52. Autiste, c'est pas une insulte.

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Lorsque Merle poussa la porte du réfectoire ce soir-là, la chaleur de la pièce lui sauta au visage, tout comme le brouhaha des conversations

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Lorsque Merle poussa la porte du réfectoire ce soir-là, la chaleur de la pièce lui sauta au visage, tout comme le brouhaha des conversations. Un sacré contraste avec le froid et le silence du dehors.
Son entrée fut ponctuée par diverses exclamations, des « Salut chef ! » ou « Salut patron ! » amusés, enthousiastes et probablement déjà un peu pompettes de personnes de son équipe, des bonsoirs moins démonstratifs mais tout aussi chaleureux de la part des civils.

Le service avait déjà commencé, la plupart des gens était à table, des gamins cavalaient entre les chaises, le bar tournait à plein régime, ça riait, trinquait, discutait... Les tables du réfectoires avaient été regroupées pour faire plusieurs grandes tablées, et on y avait mis des nappes, et la plus belle vaisselle possible. Il y avait des bougies, et des verres à vin, et des vraies serviettes en tissu.

C'était le tout premier repas de Thanksgiving à Woodbury, et le Gouverneur avait tenu à inviter toute sa ville à la fête.

A l'exception bien sûr des gardes en faction — mais ces derniers permuteraient avec la relève à mi-repas — tout le monde était présent.
Enfin, presque tout le monde, sauf une.

Une grande partie de la tablée des recrues de Merle avait poussé une même exclamation de déception lorsqu'il leur confirma qu'Hazel ne viendrait pas. Plusieurs avaient tenté de la persuader ces derniers jours, de négocier, de la mettre suffisamment en confiance pour la fléchir, mais Merle, lui, n'était pas surpris. C'était trop de foule pour elle, trop de bruit, d'agitation, trop de silhouettes floues à gesticuler autour d'elle, trop d'hommes surtout qui parlaient trop fort réunis à un seul endroit.

Hazel était capable de plus en plus d'efforts de sociabilité, et il fallait bien admettre que c'était dû en grande partie à l'engouement pour les jeux de société que Shumpert avait on ne sait comment encouragé chez elle. Elle avait au fil du temps affronté et le plus souvent battu chacun des habitants de Woodbury en capacité de tenir un jeu de cartes, et, faute d'avoir pu sympathiser avec tout le monde, elle était au moins parvenue à être un peu plus présente et à l'aise en public.
Bizarrement — ou logiquement, étant donné avec qui elle vivait — le groupe des hommes d'armes était celui qui s'était le plus attaché à elle. Forcément à cause de Merle, qu'elle accompagnait régulièrement ici et là, y compris durant des gardes sur le mur, mais pas seulement. Martinez avait un rapport un peu privilégié avec elle, et puis les cartes avaient fait le reste, les gars de la milice étaient la catégorie de population à Woodbury qui y jouait le plus.
A partir du moment où elle s'était remise à sortir pour courir, Hazel était officieusement devenue une sorte de mascotte à leurs yeux, certes, pas pour tous, car une équipe n'est jamais totalement homogène, mais il fallait dire, aussi, qu'aucun de ces hommes n'avaient plus de famille proche. Il leur semblait naturel, avec le temps, d'avoir fini par considérer Hazel comme une sorte de nièce ou de cousine éloignée. Ou plus réalistement, la fille du patron.

« Oh, non, c'est vraiment trop dommage ! déplora Martinez. C'est trop triste, on va être tous là en famille alors qu'elle est toute seule à la maison !
- J'lui ai dit d'pas s'forcer si elle se sentait pas d'venir, dit Merle. Elle est mieux là-bas tranquille qu'ici à s'faire des cheveux blancs parce que vous êtes qu'une putain d'bande de sauvages incapables de vous tenir. »

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant