Méfiance ou Confiance?

Un éveil perturbant, PdV narratrice

'...'

Le jeune agent de l'AAM fixait la silhouette endormie sur le sol.

'Que faire d'elle maintenant?'

La jeune adolescente avait dormi comme une marmotte pendant tout le trajet. Trajet qu'il avait légèrement allongé histoire de se donner plus de temps afin de penser.

Elle était toujours en piteux état. Ses plaies avaient légèrement séchées, ce qui atténuait l'odeur sucrée de son sang. À cette pensée la salive lui monta à la bouche. Tel un prédateur, il se pencha sur son corps inerte, les crocs saillants et les yeux brillants d'envie. Il pouvait sentir son aorte sous sa peau, pompant doucement le liquide métallique convoité. Ses canines effleurèrent une zone de peau épargnée, laissant un sombre sillage humide, là où le sang jaillissait tranquillement.

Soudain, une migraine lancinante explosa dans sa tête. Ses pupilles se rétrécirent sur le coup et il recula précipitamment du corps de la métamorphe, étouffant un cri de douleur. Sa vision se troubla et des points blanc explosèrent dans son champ visuel. Un sentiment profond de peur et de dégoût s'installa en lui et il se recroquevilla dans un coin, haletant et incapable de se concentrer sur les bruits aux alentours. Tout ce qu'il entendait étaient des échos lointains et inaudibles. Il ferma ses yeux et pressa ses paumes contre ses paupières de toutes ses forces.

Après quelques minutes, le chaos sembla s'atténuer de peu et Ciel ouvrit son oeil. La pièce était stable. Il grogna faiblement et essaya de se relever. La douleur redoubla d'intensité et, cette fois-ci, une image surgit de nulle part. Un décor de débris de roches et de poussières. Il gisait au beau milieu, dans sa vraie forme, ses ombres brouillant ses membres. Soudain, il la vit juste en dessous de sa forme tremblante. Elle. La sale... sale...

...

Pourquoi la protégeait-il? Pourquoi? Il voyait bien ses ailes en lambeaux déployées au dessus d'elle. Son propre corps tremblant sous le poids des débris. Sans prévenir, l'image disparut aussi vite que lorsqu'elle était apparue. Le jeune démon frissonna et fixa le corps qui n'avait pas bougé pendant tout ce temps.

-"N-Non...", murmura-t-il faiblement.

Son corps si frêle, si facile à déchirer, broyer, rompre.

-"N-Non..."

Son mal de tête s'empirait. Plusieurs échos s'entremêlaient dans une cacophonie doucereuse et douloureuse. Prenant ce qu'il lui restait de raison, il se releva, ignorant tous ces sentiments flous et sortit en trombe de sa chambre. Le jeune agent couru sans réellement savoir où aller et ne s'arrêta que lorsqu'il fut suffisamment calme. Soupirant lourdement, il fixa ses alentours. Il était dans une ruelle vide. Quelle surprise.

Ciel s'adossa contre le mur et essaya de réfléchir à ce qu'il venait de se passer. Peine perdue. Son esprit était trop engourdi. Il ne se rappelait que vaguement des évènements (pourtant récents), ce qui le frustra encore plus. Il frappa le mur derrière lui puis posa son front contre le souffre froid. Les minutes passèrent. Puis, il décida de regagner sa chambre. L'ancien comte ne pouvait pas laisser sa proie à découvert. La laisser à sa Majesté était hors de question aussi.

Quelques secondes lui suffirent afin de regagner sa chambre, la porte entrouverte. Elle n'avait toujours pas bougé. Parfait. Il écouta ses battements. Rien à signaler, elle dormait encore, heureusement. Il s'approcha d'elle, méfiant. Le jeune démon redoutait une autre crise. Il s'approcha lentement, à pas de loup. Estimant que la crise n'allait pas se représenter, il se détendit légèrement et la prit dans ses bras, non sans une certaine appréhension.

Rien.

Soupirant de soulagement, Ciel se concentra. Une nouvelle pièce se créa selon ses goûts et il ouvrit la porte par la pensée. Le décor et l'ambiance étaient presqu'identiques aux vrais cachots. Néanmoins, les pierres n'étaient pas souillées. Mais ça, Lililan ne le verrait probablement jamais. Il lui passa des fers aux poignets et aux chevilles sans toutefois attacher les chaînes au mur. Au lieu de cela, ces dernières liaient simplement les fers entre-eux. Puis, il lui mis un bandeau assez épais sur les yeux et un autre sur la bouche. La pièce était insonorisée et aucune odeur particulière s'y dégageait. La torture psychologique semblait un bon début ,selon lui, et priver les sens étaient une technique simple mais efficace. Boire son sang jusqu'à ce qu'elle en meure n'allait pas être assez satisfaisant. De plus, il ne voulait pas l'entendre geindre ou crier à mort. Pas maintenant. Il la garderait pour lui, en attendant de trouver quelque chose de plus adapté ou d'approprié. Satisfait, il se releva et sortit, faisant claquer la porte derrière lui.

Au même moment, un jeune démon sortit dans la ruelle où Ciel s'était réfugié un peu avant. Ses cheveux caramels étaient en bataille, mais ce qui était le plus frappant chez lui était ses yeux. L'un caramel avec une légère teinte bleutée et l'autre, soigneusement caché sous ses mèches, brillait d'un bleu glacé. Il s'assura que personne ne s'en venait et ferma la porte de sa maison.

Sa maison? Il s'arrêta et réfléchit. Il savait que ce bâtiment puant était son chez-soi, malgré le fait qu'il ne se rappelait presque pas d'avoir fait quoi que ce soit dedans. Tout ce dont il était plus ou moins sûr, c'était qu'il devait partir de chez-lui au plus vite avant que le démon aux yeux mielleux revienne (c'est à dire d'ici la semaine prochaine, ou l'équivalent de cette durée de temps). Il ne lui faisait pas confiance. Il réajusta ses vêtements et sentit contre lui le dossier dissimulé. Souriant, il se dirigea à la recherche d'un endroit où il pourrait être tranquille afin de lire le tout à tête reposée.