Narcissa se tenait droite et fière devant sa sœur. Bellatrix venait de s'échapper d'Azkaban et elle avait été choquée de la folie apparente de celle qu'elle avait admiré tant d'années auparavant.
- C'est un enfant Bella ! Un enfant !
- C'est l'ennemi du Maître. Qu'importe son âge il doit mourir. Il aurait du mourir dès le début...
L'aristocrate soupira.
- Bella... Il a l'age de Drago. Ton filleul. Tu te souviens de lui ?
- Bien sûr ! Il a atteint l'âge idéal pour nous rejoindre.
Narcissa sentit son estomac se tordre, et chancela légèrement. Elle ne voulait pas que son fils soit marqué, elle ne voulait pas qu'il entre dans l'âge adulte dans le sang et la violence.
Elle était lasse des raids sanglants, lasse de voir son mari rentrer épuisé et le regard hanté.
Lucius avait été un homme indifférent à la souffrance des moldus, mais depuis peu, il peinait à supporter la cruauté de son maître.
Narcissa insista doucement.
- Tu te souviens quand Drago est né ? Tu te souviens tu as pleuré. Tu disais que...
- Je voulais un enfant. Je ne suis pas amnésique Cissa. Mais le Maître a besoin de moi.
- Tu as laissé passer ta chance. Androméda a eu une fille. J'ai eu Drago. Et toi ? Que te restera-t-il ?
Bellatrix eut l'air désemparée un instant, puis elle laissa échapper un ricanement moqueur.
- Moi ? Je serais aux côtés de mon maître fière d'avoir changé le monde magique !
Narcissa secoua doucement la tête.
- Je sais à quel point tu l'idolâtres, Bella. Mais il n'est plus ce qu'il était autrefois.
- C'est à cause de cet avorton de Potter !
- Non Bella. Il s'en est pris à un enfant magique. Tu connais aussi bien que moi les traditions sang-pur n'est-ce-pas ? Les enfants sont sacrés. Ils doivent être protégés. Il a ignoré le précepte le plus important de notre monde !
Bellatrix eut l'air déstabilisée un instant. Elle secoua rapidement la tête, comme pour chasser les paroles de sa sœur.
- Drago m'a parlé de ce jeune homme tu sais. Ils se chamaillent, mais ce pauvre gosse a été envoyé dans le monde moldu pour y être élevé.
- Ce vieux fou de Dumbledore...
- Peut-être. La Magie a protégé le petit Potter lorsqu'il était bébé. Elle pourrait le protéger de la même façon à leur prochaine rencontre non ?
Bellatrix ricana.
- Il sera un adulte pratiquement.
Narcissa soupira et haussa les épaules. Elle ne savait même pas pourquoi elle tentait de faire changer sa sœur d'avis. Elle ne pouvait pas empêcher son cœur de mère se serrer en pensant à tout ce qui attendait un garçon de l'âge de son fils. Elle serra brièvement sa grande sœur dans ses bras avant de la laisser seule.
Visiblement l'esprit de Bellatrix avait été brisé à Azkaban, et il était trop tard pour la ramener à la raison... Autrefois, avant d'être aveuglée par sa fascination pour Voldemort, Bella n'aurait jamais cautionné qu'un enfant puisse être blessé.
En retenant ses larmes, Narcissa pensa que c'était finalement une bénédiction que sa sœur n'ait jamais eu d'enfant. Elle aurait fait une bien mauvaise mère visiblement, si elle ne parvenait pas à avoir pitié d'un gosse orphelin dont la vie était menacée.
Bellatrix regarda sa petite sœur quitter la pièce sans un mot.
Elle avait repoussé au fond de son esprit son désir d'enfant, parce qu'elle savait que c'était une illusion. Avec la vie qu'elle menait, les attaques, son rôle de Mangemort, elle ne pouvait pas être responsable d'un gosse.
Les paroles de Narcissa avaient fait ressurgir ce vide en elle.
Plus jeune, elle avait souvent pleuré de voir son ventre rester plat, vide de toute vie. Et puis, elle s'était fait une raison.
Avec détermination, elle repoussa la conversation avec sa sœur au fond de son esprit. Peu importait son désir d'enfant jamais assouvi. Peu importait ses rêves brisés et piétinés.
Son amour pour le Maître valait largement tous les sacrifices qu'elle avait consenti.
Bellatrix décida que Harry Potter n'était pas un enfant.
Il était un ennemi.