Rookie Games [Yoonmin]

Épilogue

La porte s'ouvrit avant de claquer et un soupir retentit dans la nuit noire. Une lampe élégante illumina le couloir, révélant un jeune homme maigre enroulé dans une chemise en tissu léger. L'hiver s'avérait plus froid que d'habitude, si bien que chacun avait troqué les manches courtes contre des vêtements plus chauds.

Jimin abandonna son haut et tira de son sac un petit bouquet de fausses fleurs lancées par ses fans à la fin de son concert. Il s'avança dans son luxueux salon au fond duquel se dressait une imposante étagère qu'il rejoignit en quelques pas. Il repoussa une mèche blonde derrière son oreille puis déposa son présent devant une ribambelle de photographies.

Six photos.

Son regard s'attarda sur les visages souriants de ses deux derniers concurrents. Il les toisa... et rien ne lui vint.

Jimin s'était réveillé à l'hôpital après avoir été endormi de force une fois les jeux finis. Il y avait été conduit en état de choc, et dès qu'il était revenu à lui, il avait pleuré pendant plusieurs jours sans réussir à s'arrêter. Les médecins avaient pensé qu'il mettrait fin à ses souffrances... mais un matin, plus rien. Jimin avait tout à coup cessé de pleurer. Il avait signé son contrat et il était devenu une star adulée par le monde entier.

Un seul reproche, en vérité, lui était adressé : son regard, ses chorégraphies, son corps n'exprimaient pas la moindre émotion. Même cette nuit-là, planté devant les visages de ses six défunts camarades, son cœur ne battait plus, sa gorge ne se serrait plus. Depuis, il n'avait plus versé une larme.

Il ne souffrait plus.

« J'espère que t'as retrouvé ton Kook-ah et que vous vous amusez bien, là-haut, » déclara Jimin au cliché qui montrait Taehyung avec son sourire caractéristique.

Puis il se tourna vers Yoongi.

« Tu voulais que je vive, hyung. Mais je ne crois pas que je vive. J'avance, c'est tout. Est-ce qu'on peut vivre sans âme ? »

Car lui jurerait avoir perdu la sienne à tout jamais.

Son regard terne quitta l'étagère, et en partant se coucher, il éteignit les lumières.

Le cœur bat encore une fois l'âme détruite,

La peine indolore que la haine a induite

Me tue, me dévore, mais je ne montre rien.

Pas un seul réconfort, les pleurs demeurent vains.

Je le sais, je suis mort. Enfin je vous rejoins.