32. La mélancolie, c'est pas ce que tu crois.

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Merle fut réveillé en plein milieu de la nuit par un fracas monumental

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Merle fut réveillé en plein milieu de la nuit par un fracas monumental. Il bondit de son lit, et mit deux secondes à se souvenir qu'il ne vivait plus seul depuis quelques heures, il stoppa donc à mi-chemin son réflexe de se saisir de son flingue et se leva.

« Haze, ça va ? » gueula-t-il depuis la mezzanine.

La petite voix familière lui répondit du salon.

« Oui oui oui, c'est rien, pardon, j'ai fait tomber quelque chose, s'empressa-t-elle de dire. Pardon, désolée.
- Hein ? »

Le salon et l'appartement étaient plongés dans le noir.
Il alluma la lumière et dévala l'escalier. Le bruit était bien ce qui lui avait semblé : celui d'une chaise remplie de bouquins qui s'effondrait sur la table basse elle-même pleine de verres vides et de bricoles.
Hazel était en pyjama, à moitié paniquée. Lorsqu'elle le vit, elle poussa un cri perçant et se cacha les yeux dans ses mains.

« Mets quelque chose ! glapit-elle.
- Hein, quoi ? quelque chose où ça ?
- Sur toi !
- Oh merde. »

Heureusement que des fringues sales à lui trainaient un peu partout. Alors qu'il se dépêchait d'enfiler un pantalon et un teeshirt, il prit note de l'étendue des dégâts. Pas grand-chose, peut-être un ou deux verres cassés, mais plus de peur que de mal.

« Mais qu'est-ce que t'as fichu ?
- Je peux ouvrir les yeux ?
- Presque. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- C'est ma faute pardon, j'ai voulu aller à la cuisine pour boire, et il faisait noir, j'ai pas fait exprès.
- C'est d'l'autre côté la cuisine ! Mais pourquoi t'as pas allumé ?
- Je savais pas où c'était ! »
Elle risqua un coup d'œil et constata qu'il était à nouveau décent. Elle était dans tous ses états.
« Pourquoi t'étais tout nu ? s'écria-t-elle.
- Ben j'étais en train d'dormir !
- Mais tu mets pas de pyjama ? »
- Ben non. »

Elle oui, évidemment, un ensemble pantalon et haut à manches longues, comme toujours.
Il n'avait jamais été pudique, mais visiblement, sa nouvelle colocataire l'était suffisamment pour eux deux. Il se rendit compte que son habitude de se trimballer tranquillou à poil dans son propre appartement venait de prendre fin tragiquement.

« Heureusement que je vois, heu... pas très bien, déclara-t-elle.
- Hé oh, c'est vexant ça. Dis tout d'suite que j'suis affreux.
- C'est pas la question de si tu es affreux ou pas, rétorqua-t-elle.
- Ouais ben c'est bon, j'ai pigé. Qu'est-ce que tu fichais debout à cette heure-là ? »
Elle baissa la tête, consternée.
« J'arrivais pas à dormir, pardon.
- Ton lit est pas bien ?
- Il est parfait, se dépêcha-t-elle de répondre. Je suis vraiment, vraiment désolée. Je vais ranger, pardon. »

Elle s'accroupit et commença à ramasser les trucs par terre.

« Non non, tu touches à rien. Assez d'catastrophes pour cette nuit. »
Il vit à sa tête qu'elle l'avait pris comme un reproche.
« J'veux dire, tu vas t'couper, y a des bouts de verre, rectifia-t-il. C'est pas grave, laisse, j'm'en occupe. »
Elle avait les larmes aux yeux.
« Pardon, pardon...
- Non mais c'est bon, hein, c'est rien.
- Je voulais pas t'réveiller.
- Pas grave. Assied-toi, va pas marcher pieds nus sur les morceaux d'verre en plus. »

La timidité des cimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant