71. Tu n'écoutes jamais ce que je te dis !

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La journée était magnifique

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La journée était magnifique. Plus belle que toutes les journées dont Rose McGowan arrivait à se souvenir. Au dessus d'elle, il y avait un ciel, et ce ciel, il était complet, sans aucun immeuble pour le délimiter. Elle marchait le long d'une route.
Elle était dehors. Libre.
Ce moment, qui aurait pu être magnifique, était le plus anxiogène qu'elle avait connu depuis longtemps.

« Faut qu'on quitte la route, ordonna Michonne.
- Ok. »

Sans se faire prier, Rose abandonna la vue rassurante, familière et bien dégagée de l'asphalte, pour s'enfoncer sur les pas de la guerrière laconique, dans l'épaisseur un peu sombre, inconnue, incertaine, de la forêt.
Elle peina dans les broussailles, s'accrocha aux branches basses et aux plantes épineuses, là où Michonne semblait, elle, se mouvoir parfaitement à son aise.
Rose ne tarda pas à se retrouver à moitié essoufflée, et, plus préoccupant, distancée de plusieurs mètres. Son sac à dos, alourdi de tas de trucs qu'elle s'était imaginé très utile sur le moment, et qui lui semblaient désormais dérisoires, lui sciait les épaules. Sa nouvelle camarade se retourna et lui adressa un regard qui ne cherchait même pas à dissimuler son impatience.

« Me regardez pas comme ça, ronchonna la médecin. Je vous avais prévenue que comme randonneuse, je valais zéro. J'ai jamais fait le moindre sport de toute ma vie, c'était pas après la cinquantaine que j'allais m'y mettre. »

Elle pouvait déjà s'estimer heureuse qu'elle ait arrêté de fumer quelques quinze piges auparavant. Ceci dit, vu sa nervosité, elle n'aurait pas dit non à un peu de nicotine, là, tout de suite. Elle scrutait les bois tout autour d'elle. Est-ce qu'elle allait passer pour une énorme chochotte si elle demandait à Michonne combien de chances il y avait pour que cette forêt en apparence tout à fait calme et bucolique, soit en réalité remplie de hordes de morts-vivants cannibales ? Et surtout, est-ce que ça changerait quoi que ce soit pour elle de le savoir, étant donné qu'elle n'avait pas d'arme, et qu'elle courait à peu près aussi bien qu'un poisson cuit ?

« Alors ? demanda simplement Michonne. Est-ce qu'on va nous donner la chasse ?
- Assurément.
- Merle Dixon, siffla-t-elle entre ses dents comme une injure. Il vaut quoi, comme chasseur ?
- Il est extraordinaire.
- On devrait se séparer, alors. »

Rose redoutait d'entendre ça, mais elle n'était pas stupide.

« Évidemment. C'est sûr que ça va être plus facile pour vous si vous trainez pas une espèce d'otarie sans la moindre endurance.
- J'ai pas dit ça. Si on se sépare, ils seront forcés de le faire aussi. Je vais leur tendre une embuscade. Vous êtes capable de retourner là où l'hélicoptère s'est crashé ?
- Je crois. J'ai, heu, un peu regardé une carte, hier.
- C'est dans cette direction, l'informa Michonne en tendant le doigt. En gardant le soleil à votre gauche. Alors attendez-moi là-bas.
- D'accord. Bonne chance, Michonne.
- Bonne chance à vous, Rose. »

Rose ne put pas s'empêcher de se demander : laquelle des deux Merle allait-il suivre ?
Ce serait quoi, le pire ? Être tué par un type lambda, ou par un ami ?
Par un ami, évidemment. Quelle question.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant