14- "Sans avoir le mal de mer !" 2/2

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Saï obéit et ramassa Griffe à deux mains. Bien lui en prit car son poids inattendu la fit chanceler. Elle s'approcha du bord et appela Eliz à pleins poumons. Elle hurla son nom à se déchirer la gorge, jusqu'à ce que celle-ci levât finalement la tête. La jeune fille brandit Griffe Écarlate au-dessus de sa tête et la jeta de toutes ses forces.

Le corps immobilisé par la masse d'eau froide qui la soulevait, à demi-étranglée par les bras du naufragé qui lui serrait le cou, Eliz crut enfin voir le salut dans un rayon de lumière au-dessus de la tête de Saï. Elle se permit un sourire d'anticipation, un peu crispé, et tendit la main hors de l'eau.

– A moi, Griffe ! cria-t-elle.

Au terme d'une splendide courbe absolument improbable, l'épée bascula sur elle-même et présenta sa garde qui alla se nicher dans la main tendue d'Eliz.

– Ça te va bien de faire le spectacle, comme ça, commenta la rivenz, alors qu'au contact de son arme, elle sentit la confiance lui revenir.

Griffe ne répondit pas, mais la guerrière percevait la satisfaction qui irradiait d'elle.

D'un geste souple, Eliz trancha la corde autour de sa taille.

– Tirez ! Tirez sur la corde ! cria-t-elle.

Et elle abattit la lame de Griffe sur le tentacule qui les tenait. Sa lame brilla brièvement, tranchant l'eau comme du beurre.

– Tirez ! hurla encore Eliz.

Son cri s'étrangla dans sa gorge alors qu'elle chutait, brusquement libérée de l'étreinte liquide.

En haut, dans l'aéronef, Saï s'était arc-boutée sur la corde à l'extrémité de laquelle ne tournoyait plus que le naufragé. Après avoir tiré un dernier carreau, Lyssa lâcha son arbalète et se précipita au secours de son amie pour éviter que celle-ci ne passât par-dessus bord. Les deux jeunes filles tiraient de toutes leurs forces sur la corde, tentant de gagner quelques pouces.

Tempête qui avait fini par être tiré de sa sieste par la panique de Saï, considéra un instant d'un œil curieux l'activité à laquelle son amie s'adonnait. Pour participer, il prit alors un bout de la corde dans son bec sans avoir aucune idée de ce qu'il devait en faire.

– Trop lourd, siffla Saï entre ses dents.

Soudain la tension s'allégea.

– Allez, du nerf ! lança Razilda derrière elles.

Voyant que sa présence sur l'échelle était inutile, la jultèque était remontée prêter main forte aux occupants de l'aéronef. De soulagement, Saï redoubla d'effort. Ensemble, elles pourraient remonter le naufragé. Évidemment, Kaolan n'avait pas bougé le petit doigt pour venir les aider. Il était bien trop occupé à aider son copain Yerón. Et d'ailleurs, depuis quand étaient-ils copains, ces deux-là ?

En bas, Eliz n'avait pas chuté longtemps. Un anneau d'eau s'était à nouveau emparé d'elle. La créature avait espéré attraper tous les humains, même ceux dans le bateau qui flottait dans les airs. Mais voyant que ceux-ci offraient une résistance plus farouche que ceux qu'elle attaquait habituellement dans les bateaux normaux, elle décida de se contenter des deux qu'elle avait attrapés. Elle commença à résorber les différentes parties de son corps, avec l'évidente intention d'entraîner ses proies sous l'eau avec elle.

Yerón comprit vite que leur meilleure chance de tous s'en sortir était Eliz. Il cessa de lutter contre les tentacules qui l'entraînaient.

– Tu dois attaquer son cœur ! cria-t-il à la rivenz en dessous de lui. Je vais te faire un passage !

Poussières de TerresWhere stories live. Discover now