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Vendredi 02 novembre 2018

Trente-trois jours.

Hier c'était le premier anniversaire de ta mort. Un mois entier que tu n'es plus là. Je ne sais pas si ça compte vraiment comme un anniversaire.

Je suis parti, je n'avais pas envie d'être là.

Toute cette tristesse m'étouffe. Je ne supporte plus de voir la douleur dans les yeux de nos parents et dans ceux de Brooke. Je sais qu'ils font semblant d'aller bien devant moi, mais j'entends les pleurs de maman le soir dans son lit. Brooke passe presque tout son temps dans sa chambre ou avec Ashton. Il la soutient beaucoup, je crois que ça fait partie de son rôle de petit ami. Quant à papa, il quitte la maison aussi souvent qu'il le peut, je sais qu'il cherche à s'éloigner le plus possible de moi.

Je pense qu'ils ne réalisent pas que même si je ne parle plus, je suis encore conscient. Je vois tout et je sais qu'ils vont tous mal.

Hier, maman a organisé un repas pour toi. Je crois qu'elle n'avait pas la force d'affronter cette journée, elle avait besoin d'être entourée. Papy et mamie sont venus manger, tatie et tonton aussi, avec Charlotte. Tu crois qu'à 7 ans, elle comprend qu'elle a perdu l'un de ses cousins ? Tu étais son préféré. Tu étais le préféré de tout le monde de toute façon.

C'était le premier repas de famille depuis ton départ, je ne voulais pas y assister. Pas sans toi. Mais comment tu aurais pu être là, alors que c'était un repas pour toi, en ta mémoire, parce que tu es mort ?

C'était trop dur pour moi, je n'avais pas envie de voir autant de monde malheureux en même temps.

Je ne pouvais pas rester. Je suis parti juste avant qu'on ne passe à table. Je n'ai rien dit à personne, je suis rentré seulement ce matin, il y a deux heures environ. Quand j'ai passé la porte maman m'a crié dessus, avant de me prendre dans ses bras et de se mettre à pleurer. Je crois qu'elle était inquiète.

J'ai passé la nuit au terrain de basket, il faisait froid et j'ai mal à la tête. Je pense que je vais être malade.

Je sais qu'ils sont tous venus te voir hier, j'espère que ça t'a fait plaisir. Moi je ne viendrai pas, je n'aime pas les cimetières, surtout quand tu es à l'intérieur.

Hier on était le 1er novembre. Un premier. Tu n'aurais pas pu choisir une autre date pour mourir ? On est né un premier, tu es mort un premier, maintenant je déteste les premiers.

— Harry

Sans ToiWhere stories live. Discover now