43.Est-ce que je suis en train de disparaitre ?

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Merle venait de passer la journée trempé dans la boue, à hurler des ordres sous la pluie battante

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Merle venait de passer la journée trempé dans la boue, à hurler des ordres sous la pluie battante. Une semaine que le ciel leur pissait à la gueule quasiment sans interruption.
Il avait tellement plu que le terrain où ils stockaient leurs véhicules, qui n'était pas un véritable parking, mais un champ à côté d'un hangar, avait pris l'eau comme une éponge sans que l'on s'en aperçoive, et lorsqu'ils avaient voulu prendre les camions pour une sortie ravitaillement, deux s'étaient embourbés.
Une journée entière perdue à dégager les camions et déplacer l'intégralité des véhicules dans un nouvel endroit, y compris ceux qui s'étaient embourbés à leur tour, car bien évidemment, plus les pneus venaient remuer le terrain, plus il se changeait en gadoue.

Lorsqu'il rentra chez lui, il eut la surprise de trouver Meg en compagnie de son petit Escargot dans le salon, au coin du feu.
Il les interrompait visiblement en pleine discussion entre filles.

« Est-ce que Meg peut rester manger ?
- T'es chez toi, Escargot, t'invite qui tu veux, répliqua-t-il à sa colocataire. De toute façon j'reste pas, là. Je m'douche vite fait et j'file, j'suis de garde jusqu'à minuit.
- Laisse tes habits dans la salle de bain, offrit Hazel, je m'en occuperai. »

C'était devenu une petite habitude de gentillesse qu'elle avait prise avec lui. Normalement, chacun s'occupait de son propre linge, car il était logique pour eux qu'aucun ne soit au service de l'autre, Merle n'était pas son père, et Hazel n'était pas sa bonne. Mais quand il rentrait comme ça, particulièrement trempé, sale ou fourbu, elle lui offrait de tout bazarder sur le carrelage sans s'occuper de rien, et lui apportait des vêtements de rechange, qu'elle posait sur la chaise pendant sa douche en se cachant les yeux, au cas où ses paupières la trahissent et qu'elle retrouve simultanément la vue par miracle.
Hazel était une habilleuse parfaite, elle connaissait sur le bout des doigts ses habitudes vestimentaires, et ne se trompait jamais même d'une chaussette. Forcément, elle avait passé deux mois à voir défiler ses lessives quand elle travaillait à la laverie.

A la fin de sa douche, qu'il avait prise longue et brûlante, il se rendit compte que son Escargot préféré avait poussé l'attention jusqu'à lui rapporter une autre paire de chaussures en plus du reste.
Cette gamine, bon sang, c'était une vraie perle.
En sortant de la salle de bain, il se sentait à nouveau d'attaque pour la suite. Les filles étaient toujours au salon, en train de boire du thé visiblement, avec de la musique en fond sonore. Il leva un sourcil en les entendant parler d'horaires.

« En fait, expliqua alors Meg, je venais lui proposer de revenir travailler à la laverie. Enfin, seulement si elle voulait.
- Et j'ai dit oui. »

Hazel semblait sincèrement contente. C'était drôle, après l'avoir toujours vue si inexpressive, si absente, à chaque fois qu'il la croisait à son travail. On aurait dit quelqu'un qu'on avait forcé à être là mais qui s'était résigné à son triste sort. Alors qu'en réalité, découvrit Merle ce jour-là, elle aimait vraiment ce boulot.

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant