15. C'est pas toi qui vas m'apprendre à coller une pelle dans une tronche !

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Le mois d'octobre touchait à sa fin, il y avait encore de belles et douces journées, mais globalement la température baissait

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Le mois d'octobre touchait à sa fin, il y avait encore de belles et douces journées, mais globalement la température baissait. Auparavant, les gens étaient plutôt à l'extérieur, ils profitaient des bancs dans la rue principale, sortaient des tables et des chaises, les enfants jouaient, les adultes prenaient plaisir à des activités d'extérieur. On jardinait, on étendait le linge dehors, en été, lorsqu'il avait fait vraiment chaud, les repas avaient été pris dans la rue, autour d'une longue rangée de tables installées comme pour un banquet.

L'automne était bel et bien là, désormais, et les habitants se repliaient de plus en plus vers le réfectoire, qui prenait des allures de centre culturel de quartier.

À Woodbury, les gens partageaient un vrai sentiment de communauté, presque de famille. Ils prenaient simplement plaisir à être ensemble, il était rare que des personnes restent sans cesse chez elles. Presque à toute heure, le réfectoire était peuplé d'habitants qui venaient se retrouver pour boire un café, jouer à des jeux de société, lire ou simplement discuter.

Les gens plaisantaient souvent en faisant remarquer que Woodbury ressemblait parfois davantage à une communauté Amish plutôt qu'à des survivants de la fin du monde. La vie était douce et insouciante pour ceux qui n'avaient pas à sortir...

Milton était officiellement chargé de faire du baby-sitting ce jour-là.
Occuper une fillette de dix ans toute une journée n'était pas facile, il avait eu l'idée d'apprendre à Penny à jouer aux dames, mais elle s'en était rapidement lassée.

« C'est trop compliqué ton jeu, se plaignit-elle. J'arrête. »
Elle se leva.
« Je veux aller jouer chez Eryn », réclama-t-elle.

Milton regarda l'horloge. Il était seulement onze heures.

« On va bientôt manger.
- Papa a dit qu'il rentrerait à midi.
- Il a dit qu'il essayerait, rectifia Milton. Et que tu devais manger quand même s'il n'était pas revenu à l'heure.
- Je veux manger avec lui, » protesta-t-elle.

C'était délicat de faire comprendre à une enfant de cet âge que son père avait beaucoup de travail et de responsabilités. Au yeux d'une petite fille, un parent ne saurait avoir d'autre travail que de s'occuper de son enfant.

Phillip faisait pourtant de son mieux. Il avait deux immenses chantiers dans sa vie : Woodbury et Penny. Et pour l'une comme pour l'autre, il déplaçait des montagnes chaque jour. Il était vraiment rare qu'il sorte de la ville. Dans la fin du monde comme dans sa vie précédente, il avait organisé son quotidien en père célibataire : en déléguant au maximum, en aménageant tous ses horaires, en la faisant garder lorsqu'il ne pouvait pas faire autrement, mais en cherchant toujours à être avec elle au maximum. Il était là pour tous les repas de sa fille, même si ça voulait dire parfois qu'elle mangeait sur ses genoux tandis qu'il était en réunion, et c'était toujours, toujours lui qui la mettait au lit, et toujours selon leur rituel propre à eux, avec son pyjama, une histoire qu'il lui lisait, tout un cérémonial de peluches à disposer autour d'elle et à qui il fallait souhaiter bonne nuit aussi, et une veilleuse juste à côté d'elle, absolument.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant