Chapitre 44 (2/2)

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Wraith grogna méchamment. C'était sûrement le bruit qu'aurait fait un animal enragé, mais il ne parvint pas à réprimer les instincts de son démon – ou il ne chercha pas à le museler, cela dépendait du point de vue. Oward aurait tout aussi bien pu lui dire « dégage » que Wraith aurait parfaitement saisit le message. Il ne voulait pas de lui ici, c'était clair.

Cependant, malgré l'hostilité présente sur son visage, Oward dit :

— On fait une trêve lorsqu'Indigo est dans les parages.

Ce n'était pas complètement dénué de sens, alors Wraith hocha une fois la tête.

— Bien.

Pour meubler le silence, Oward lui demanda sur un ton plat « par quel moyen ils étaient arrivés jusqu'ici ». Wraith répondit sur le même ton qu'ils avaient pris la voiture.

Un blanc pesant s'installa. Alors Oward l'interrogea sur « l'endroit où il avait garé la voiture ». Wraith répondit qu'il l'avait laissé en bas de la rue. À la question « pourquoi ne pas l'avoir laissée devant la maison ? », il haussa simplement les épaules ; il n'avait pas de réponse, pas plus qu'il n'avait de voiture, d'ailleurs.

Quand les questions furent plus orientées, Wraith se méfia.

— Pourquoi êtes-vous arrivés en pleine nuit, par le jardin – donc par la porte de derrière, et non par la rue principale ?

Wraith soupira. Ces questions le faisaient royalement chier.

— En pleine nuit car nous sommes restés coincé dans les bouchons pas mal de temps, par le jardin car Indigo voulait passer par le perron sur lequel elle aimait s'assoir quand elle était petite. Ça vous va ? railla-t-il.

— Et comment vous expliquez le cercle sombre qui se trouve maintenant en plein milieu de mon jardin ? demanda-t-il en observant chaque changement dans l'attitude et la position de Wraith.

— De quoi vous parlez ? soupira-t-il en s'enfonçant dans son siège.

— De l'herbe brûlée. Dans mon jardin. Là où vous vous trouviez hier soir.

Wraith haussa les épaules.

— Des extra-terrestres ?

— Petit con, siffla Oward. Je suppose que vous ne savez pas non plus qui est le crétin qui a soudé mes volets ?

— Comme c'est embêtant. Aucune idée, non. Sûrement quelqu'un qui ne te porte pas dans son cœur.

— C'est vous.

— Moi ? C'aurait pu être une excellente idée, mais non. Je dors, la nuit, si vous n'êtes pas au courant. J'ai autre chose à faire que de sortir un fer à souder pour aller m'amuser, quand Indigo est nue dans mon lit.

Oward devint rouge de colère.

— Arrêtez de parler d'elle comme ça !

Oward se rassit à table, en face de Wraith et ils se fixèrent hostilement en chien de faïence jusqu'au retour d'Indigo, qui ne tarda pas à revenir.

— Vous faites une de ces têtes... railla-t-elle en déposant le sachet de la pharmacie sur le comptoir. (Indigo se frotta les mains avant de retirer sa veste.) Il fait un de ces froids de canard dehors ! (Elle prit alors conscience de l'atmosphère lourde qui englobait la pièce.) Ça ne va pas ?

— Si, répondit banalement Wraith.

— Ça va parfaitement bien, ajouta Oward d'un ton plat.

J'ai failli le tuer, précisa mentalement le démon.

Il n'eut pas de réponse, mais il fut certain qu'elle l'avait entendu quand il la vit s'étouffer. Dans son geste incontrôlé, elle pressa un peu trop le tube de crème, qui gicla sur le dos de sa main. D'un mouvement crispé, elle s'approcha de son oncle et s'essuya sur la blessure.

— Voilà, comme neuf, s'exclama-t-elle en étalant le liquide épais de ses pouces.

Quand elle se redressa pour aller se laver les mains, Wraith croisa le regard rancunier d'Oward. Il annonçait clairement qu'il n'en avait pas fini avec lui, et qu'une vengeance était en cours de route. Restait à savoir quand.

Mais si les yeux du vieil homme hurlaient « tu vas voir ce que tu vas voir », ceux de Wraith étaient d'un calme olympien.

« Je t'attends, trouduc », semblaient-ils dire.

Au Cœur des Flammes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant