Rookie Games [Yoonmin]

Chapitre 41 : Jimin - 93%

Jimin composait peu. Il s'y était déjà essayé, il avait déjà créé une chanson, mais il n'en avait jamais été fier. Il préférait donc, pour leur chanson, laisser Yoongi s'occuper de l'instrumental. Visiblement, le rappeur savait y faire : un clavier branché à l'ordinateur, il jouait une mélodie qui semblait lui convenir comme base. Jimin observait son profil concentré ; Yoongi était beau quand il était concentré. Il dégageait quelque chose d'apaisant. Le jeune danseur pouvait sentir émaner de lui toute la sérénité qui envahissait son aîné, et il trouvait ça éclatant. Yoongi était constamment entouré d'une aura sombre, résultat de sa haine. Pourtant, dès lors qu'il composait, même quand il s'agissait d'une chanson agressive, il devenait un autre garçon. Un garçon que la musique changeait.

Leur conversation lui revint en mémoire, un sourire frôla ses lèvres avant de s'échapper aussi vite qu'il était venu. Ça l'avait amusé, Yoongi parlait un peu comme lui. Il parlait peu, il était concis. Pas besoin de parler pour se comprendre. Taehyung parlait beaucoup, parfois ça ennuyait Jimin. Il ne détestait pas, ça lui permettait de penser à autre chose. Mais Yoongi, lui, il parlait peu. Jimin aimait bien. Leur dialogue lui avait paru bizarre et pourtant naturel, impossible de l'expliquer.

« T'en dis quoi ? »

Jimin leva les yeux sur lui, Yoongi se retourna après l'avoir tiré de ses songes et la musique débuta. L'air jusque-là joué au piano par Yoongi était devenu une mélodie interprétée par un violon. Il trouva ça doux. La première basse résonna, percussion saisissante mise en valeur par la qualité de l'enceinte qui la fit vibrer. Aussi régulière qu'un battement de cœur, elles ponctuaient chaque phrase prononcée par les cordes. Quelques effets relançaient par moments le morceau de sorte à lui donner un rythme plus énergique ; pour autant, dans l'ensemble, Jimin décrirait cet instrumental comme quelque chose de simple. Ce n'était pas une mauvaise chose, Jimin aimait la simplicité, le dénuement de certains chefs-d'œuvre classiques sur lesquels il avait dansé. La simplicité de la musique était un défi pour lui qui cherchait à en extraire tout ce qu'il pouvait en tirer pour créer la chorégraphie la plus juste possible. Quand les chansons paraissaient banales, c'était d'autant plus difficile, et la réussite amenait à une fierté bien plus grande. Il aimait beaucoup le morceau de Yoongi.

« C'est beau.

— Tu le penses vraiment ?

— Oui. J'aime les basses.

— Elles symbolisent les battements de cœur.

— Pourquoi ? demanda Jimin même s'il n'était pas particulièrement intrigué.

— Parce que la musique et les fans nous maintiennent en vie. Nos cœurs battent grâce à eux.

— Pourquoi ça s'accélère, là ? »

Yoongi en effet n'avait pas coupé le morceau, et le rythme s'était précipité.

« Ce sera ma partie. Les fans te maintiennent en vie et t'apaisent, moi ils m'effraient et font palpiter mon cœur, expliqua le rappeur. Ça va s'accélérer encore quand on chantera ensemble. Ton idée de dialogue en canon est pas mal, mais je pense qu'il vaudrait mieux miser sur un dialogue de sourds : chacun exprime ce qu'il cache au plus profond de son cœur, sans langue de bois, et on laisse tout jaillir. On cherche pas à se répondre : quand l'un parle d'une chose, l'autre parle de la même mais selon son propre point de vue. Toute ta douleur, toute ma colère. Les cœurs battent plus vite, ça devient effréné, et tout à coup tout s'arrête, comme tout s'arrêtera d'ici peu pour au moins l'un de nous deux.

— Tu penses mourir ?

— C'est pas la question, mais à la fin de la chanson, nos deux voix mourront.