11- "Les pièges, ça marche toujours sur les humains." 1/3

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"Les pièges, c'était une bonne idée.
Ça marche toujours sur les humains."
Kaolan, sentinelle en première ligne.



– Et si tu m'apprenais à tirer à l'arc ? lâcha soudain Saï à l'heure du dîner.

Kaolan releva la tête avec stupéfaction, la cuillère suspendue à quelques pouces de la bouche. Seuls Yerón et Hermeline étaient avec eux à la table ce jour-là. La jeune fille ne pouvait s'adresser qu'à lui.

– Moi ? Tu veux que je t'apprenne... Mais, pourquoi faire ?

– Pour aider ! s'exclama Saï en levant les bras au ciel. J'en ai assez de ne servir à rien ! Aider à la cuisine, ça va un moment, mais je ne suis pas venue d'aussi loin pour faire ça !

– En tous cas, ça reste une tâche utile, avança Yerón prudemment.

Son intervention ne lui gagna qu'un regard ulcéré.

– Mais l'arc est une arme... continua Kaolan avec justesse.

– Merci, je suis au courant, tu me prends vraiment pour une cruche ? s'insurgea aussitôt Saï, assez mal tournée, ce jour-là, pour tout prendre comme une insulte.

– Laisse-moi finir, reprit Kaolan de sa voix calme. Un arc est une arme, et à partir du moment où tu en as une en main, tu deviens une cible. Tu seras davantage en danger.

Saï sembla considérer un instant la portée des paroles de l'homme-félin. Puis elle haussa les épaules.

– J'ai déjà été prise pour cible, dit-elle avec amertume. Même avec juste un bâton en main, et même avec rien du tout. Alors autant que je puisse faire des dégâts.

– Bon d'accord, si tu veux, soupira alors l'homme-félin, comprenant qu'il n'y échapperait pas. On pourrait commencer demain après-midi.

– Et pourquoi pas demain matin ? argua Saï qui bouillait d'impatience.

Kaolan secoua la tête.

– Demain matin, je dormirai. Je suis de garde à l'extérieur, ce soir.

Saï parut désappointée, mais n'osa plus rien dire.

À la fin du repas, Kaolan quitta ses amis pour se diriger vers la sortie de la carrière. Il sentit soudain une poussée dans son dos. En se retournant, il vit que Tempête l'avait rejoint. Heureux de cette promenade nocturne, le jeune griffon le gratifia de plusieurs coups de tête amicaux. Après le long couloir de pierre obscur, déboucher à l'air libre leur faisait toujours un effet libérateur. Ce soir-là, la nuit était claire et la lune brillait dans un ciel limpide. Kaolan respira l'air froid à pleins poumons.

Tandis que Tempête prenait son envol en quelques coups de ses ailes puissantes, l'homme-félin grimpa dans le grand chêne qui leur servait de poste d'observation. Sa haute frondaison surplombait les alentours. Il signala sa présence au veilleur actuel en faisant exagérément remuer les branches dans sa progression. Quand il arriva à son niveau, celui-ci lui sourit avec reconnaissance. Après que plusieurs guetteurs eussent failli tomber de l'arbre en voyant l'homme-félin brusquement apparaître devant eux, certaines règles de sécurité avaient en effet dû être établies.

– Rien à signaler, l'informa le jeune homme avant de redescendre de leur perchoir pour aller se mettre au chaud dans la carrière.

Kaolan s'installa confortablement sur la petite plateforme composée de quelques planches qui avait été installée autour de l'épais tronc de l'arbre. Son regard plongea dans la nuit. Ses yeux sensibles à la lumière balayaient le sommet des arbres sans jamais se lasser tandis que son oreille fine captait tous les bruits familiers de la nuit. Il lui avait fallu une bonne semaine pour s'habituer à l'ambiance qui régnait ici et être capable de déceler les bruits qui pouvaient s'avérer anormaux. Maintenant, il se sentait parfaitement à l'aise.

Poussières de TerresWhere stories live. Discover now