11- "Les pièges, ça marche toujours sur les humains." 3/3

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Soudain, son épée se nimba d'un halo blafard.

Le capitaine n'osa en croire ses yeux. Tendant l'oreille, il entendit nettement l'écho d'une cavalcade qui se rapprochait. L'espoir accéléra les battements de son cœur, et profitant de la surprise de son adversaire devant la transformation de son épée, il l'attaqua avec force. Le Sulnite para maladroitement et la lame de Johann lui mordit la main.

– Allez, compagnons ! On tient, on tient encore un peu ! cria-t-il.

Il sentait son épée vibrer dans sa main, comme si elle mourait d'envie de parler. Mais les Armes de Loyauté avaient eu des consignes strictes. Interdiction de se manifester lors des combats contre les Sulnites.

Enfin, deux chevaux déboulèrent d'entre les arbres. Eliz et Razilda les montaient, épée au poing. N'étant plus très loin de la carrière au coucher du soleil, elles avaient décidé de continuer leur route plutôt que de passer une nouvelle nuit dehors. Les deux femmes n'avaient pas eu besoin d'y pénétrer pour comprendre ce qu'il était en train de se passer et elles n'avaient eu qu'à suivre les clameurs de combat.

Elles n'étaient que de maigres renforts, peut-être pas à la hauteur de ce que Johann espérait, mais des renforts néanmoins. Eliz taillada le dos d'un premier Sulnite qui n'eut pas même le temps de se retourner. Razilda transperça le cou d'un second qui venait de terrasser un résistant rivenz. Un Sulnite chauve aux biceps épais comme des jambons se jeta à la tête de son cheval. Effrayé, l'animal se cabra et la Jultèque, aux prises avec un autre soldat, ne put se retenir à temps et glissa de sa selle. Un bras solide la retint.

– Je te tiens ! lança Eliz en la repoussant sur sa selle.

Puis elle fit tourner bride à sa monture pour charger l'adversaire de Magda.

Dans le même temps, plusieurs soldats virent leurs armes se tordre ou leur échapper des mains. Les Rivenz ne laissèrent pas échapper ces occasions. Poussant des cris de triomphe, ils redoublèrent d'ardeur et leurs ennemis n'y résistèrent pas. Devant cette soudain débâcle, un homme à l'air autoritaire se mit à crier :

– Repliez-vous, cessez le combat !

Obéissant aussitôt, la poignée de Sulnites encore debout rompit le combat.

– Ne les poursuivez pas ! ordonna Johann à ses compagnons d'armes qui s'étaient lancés à leurs trousses dans la fièvre du combat. C'est trop dangereux ! Regroupez-vous !

Les résistants s'exécutèrent et se rassemblèrent. Malgré leur victoire, les visages étaient graves et tristes. Bon nombre des leurs étaient tombés sous les coups des Loups de Sulnya.

Soulagée, Saï se précipita vers Eliz. La jeune fille était très pâle et ses yeux parcouraient le champ de bataille avec incrédulité. Son cœur se serra, la victoire était amère. Elle vit Orage soutenant Faucon qui boitillait péniblement. Plus loin, Magda comprimait contre elle son bras blessé. À ses côtés, le capitaine Johann semblait encore en forme mais il était couvert de sang. Il se dirigea tout droit vers Eliz et Razilda qui descendaient de cheval.

– Mesdames, vous pouvez vous vanter d'être arrivées juste à temps ! s'écria-t-il en s'essuyant le visage de sa manche. Qu'en est-il du résultat de votre mission ? Aurons-nous un peu de positif à nous mettre sous la dent aujourd'hui ?

Razilda eut un sourire énigmatique et fit glisser son sac de son épaule. Elle l'ouvrit pour révéler la magnifique épée qui y reposait dans son fourreau.

– Jugez-en vous-même, dit-elle cérémonieusement.

Les yeux de Johann s'élargirent démesurément à cette vue. Il reporta son regard sur Razilda dont les yeux bruns l'observaient, attendant sa réaction.

Poussières de TerresKde žijí příběhy. Začni objevovat