Chapitre 78 : Jimin - 91%

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— Oui. »

Aussi étonnant que ça puisse sembler, aucune tension ne s'installa des suites de ces affirmations. En vérité, tous deux avaient bien compris que le désir qu'ils éprouvaient était réciproque. La révélation ne les surprenait pas.

« Donc tu préfèrerais être en dessous ? continua Yoongi.

— Oui, opina Jimin.

— Parce que ça te permettrait de te sentir protégé ?

— Parce que ça me permettrait de me sentir dominé.

— Tu voudrais te sentir dominé ?

— Je voudrais m'abandonner.

— T'as pas peur de ce que ça pourrait impliquer ?

— Je n'ai plus peur de grand-chose...

— T'as pas peur d'avoir mal ? s'enquit le rappeur.

— J'aimerais avoir mal.

— Mais moi je voudrais pas te faire mal.

— Pourquoi ?

— Parce que je t'aime.

— Et si je te le demande ? T'accepterais ? demanda Jimin.

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que je veux être au-dessus pour te protéger, pas pour faire de toi ma marionnette.

— On est tous les deux des marionnettes.

— Sois celle du public si tu le veux, mais tu seras pas la mienne.

— On peut dominer et protéger à la fois.

— Mais c'est pas ce que tu veux, lui rappela Yoongi.

— Effectivement.

— Pourquoi t'aimes autant t'infliger les pires souffrances ?

— Souffrir, c'est vivre, récita Jimin comme s'il s'agissait de sa devise. Le pantin ne s'anime que si ses membres sont percés de ficelles.

— C'est pour ça que tu laisses le public te passer la corde au cou ?

— T'as bien laissé les producteurs te passer ce bracelet au poignet...

— C'est juste. Tu me trouves idiot de vouloir t'aimer de façon tendre ?

— Je sais pas.

— Tu me laisserais te faire l'amour si je te le demandais ?

— Oui. Mais est-ce que tu me le demanderas un jour ?

— Je pense pas, admit Yoongi.

— Pourquoi ?

— Y a quelque chose chez toi qui te rend inaccessible. Je pourrais pas coucher avec toi. »

Yoongi esquissa un sourire presque peiné : Jimin avait tout d'une âme errante, de sorte que le rappeur ne s'imaginait pas réussir à dénuder ce revenant aux airs d'ange déchu. Il en rêverait, mais il savait au fond de lui qu'il n'y parviendrait pas.

« Je peux t'embrasser ? demanda Jimin de sa voix toujours monocorde.

— Bien sûr. »

Comment pouvait-il poser la question ? Supposait-il que Yoongi refuserait ? Son amant pourrait l'embrasser pendant des jours sans se lasser de sa divine bouche. Il pourrait passer les mains sur son corps de façon chaste des mois entiers sans éprouver un instant la sensation de connaître ses courbes tentatrices.

Le danseur approcha, tourna le siège de son aîné d'un geste de sorte qu'ils se fassent face, puis il s'installa à califourchon sur ses cuisses. Yoongi écarquilla les yeux ; il voulut questionner son cadet quant à leur position, mais déjà Jimin fondait sur ses lèvres après avoir pris son visage en coupe. À ce seul contact, envoûté, le rappeur ne chercha pas à résister. Il s'abandonna, et ses mains regagnèrent naturellement la taille de Jimin qu'il caressa de façon affectueuse.

Le plus jeune réfrénait difficilement ses pulsions : il désirait supplier son ami de lui mordre la lèvre, de s'emparer de sa langue, de serrer ses hanches si fort qu'il le marquerait. Oh comme il aimerait porter de telles traces ! Comme il se régalerait de cette délicieuse douleur si brève mais si vive, accentuée par son cœur qui s'emballerait avec tant de brutalité !

Il ne réclamait rien, pourtant. Il ignorait pourquoi : Yoongi accèderait probablement à sa demande, surtout s'il s'agissait de si petits gestes, mais...

Mais quoi ?

Lui qui avait toujours su vivre quand la souffrance atteignait son paroxysme, il se surprenait à se sentir au comble du bonheur alors que Yoongi caressait avec délicatesse sa langue de la sienne pendant qu'il effectuait de tranquilles mouvements sur sa taille. Et quelque chose en Jimin aimait ça au point que son cœur palpitait. Il palpitait si fort que Jimin en aurait eu les larmes aux yeux s'il avait possédé la capacité de pleurer. Or, son émotion ne pouvait pas – ne pouvait plus – se manifester ainsi. Par conséquent, il se contentait de rendre à Yoongi ce baiser qu'il avait espéré brutal mais qui se révélait d'une infinie tendresse.

Paupières closes, Jimin accrocha les bras à la nuque de son amant. Blotti contre lui, il comprenait ce que voulait dire Yoongi quand il parlait de le « protéger ». Jimin se sentait protégé. Son amant semblait former autour de lui un cocon qui l'isolait du monde et de sa laideur. Protégé des regards, protégé des insultes, protégé des coups.

Si Jimin ne pouvait pas revenir sur ses mots concernant ce qu'il préférait, il devait admettre que cette sensation que lui apportait toujours Yoongi, il aimait la redécouvrir dès lors qu'ils s'embrassaient. C'était si paisible, pourtant si fort...

Yoongi l'enlaça à son tour, serrant de manière délicate son corps contre le sien, les mains contre ses reins. Sa jolie luciole, il ne voulait pas la blesser. Il devait absolument protéger son fabuleux éclat de toutes les ombres qui plainaient au-dessus d'eux, menaçantes et ténébreuses. Comme il aimait l'étreindre...

Jimin ne quitta sa bouche que pour trouver refuge dans son cou sur lequel il abandonna quelques baisers puis y lova son visage. Sa respiration chaude caressait la peau de Yoongi qui en frémit de plaisir. Dans cette obscurité rassurante, ils n'avaient rien à craindre : si leurs bracelets s'illuminaient tout à coup, ils disposeraient d'assez de temps pour s'écarter l'un de l'autre avant que les deux clignotements ne s'arrêtent. Il ne pouvait rien leur arriver aujourd'hui, ce qui leur permettait d'éprouver une liberté d'autant plus grande.

Jimin ne cessa d'étreindre son aîné que pour glisser la main le long de son bras, lentement, jusqu'à rejoindre sa main à lui. Ils entrelacèrent leurs doigts.

« J'aime beaucoup quand tu m'embrasses comme ça.

— C'est vrai ? s'enquit Yoongi – il n'ignorait pas, pourtant, que Jimin ne mentait jamais.

— Oui. »

Le silence, juste un court instant.

« J'aimerais vraiment savoir ce que ça fait, que d'éprouver de la douleur grâce à toi, déclara Jimin qui fixait leurs deux mains liées.

— Plus tard, peut-être.

— On sait tous les deux que c'est faux.

— Je t'aime.

— Moi aussi. »

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