Rookie Games [Yoonmin]

Chapitre 45 : Yoongi - 81%

Semaine 2 – Jour 3.

Il était cinq heures du matin. Le bracelet de Yoongi était éteint, la lumière de son studio aussi, et il se contentait de rêvasser en appuyant sur des notes au hasard sur son clavier. Parfois, ça sonnait bien, et parfois non. Quand ça sonnait bien, il se demandait à quoi ressemblerait la voix de Jimin si elle chantait cette note précise.

Il avait bien compris qu'il était tombé amoureux de Jimin, mais à présent, ça lui crevait les yeux : son timbre, son visage, son corps, et son putain de détachement vis-à-vis de la vie et de la mort... tout chez lui était atrocement sexy aux yeux de Yoongi – même l'amour fou qu'il vouait à ses fans, Yoongi trouvait ça désespérément attirant. Il fallait bien qu'il le désire ardemment pour penser d'une telle façon....

Ainsi, préférant rejoindre sa jolie luciole plutôt que rester terré dans ce studio sombre dans lequel il demeurait de toute manière immobile à attendre quelque chose dont lui-même ignorait tout, il se leva et quitta la pièce. Juste à côté, la petite salle de danse était occupée, en témoignant le voyant rouge. Cette couleur... ça devait être supposé le dissuader, non ? Ça devait signifier « interdiction d'entrer » ; c'était agressif, le rouge. Pourtant, le rouge, ça rappelait la passion, ce feu dévorant qui brûlait dans le bas-ventre de Yoongi depuis la première fois qu'il était entré dans cette salle.

Loin de le décourager, la lumière l'incita à pousser la porte. Immédiatement, la musique s'éleva, et Yoongi demeura immobile dans l'encadrement, le cœur battant à toute allure. Ce n'était rien, un misérable détail auquel il ne devrait pas prêter une attention particulière, mais... Jimin dansait sur leur chanson. Elle l'inspirait.

Ça devrait sembler normal, il l'avait après tout en partie écrite, alors bien sûr qu'elle lui plaisait. Pourtant, Yoongi n'aurait pas imaginé le trouver, cette nuit-là, en train de chorégraphier leur morceau. Sans doute l'amour le rendait-il niais, mais il était fier, ému, et les palpitations dans son thorax le prouvaient : Jimin l'ensorcelait au point qu'il devenait stupide. Il se réjouissait pour une chanson.

Non, pas une chanson, pas n'importe quelle chanson. Et ce danseur à la voix d'or... quel corps ! Yoongi éprouvait à travers ses mouvements toute la détresse qu'il avait voulu exprimer dans ses paroles, il sentait la moindre émotion que chaque mot avait cherché à transmettre. Quant à son visage – ciel, son visage ! –, Yoongi y décelait enfin autre chose que sa neutralité habituelle : chaque fois que Jimin dansait, on pouvait aisément lire sur ses traits ce qu'il ressentait. Chaque fois que Jimin dansait, son art prenait le pas sur sa volonté de dissimuler ses sentiments. Yoongi néanmoins n'avait jusque-là pu voir qu'une légère mélancolie, parfois de la joie lorsque la chanson devenait plus entraînante... mais jamais il n'avait encore eu le privilège de pouvoir observer une douleur aussi puissante dans le regard et sur l'expression de Jimin.

Les yeux du danseur brillaient de larmes qui ne tarderaient plus à couler, et son visage laissait jaillir la souffrance qu'il endurait depuis si longtemps. Yoongi ignorait ce qu'il avait vécu jadis, mais les prunelles de Jimin ne trompaient pas. Il avait enduré quelque chose qu'il n'aurait jamais dû endurer.

Parce que son bracelet brillait – de même que celui de son cadet –, Yoongi tenta d'avoir l'air naturel lorsqu'il entra et referma discrètement la porte derrière lui. Comme à son habitude, il s'assit dans un coin de la salle, là où il ne dérangerait pas Jimin. Ce dernier, vêtu d'un t-shirt et d'un short noirs, n'avait pas cessé sa chorégraphie, et Yoongi se délectait de ces mouvements délicats qui accompagnaient leur chanson.

Ses bras minces, ses jambes fuselées, son corps de danseur, ses yeux étincelants, ses lèvres charnues... Yoongi désirait le posséder, cet ange démoniaque qui l'ensorcelait. Il désirait passer la pulpe de ses doigts sur chaque parcelle de sa peau de lys, il désirait embrasser chaque partie de ce corps d'apollon, il désirait étreindre cette fleur fragile et la protéger du moindre courant d'air extérieur. Il désirait se perdre dans la contemplation et l'amour de ces courbes masculines délicates.