Page soixante et onze

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Vendredi 5 avril 2019

Ils me surveillent quand je mange. Il y a toujours un infirmier ou une infirmière qui reste dans la chambre avec moi, quand ils m'apportent mon plateau. Ils sont là pour vérifier que je ne cache pas la nourriture quelque part ou que je ne la jette pas dans la poubelle ou dans les toilettes. Ils s'assurent toujours que je termine tout. Quand je n'ai plus faim, ils me disent que je dois continuer encore un peu, leur ton est toujours gentil, même encourageant par moment. Je sais qu'ils font juste leur travail, mais c'est dur.

Je déteste qu'on me traite comme un enfant. J'ai 17 ans maintenant, je ne suis plus un bébé. Tu deviendrais complètement dingue à ma place, je le sais. Je ne fais pas exprès de ne pas avoir faim, je te le promets, ce n'est pas de ma faute. En plus je dois manger quatre fois par jour, c'est trop. Mais je sais que si je ne reprends pas du poids, je ne sortirai jamais de cet hôpital, alors je me force.

Depuis que je suis ici, je ne quitte presque jamais ma chambre, sauf quand j'y suis obligé. À midi pour la première fois, j'ai dû prendre mon repas dans le réfectoire avec tous les autres patients. Tu n'imagines pas à quel point c'était angoissant. J'avais l'impression que tout le monde me regardait, m'épiait, qu'ils me surveillaient tous. Mon estomac était complètement noué, comme s'il y avait plein de nœuds dedans. J'ai presque rien avalé et même l'infirmier n'a pas réussi à me forcer.

De toute façon il était trop occupé avec une autre fille pour faire vraiment attention à moi. Il a insisté plusieurs fois pour qu'elle mange, mais elle refusait de toucher à son assiette. Au bout d'un moment, elle s'est levée brusquement et elle est partie en courant. Je l'ai regardé disparaître, elle était vraiment très maigre.

Tout le monde va mal ici et ça ne m'aide pas à me sentir mieux.

Heureusement le soir on dîne tous dans nos chambres, c'est seulement le petit déjeuner et le déjeuner qui se passent dans le réfectoire. Je vais dire au Docteur Drews que je ne veux plus jamais y retourner. Il n'a pas le droit de m'obliger à faire des choses que je n'ai pas envie de faire. Il n'a pas le droit de me forcer. J'accepte déjà de manger, c'est suffisant.

Bonne nuit.

— Harry

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