Sans Toi

Page cent-cinquante-six

Dimanche 29 septembre 2019

3 jours. Ou 2 jours. Je ne sais pas. Je crois que je ne sais plus compter. Si aujourd'hui compte, il reste trois jours, mais s'il ne compte pas, dans deux jours ça fera un an.

Je ne pense qu'à ça, je n'arrive plus à étudier, ni à réviser. Je suis incapable de me concentrer. J'essaie de te chasser de ma tête, mais je n'y arrive pas. Tu es là tout le temps, encore plus que d'habitude et l'anniversaire de ta mort aussi. J'ai peur de ce que je vais ressentir, de la réaction que je vais avoir. Est-ce que ça va être aussi douloureux que quand je suis venu te voir au cimetière ? Pire encore ? Encore plus ? Tu crois que c'est possible ? Je ne sais pas si j'aurai la force de supporter encore une fois une douleur comme celle-là. Est-ce que mon cerveau va s'éteindre comme celui de Louis, quand je l'ai retrouvé au bord de la route ? Il était complètement absent. Moi aussi, les premiers mois j'étais complètement absent. Imagine si ça recommence encore une fois, mais que cette fois je ne reviens jamais à moi.

Imagine si je reste absent pour toujours.

Peut-être que j'arrêterais de souffrir ? Peut-être que ce ne serait pas une chose aussi terrible finalement. Ne plus rien ressentir comme au début. Ne plus être réellement là, réellement conscient. Peut-être que ce serait plus facile ? Je sais que non. Pardon. C'est juste que j'ai peur de ce que ton anniversaire va déclencher en moi.

Des fois, j'aimerais qu'on soit mort tous les deux ce soir-là, en même temps. Des fois j'aurais voulu être avec toi sur ta moto, le camion nous aurait renversé tous les deux et on serait parti ensemble. Tout aurait été mieux, je n'aurais jamais eu mal, je ne t'aurais jamais perdu, je n'aurais jamais eu à connaitre le manque de toi. Je ne me demanderais pas tous les jours, comment survivre alors que tu n'es plus là. 

Ça aurait peut-être même était plus facile pour tout le monde. C'est vrai qu'ils auraient eu deux deuils à faire, mais au moins ils ne m'auraient pas vu aller aussi mal et surtout ils n'auraient pas eu à voir et supporter mon visage tous les jours.

Mais ce n'est pas arrivé. Tu es mort tout seul il y a bientôt un an et moi je suis tout seul sans toi, depuis bientôt une année entière.