Page cent-vingt-quatre

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Dimanche 21 juillet 2019

Finalement ce n'est pas marrant d'être puni. Surtout hier, quand Louis pensait qu'on allait passer du temps ensemble après la réunion. Je lui ai juste dit que c'était parce que nos parents avaient découvert pour mon tatouage, je ne lui ai pas avoué que s'ils l'ont découvert c'est parce que je leur ai montré. Je ne sais pas s'il comprendrait.

Je crois que j'aurais préféré être puni de téléphone, ne pas avoir le droit de sortir me rappelle l'hôpital et ce n'est pas facile. J'arrive quand même à réussir à faire la part des choses dans ma tête. Je sais que je suis puni à la maison, que je ne suis pas enfermé, en plus je peux accompagner maman à chaque fois qu'elle sort, mais je ressens quand même un peu le même sentiment que quand j'étais interné.

Je crois que maman et papa n'en ont pas conscience, qu'ils n'y ont pas pensé, ni fait le rapprochement. Moi non plus au début, c'est que le lendemain, vendredi, quand j'ai eu envie de prendre mon vélo pour aller me promener et que j'ai réalisé que je ne pouvais pas.

Je ne veux pas en parler à papa et maman, parce que je n'ai pas envie qu'ils pensent que je suis encore fragile. Ou pire encore, qu'ils s'en veulent, se sentent coupables ou culpabilisent.

Je suis privé de sorties, je ne suis plus interné en psychiatrie. Je ne dois pas me sentir enfermé, parce que je ne suis pas enfermé. Je me répète ces mots dès que j'en ressens le besoin et ça m'apaise un peu.

Tu étais plus souvent puni que moi à cause de tes notes. Tu devenais fou quand tu ne pouvais pas voir Sarah. Je me souviens quand tu as voulu faire le mur, papa l'avait senti à l'avance et il t'attendait dans le garage. La seule excuse que tu as trouvé c'était que tu avais envie de laver ta moto. À 22h, un samedi soir. Résultat tu as dû nettoyer ta moto, la mienne et celle de papa et moi j'étais venu t'aider. Évidemment tu as été puni trois jours de plus.

Mais même quand on était puni, on sortait toujours parce qu'on avait les cours au lycée et les entrainements de basket certains soirs et les samedis après-midi. Moi je n'ai plus le lycée, ni le basket. C'est les vacances scolaires, alors pour les cours ça ne change rien de toute façon.

Je viens de réaliser qu'on était censé partir en camp sportif au mois d'août. J'avais oublié. Tu crois qu'on est toujours inscrit ? Enfin moi, parce que toi tu ne peux plus l'être maintenant. Je ne sais pas, mais dans tous les cas je ne pourrais pas y aller, parce que ça dure trois semaines et que j'ai mes rendez-vous avec le Docteur Drews, Alan et les réunions. Mais même sans ça, je sais que je n'aurais jamais eu le courage. Ça me fait peur rien que d'y penser. Ça me rends un peu triste aussi, parce qu'on attendait ça avec impatience. Passer tout un mois à faire du sport et jouer au basket, c'était un rêve.

Peut-être que si je vais mieux je pourrais y aller l'année prochaine ? Non. Je n'ai pas envie de vivre ça sans toi. Ce n'est pas grave de ne pas y aller.

C'est nul d'être puni, ça me laisse trop de temps pour réfléchir.

— Harry

Sans ToiDove le storie prendono vita. Scoprilo ora