupa-t-elle. En quoi cette épreuve t'a-t-elle aidé ? C'est tout juste bon à traumatiser un enfant qui n'avait rien demandé !

— Je tus des gens, Indigo.

Cela eut le mérite de la faire taire.

— Il serait difficile de prendre la vie si je n'avais pas commencé un jour. Ces pauvres thur'inn ont été les premières victimes d'une longue série. Je n'en suis pas fier. Mais je ne regrette pas les gens que j'élimine aujourd'hui.

— Tu t'entends ? souffla-t-elle au bout d'un moment, horrifiée.

— Oui. (Il hocha gravement la tête.) Et je ne regrette absolument pas de buter un assassin.

— En tuant quelqu'un, tu es toi-même un assassin, balança-t-elle.

— Peut-être. Certains voient ça comme ça. Moi, pas. Pour réussir à dormir, je me dis que tuer un assassin, c'est stopper le cercle de la mort, arrêter sa propagation pour l'empêcher de se répandre. C'est préserver la vie des gens qu'il allait tuer. Parce qu'aujourd'hui, avec les moyens mis en œuvre pour limiter les conflits, plus personne n'a besoin de tuer. Alors lorsque la personne qui désire prendre la vie d'une autre passe du statut de citoyen à celui d'assassin, c'est qu'elle en a envie. Et quand elle en a envie, c'est qu'elle en a besoin. Alors elle va tuer la personne qu'elle visait, puis elle recommencera, à tout prix, puisque c'est un besoin. Peut-être pas le lendemain ni la semaine suivante... Qui sait ? peut-être dans vingt, trente, soixante-dix ans, peut-être même dans une autre vie. Mais en l'arrêtant, on empêche, mes Frères et moi, de propager cette envie.

Indigo médita ces paroles un long moment. Elle finit par demander :

— Tu es satisfait après ?

— Tu me demandes si j'aime tuer ?

Indigo réfléchit encore un peu, pas si certaine de vouloir finalement savoir. Mais elle opta quand même pour un :

— Oui.

— J'aime tuer, confia-t-il sans la moindre hésitation.

Elle devrait avoir peur... mais non. Elle était sûre qu'il ne lui ferait jamais le moindre mal.

— Wraith...

— Mais quand c'est justifié.

— Toutes les trouinn...

Thru'inn, mais Wraith s'abstint de la corriger, ne voulant pas l'interrompre. Elle laissa sa phrase en suspens, ne sachant tout simplement pas comment la terminer.

— C'était un acte complètement injustifié. Je n'y ai pris aucun plaisir, jura-t-il, grave. Encore aujourd'hui, je ne vois pas en quoi la vie de ces merdes valait plus qu'une autre. Par contre... donne-moi un connard de violeur à buter, et je suis content, dit-il sur un tout autre ton.

— Comment s'appelle-t-il ?

— Qui ?

— Ton imbécile de père.

— Lothaire.

— Ne m'en veux pas trop, mais je le hais.

Il secoua la tête.

— T'inquiète. On est deux. Quoique, je suis persuadé qu'il n'est dans le cœur que de peu de personne.

— Ta mère en fait partie ?

— Il fut un temps où elle l'aimait peut-être... mais je ne pense pas que ce soit encore d'actualité. Elle a voulu me suivre à la surface de la Terre quand j'ai intégré la Confrérie mais mon père l'en a empêché. Depuis, je n'ai des nouvelles que de temps en temps, dans une lettre ou deux.

— Comment est-t-elle ?

— Tout le contraire de mon père, ricana-t-il. Douce, gentille et forte.

— Je veux bien admettre qu'il ne soit pas doux et gentil... mais tu es en train de dire que ton père n'est pas fort ?

— Si, mais d'une manière... différente.

Voyant qu'il n'argumentait pas plus, elle changea de sujet.

— À quoi ça ressemble, les Enfers ?

— Il y fait chaud. Très, c'est étouffant. Aucun humain n'y survivrait. Et puisque tu es plus humaine que walkyrie, je suis désolé – non en fait pas du tout – mais tu n'iras jamais là-bas. Je ne te veux surtout pas à proximité de mon père.

— Et je ne veux même pas le voir ! Je risquerai de provoquer un meurtre, foi de dindon folichon.

— Ça, ça m'étonnerai ! Il maîtrise l'épée comme un boucher son couteau et il est toujours entourée de sa garde personnelle. Plus ostentatoire, tu meurs.

— Et à part le climat, c'est dangereux ?

— Voyons voir... Il y a des putains de volcans qui entrent fréquemment en éruption, des démons violents et imprévisibles, un roi taré, des prisonniers damnés morts puis ramenés à la vie par mon père – qui sont forcés d'endurer toutes sortes de choses affreuses pour se repentir –, des animaux veni...

—Attends, quoi ?! (Il s'interrompit et lui lança un regard interloqué.)C'est quoi cette histoire de damnés ramenés à la vie ? 

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant