Le signe de la mélancolie.

Depuis le début
                                    

Et elle avait vu qu'il n'allait pas bien.

La vérité c'était qu'il ne savait pas au juste quoi lui dire.

Il était encore sonné par ce que Peter Pan lui avait dit, ce qu'il avait révélé, cette vérité qu'il lui avait jetée au visage et qui était bien pire que le plus abominable des mensonges, une vérité qu'il aurait préféré ne jamais connaître.

Une vérité qui, il en avait l'absolue certitude, ne pouvait pas être un mensonge.

Seulement parce que je t'ai laissé partir.

La phrase, perfide, empoisonnée, assassine, continuait de tourner en boucle dans sa tête même des heures après avoir été prononcée.

Ce n'était pas la conviction de l'immortel qui l'avait convaincu, il savait bien qu'il n'était rien d'autre qu'un menteur, non ça n'avait rien à voir.

C'était tout simplement parce que le connaissant, lui, sa personnalité, son goût pour le jeu et la manipulation, c'était plus que probable qu'il l'ait réellement laissé partir de son plein gré en lui faisant croire qu'il était parvenu à s'en aller de lui-même sans qu'il ne puisse l'arrêter.

Et aussi parce que Peter Pan avait comme passe-temps favori de faire souffrir les gens.

Et que savoir qu'il n'avait pu s'échapper que parce que son bourreau, son infâme geôlier, avait décidé de le laisser s'en aller, avoir conscience que dans d'autres circonstances, il aurait pu continuer à être son prisonnier si son grand-père en avait décidé autrement, c'était...

C'était pire que tout, c'était une gifle assénée en plein visage, c'était la preuve qu'ils ne pouvaient probablement rien faire d'autre qu'échouer puisque ce qu'il avait toujours considéré comme une victoire n'en avait jamais été une, que comme d'habitude, le sorcier n'avait rien fait de plus que jouer avec lui.

C'était encore pire que tout, parce que réussir à s'évader lui avait pris du temps, bien trop, qu'il était resté prisonnier pendant près de deux siècles de cette île de malheur et qu'au moment où il avait fini par réussir à fuir, il s'avérait qu'en fin de compte, tous ses efforts avaient été faits en vain parce qu'il l'avait laissé s'en aller au moment qu'il jugeait opportun et uniquement pour ça.

Et dans ce cas-là, pourquoi ?

Dans quel but ?

Il avait bien du mal à comprendre les motivations des actions de son grand-père mais dans cette situation, il y parvenait encore moins tant elles lui semblaient cryptiques et absurdes.

« C'est tout, rien de plus ? Je t'ai connu plus bavard.

L'intervention de son ancienne petite-amie le coupa de ses pensées, et il sourit, amusé.

- C'est... ce n'est rien, prétendit-il.

Il avait abandonné Emma autrefois, l'avait envoyée en prison, il n'était pas parvenu à la protéger de l'horreur et de la laideur du monde.

Il ne ferait pas deux fois la même erreur.

Emma le regarda avec un air sérieux, clairement pas convaincue.

- Allez dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas ? Depuis le combat contre les enfants perdus, je vois bien que quelque chose cloche, que tu es préoccupé par quelque chose. On l'est tous, rajouta-t-elle avant qu'il ne lui sorte cet argument à son tour pour la contrer et minimiser ce qui était arrivé, mais toi... c'est différent. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il soupira.

- Hé bien, en fait... pendant qu'on se battait, Peter Pan est venu me voir.

Emma se figea pendant quelques secondes, interdite.

De la lumière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant