4- "Tous ces Seigneurs pompeux..." 2/3

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Ne sachant pas trop où aller, Eliz avait décidé que le Conseil se tenait probablement au bout du chemin le mieux gardé et le plus en évidence. Suivant cette idée, elle avait neutralisé plusieurs gardes sans trop de mal. L'infiltration n'était habituellement pas son fort, mais ce palais avait tout d'une passoire. Signe que les dirigeants devaient beaucoup trop compter sur leurs Cavaliers Célestes et le respect qu'ils inspiraient à la population.

Elle arriva enfin au pied d'un grand double escalier. A l'étage, elle aperçut une porte en bois à double battant flanquée de deux gardes. Eliz commença à gravir les marches avec assurance. Dès que les gardes la virent, elle proclama avec autorité :

- Un message de la plus haute importance pour le Conseil des Gardiens de la Coutume, en provenance de Riven'th. Annoncez-moi s'il vous plaît.

Déconcertés, les hommes se regardèrent. On ne dérangeait pas un Conseil sans une très bonne raison.

- Par les trois épées de Soltan, dépêchez-vous ! Vous pensez que je serais arrivée jusqu'ici sans autorisation ? s'emporta la guerrière avec aplomb.

                                                     ***

- Même sans griffons, nos hommes peuvent donner l'assaut dans les forêts et se débarrasser une bonne fois pour toute de ces maudits hommes-félins !

Le Seigneur Yamato tapa du poing sur la table. Celui-ci voyait ses effectifs de bûcherons diminuer dramatiquement mais hésitait encore à prendre la décision de suspendre leur activité. Pourtant même en leur offrant de fortes primes, la majorité des hommes refusaient de retourner travailler.

- Vous plaisantez j'espère ! Ils sont sur leur propre terrain, y envoyer nos soldats sans préparation serait une folie !

- Eh bien, il serait temps de commencer à les préparer !

A cet instant, les portes s'ouvrirent sur un garde hésitant.

- Pardonnez-moi, Messeigneurs, mais il y a là un messager de Riven'th prétendant avoir des nouvelles urgentes.

Tout d'abord choqués de l'interruption, les Seigneurs de Derusto'th se regardèrent, inquiets. Les communications officielles entre les gouvernements des deux îles étaient quasiment inexistantes et rarement synonymes de bonnes nouvelles.

- Faites-le entrer ! commanda le Seigneur Terasu, Seigneur de Derusto et président de l'assemblée.

Eliz entra d'un pas décidé et s'inclina profondément. Son attitude devait être sans reproche si elle voulait s'assurer un maximum de crédibilité.

- Pardonnez mon intrusion, Messeigneurs, dit-elle lorsqu'ils l'eurent invitée à s'exprimer. Je me nomme Eliz Drabenaugen, je suis la capitaine de la Garde Céruléenne de Sa Majesté Alarick VIII, Roi de Riven'th. Il y a une vingtaine de jours, la petite île qui sert de résidence d'été à la famille royale a été envahie par une armée inconnue. Sa Majesté vous met en garde contre un sort semblable, et appelle à l'aide ses voisins.

Un brouhaha s'éleva dès qu'elle eut fini de parler.

La première question audible fut enfin formulée par un jeune Seigneur dont c'était le premier conseil.

- N'apportez-vous pas un message écrit officiel, ou quoi que ce soit qui puisse nous assurer de votre identité et de la véracité de vos dires ? Car il est ma foi fort étonnant d'employer une femme à de telles tâches, même chez des barbares comme les rivenz.

La main d'Eliz se crispa brièvement. Elle se força à respirer calmement et désigna le bracelet de cuivre travaillé qui encerclait son biceps.

- Voici l'insigne de ma charge, dit-elle. Et je n'ai aucun message écrit car l'urgence de la situation ne nous a pas laissé le choix. Si vous voulez une preuve supplémentaire, permettez-moi de sortir mon arme.

Poussières de TerresWhere stories live. Discover now