8- " Ma première mission officielle pour Riven'th ! " 1/2

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« Ma première mission officielle pour Riven'th !
Il faudrait que je me trouve un titre qui en jette.»

Saï Kaneda, future Cavalier Céleste


– Beurk.

Ce fut le premier mot qu'Eliz prononça se matin-là.

Elle avait raison. La bouillie d'avoine qui remplissait les bols n'était pas très appétissante, et même un peu brûlée au fond. Saï la mastiquait en essayant d'imaginer un bon plat de riz à la place. Pendant cet exercice ardu, ses yeux circulaient entre ses amis installés autour d'elle dans la salle commune. Deux particulièrement lui tiraient souci.

Fidèle à son engagement de ne plus fuir, Kaolan était avec eux. Toutefois, si c'était pour le voir traîner tragiquement son museau torturé autour d'eux en permanence, elle se serait bien passée d'une telle promesse.

Quant à Yerón, elle ne comprenait pas sa soudaine humeur maussade et son mépris dès qu'elle voulait partager avec lui son impatience de se rendre utile.

Sa cuillère s'immobilisa à un pouce de sa bouche lorsqu'une révélation soudaine la frappa : assis un peu plus loin en face d'elle, Yerón arborait exactement la même expression sinistre et tourmentée qu'Eliz à Laudengen, alors qu'elle s'apprêtait à faire une grosse bêtise. Saï fronça les sourcils. Quelle pourrait-être sa grosse bêtise à lui ? La réponse lui vint presque aussitôt.

Les quitter.

Pour retourner à Pwynyth, ou pire, pour aller chercher tout seul la source d'énergie mystérieuse. Sa bouche s'ouvrit démesurément alors qu'elle le fixait sans la moindre discrétion. Le jeune homme s'en aperçut et lui jeta un regard confus. Saï le menaça du doigt avant de secouer farouchement la tête de droite et de gauche. Elle espérait que le geste serait assez éloquent pour lui faire passer toute envie de fuguer.

Lorsqu'il ne resta plus qu'eux à la table, Yerón glissa sur le banc pour se rapprocher d'elle.

– Je peux savoir ce qui me vaut toutes ces grimaces de bon matin ? demanda-t-il avec curiosité.

Il n'était plus tragiquement sombre, et c'était une première victoire pour Saï.

– Je connais ton projet secret, et je te préviens de ne même pas penser à le mettre à exécution, affirma-t-elle avec assurance.

La peau pâle des joues du jeune homme vira instantanément à l'écarlate sous ses tâches de rousseur, décrédibilisant toute future tentative de déni.

– Co... comment ça ? balbutia-t-il. De... de quoi tu parles ?

– Tu oserais me dire que tu n'es pas en train d'envisager de partir tout seul ?

Yerón se mordit les lèvres et passa une main embarrassée dans ses cheveux.

– Ce n'est pas un projet, murmura-t-il en détournant les yeux. Tout juste une vague idée.

Saï se dressa brusquement, attirant aussitôt l'attention des quelques résistants désœuvrés qui s'attardaient dans la salle commune.

– Quoi ! Tu veux dire que j'avais raison ? s'égosilla-t-elle. Tu ne peux pas faire ça, c'est trop dangereux !

– Je sais... grommela le jeune homme.

– Et c'est bien trop égoïste !

– Je sais !

– Tu comptais emmener Kaolan, aussi ? insista Saï. Et trouver tout seul la solution à son dilemme ?

– Je ne sais pas ! s'emporta Yerón. Je t'ai dit que c'était juste une idée ! Je n'y ai pas réfléchi plus que ça !

Poussières de TerresWhere stories live. Discover now