Chapitre 47 (partie 2)

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— Ah, j'aime mieux ça ! s'exclame-t-elle, un sourire en coin.

Prenant exemple sur Thétanis, je n'attends pas plus et lance mon poing dans sa direction en espérant la prendre par surprise. Elle l'esquive facilement, mais commente :

— C'est bien ça, continue ! Frappe-moi !

Je tente une seconde attaque, qu'elle esquive encore.

— Alterne, n'utilise pas toujours les mêmes coups. Si tu me frappes au visage, enchaîne rapidement avec un coup ailleurs, là où je ne me protège pas.

Je l'écoute et envoie un crochet du droit assez maladroit pour lui faire monter sa garde, avant d'enchaîner avec un coup de pied sur le côté de son tibia.

— Bien, recommence, m'encourage-t-elle en parant cependant toujours mes attaques à l'aide de ses jambes et de ses mains.

Nous poursuivons ainsi pendant une dizaine de minutes, Thétanis m'envoyant de forts coups par moments pour me rappeler de tenir ma garde, avant que nous laissions le cercle à un autre duo.

Nous rejoignons ensuite un banc et ma collègue me félicite.

— Franchement, pour un premier jour, mettre Shallan K.O et réussir quelques enchaînements, c'est pas mal ! déclare-t-elle avant de boire plusieurs gorgées d'eau de sa gourde en bois. Tu verras, cet après-midi, on passe à l'entraînement aux armes, tu vas pouvoir officiellement choisir la tienne, tu vas adorer !

— Pause déjeuner ! crie Shallan depuis la porte ouverte de son bureau.

Visiblement, il a retrouvé sa voix grave et a l'air d'aller mieux, ce qui me rassure.

— Lénée, ajoute-t-il, viens là !

Je déglutis aussitôt.

Qu'est-ce qu'il me veut ? Est-ce que je vais rater le repas ? Non, je ne peux pas, j'ai trop faim ! Est-ce qu'il va me punir pour tout à l'heure ? ... Me fouetter ?

Tout un tas de questions me traverse l'esprit à cet instant.

— Fais pas cette tête, ma sœur, il ne va pas te tuer ! Je t'attends ici pour qu'on aille manger ensemble, si tu veux.

— Moi aussi, intervient Jarem.

Les voir aussi calmes par rapport à la situation me rassure. Ils n'auraient pas l'air aussi détendus s'ils savaient que j'allais passer un sale quart d'heure.

Enfin... je l'espère, du moins.

Je prends tout mon courage à deux mains et rejoins mon supérieur qui referme derrière moi. Contrairement à ce que je pensais, l'ambiance dans la pièce n'est pas lourde. Calliée discute tranquillement avec un autre supérieur dans un coin et une douce odeur de thé sucré flotte dans l'air, bien loin des émanations de sueur des salles avoisinantes.

— Je t'en prie, assieds-toi, m'enjoint-il en me désignant une chaise face à son bureau.

Surprise et silencieuse, je m'exécute.

— J'ai eu des nouvelles concernant ta future chambre. Malheureusement, tu ne pourras pas y loger avant un bon mois. Nos constructeurs doivent remettre un nouveau bâtiment en état. Tous les derniers nouveaux arrivants vont être dans le même cas que toi. Vous allez devoir rester un peu plus longtemps que prévu dans le quartier d'accueil.

C'est tout ? C'est simplement ça qu'il voulait me dire ? Mais je m'en fiche de dormir plus longtemps dans le dortoir... Ce n'est pas très important ça !

— Pas de problème, réponds-je alors, toujours dans l'attente d'un minimum de remontrances.

— Tant mieux. Bon, cet après-midi, tu devras choisir ton arme personnelle, et il va aussi falloir que tu passes voir le forgeron pour qu'il te fasse ta marque d'identité.

J'écarquille les yeux.

— Le... forgeron ? répété-je, incrédule.

— Oui, il faut montrer ta marque pour pouvoir entrer dans les villes libres.

— D'accord, mais pourquoi le forgeron ?

— Parce que cette marque est une brûlure, Lénée. Une brûlure différente en fonction des villes, mais qui prouve ton appartenance au Monde Libre et tes origines. Tu peux trouver les diverses marques des villes à la bibliothèque.

— Mais... vous avez des anesthésiants ? m'inquiété-je.

— On a de l'alcool, me répond-il en se marrant, comme s'il venait de raconter une bonne blague.

Je déglutis. Chaque chose en son temps, je m'occuperai de ce problème plus tard.

— Désolée pour tout à l'heure... lâché-je alors, autant pour m'excuser que pour changer de sujet et oublier momentanément cette histoire de brûlure.

— C'est rien. Simplement les risques du métier. Mais si tu pouvais réserver cette technique à tes vrais ennemis la prochaine fois, ça nous arrangerait, ma future descendance et moi.

— Ou alors, intervient un autre supérieur, mort de rire, tu continues pour nous éviter d'avoir à supporter la descendance de ce branquignole.

— Ha. Ha. Ha. Qu'est-ce qu'on se fend la poire avec toi, réplique Shallan, cependant pas vexé le moins du monde. T'as pris des champi' hilarants au petit déjeuner ?

— C'est délicieux, surtout trempé dans le thé !

— Comme quoi, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, renchérit Shallan, amusé.

Quant à moi, je pense que mon humour n'est pas encore suffisamment développé pour que je saisisse le comique de la situation.

— On se revoit cet après-midi, Lénée, déclare ensuite Shallan. Bon appétit !

Ça, en revanche, je le comprends parfaitement. C'est une manière polie de me dire qu'il est temps que je m'en aille.

Ou c'est simplement qu'il a fini de dire ce qu'il avait à me dire et m'autorise gentiment à aller manger.

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