Chapitre 32 (partie 2)

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Elle salue quelques personnes au passage et je ne suis pas surprise de constater qu'elle a déjà réussi à nouer quelques liens. Nous arrivons face à une longue table recouverte de mets en tout genre. A son extrémité droite, tout un tas d'assiettes ébréchées et entassées les unes sur les autres sont à notre disposition. Encore une fois, elles ne se ressemblent pas et semblent être le fruit de récupérations. Mon amie en prend une avant de parcourir la table pour se servir de tout ce qui lui fait envie et j'en fais de même. Salades de tomates en entrée, pâtes à la crème ensuite, et ce qui ressemble à des grosses figues déformées en dessert. On se trouve ensuite deux places libres quelque part, à côté d'inconnus. Ils nous saluent d'un signe de tête poli et poursuivent tranquillement leur conversation. A cet instant, des effluves d'épices et de terre sèche embaument l'air, et je sais que ce parfum restera à jamais gravé dans ma mémoire comme celui de l'été.

Priétée et moi échangeons quelques mots pendant notre déjeuner, mais, encore habituée aux coutumes de l'Enceinte, nous passons plus de temps à savourer notre repas en silence plutôt qu'à discuter. Peu de temps après notre dessert – je n'avais jamais mangé de tomates aussi goûtues ! –, Priétée jette un nouveau coup d'œil à sa montre.

Les veilles habitudes ont vraiment la dent dure...

— Bon, je t'accompagne à la bibliothèque et après je file, ça va être l'heure pour moi de rejoindre Dinaa. Il va falloir qu'on te trouve une montre d'ailleurs...

J'acquiesce et me lève. Nous débarrassons nos couverts et allons faire tremper le tout dans un immense tonneau plein d'eau. Apparemment, des personnes laveront la vaisselle à la fin du déjeuner. Je commence à me sentir mal de profiter ainsi gratuitement des services de tout le monde sans rien donner en retour. J'ai hâte de choisir un métier.

Notre parcourons de nouveau les rues de Sidonia et je me rends compte que des panneaux en bois aux inscriptions peintes à la main ont été plantés à des endroits stratégiques afin de guider les habitants. Enfin, nous arrivons devant une tour s'élevant à plusieurs mètres au-dessus des autres bâtiments alentour. Au-dessus de sa porte d'entrée en bois, je peux lire « Nouvelle bibliothèque d'Alexandrie ». Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle elle a été nommée ainsi, mais je trouve cela joli.

— On se retrouve ce soir pour manger ensemble ? veut savoir Priétée, tout sourire. Tu sauras retrouver le dortoir des rescapés ?

— C'est très loin d'être sûr, cette ville est un véritable labyrinthe, mais... je trouverai bien quelqu'un à qui demander mon chemin. Je suppose...

— Sans aucun doute ! Amuse-toi bien ! lance-t-elle en rebroussant chemin.

Lorsque j'entre dans la Nouvelle bibliothèque d'Alexandrie, la mâchoire m'en tombe. Je n'ai jamais rien vu de tel. Les livres sont littéralement partout.

Partout !

Les murs circulaires en sont tapissés, et ce, sur des dizaines d'étages. Même en levant à fond la tête, je suis incapable d'apercevoir correctement le plafond de la pièce. Une passerelle en bois, légèrement inclinée et fixée aux murs, fait tout le tour des lieux en s'élevant de plus en plus vers le haut du bâtiment.

— Ton air ahuri me laisse penser que c'est la première fois que tu viens ici, déclare un homme sur le ton de la plaisanterie.

Je baisse aussitôt la tête pour poser mon regard sur lui. C'est un petit monsieur d'une soixantaine d'années, à l'air aimable. Je n'ai jamais vu une expression aussi douce sur le visage d'un homme. Je prends sur moi pour tenter de lui répondre normalement sans baisser plus encore la tête.

— Oui...

— Laisse-moi t'expliquer comment la bibliothèque fonctionne, dans ce cas.

Il me fait signe de le suivre sur le côté et de me retourner face au mur. Devant moi se trouve un plan de la tour en modèle réduit avec divers chiffres et une légende pour que l'on sache à quoi ils correspondent.

Tu seras la MortWhere stories live. Discover now