L'araignée entre en jeu, PdV Lililan

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Une des lances était plantée à quelques pouces de ma tête.

-"Donnez-nous maître Trancy.", répéta le triplet.
-"VA TE FAIRE FOUTRE!!!", hurlai-je en me précipitant sur lui.

Je réussis à lui trancher un bras par surprise.

-"LIL!!!", hurla Alois derrière moi. "DÉGAGE!!!"

Je roulai à terre et me réfugiai dans un coin de la chambre. Un tremblement de terre secoua la pièce et des tiges épinées sortirent du sol, transperçant les triplets de part et d'autre, les enserrant mortellement. Je lançai un regard vers les deux gars et vis Ciel, avec un air de démence inquiétant étalé sur son visage. Ses pupilles rouges étaient rétrécies par la rage et il semblait sur le point d'exploser à tout moments. Un sourire diabolique étirait ses traits.

-"Sortez.", commanda-t-il en gardant les yeux rivés sur les prisonniers.
-"Mais Ciel-", commença Alois.
-"SORTEZ!", hurla-t-il en nous jetant un regard d'avertissement.

Je rampai vers Alois, en prenant bien soin d'éviter le plus possible Ciel. Je savais qu'il pouvait s'énerver, mais cet état était pire que quand il avait étranglé Alois. Et, ça me faisait peur. Alois me pris dans ses bras, et, jetant un dernier coup d'oeil à Ciel, m'entraîna vers la sortie. Le dernier son qui me parvint aux oreilles était un bruit semblable à objets tombant sur le sol.

Nous courâmes jusqu'au escaliers principaux et reprîmes notre souffle.

-"Maître?", dit une voix féminine.

~~~PdV narratrice~~~

Dans la chambre, une immense flaque rouge souillait le plancher. Ainsi que des membres épars, sans compter les racines géantes, teintées de sang, jonchant un peu partout à travers la pièce. Au milieu se tenait le comte, pantelant et épuisé comme jamais. Prenant appui sur un mur, il attendit quelques instants, le temps de reprendre ses esprits. Il avait utilisé beaucoup trop de force, et il avait atrocement mal au ventre. Sentir l'odeur de l'âme de Lililan n'améliorait guère les choses. Il sentait qu'il ne pourrait pas rester dans la même pièce qu'elle, le ventre vide. Cela le mettait momentanément hors de combat, sans oublier le manque de forces. Et cela le mettait hors de lui. Il savait qu'un autre démon était dans l'escalier central, à l'entrée du manoir. Il ne pouvait faire rien, pour l'instant, à part attendre.

À l'entrée du manoir se tenait Hannah Annafellows. Elle tendit une main, ses yeux fixés sur Alois.

-"Revenez à la maison, Maître.", dit-elle simplement d'une voix douce, quasiment demandante.
-"Comment oses-tu regarder ton maître dans les yeux. La leçon ne t'a pas servi?!", rétorqua Alois.
-"Alois, ne commence même pas.", avertis Lililan en le regardant.
-"Quoi?! Elle est toujours ma bonne, à ce que je saches!", s'indigna Alois.
-"Veuillez me pardonner, Maître.", s'excusa-t-elle en s'inclinant.

Une ombre tomba soudain du plafond, derrière Lililan et, la seule chose qu'elle sut la seconde après était qu'elle était retenue ferme, avec quelque chose de froid sous sa gorge.

-"Rebonjour, Maître.", salua une voix dépourvue d'émotions.
-"Claude...", grogna Alois.
-"Je pense que nous ne nous attarderons pas plus que nécessaire. Suivez-moi ou bien elle meurt.", annonça le majordome aux lunettes.
-"J'ai un nom, sale enfoiré, tu le sais?!", répliqua Lililan en essayant de lui lancer un regard haineux.

La pression de la lame se fut plus présente, et la jeune fille sentit un mince liquide chaud couler le long de son cou.

-"Pff. Très bien. Lâche-la maintenant Claude, c'est un ordre!", capitula Alois en s'approchant.
-"Alois, mais qu'est-ce que tu fous?!", s'écria Lil en se précipitant sur lui.
-"Rendu là, je n'ai pas beaucoup d'options. De toute façon, je vais mourir bientôt."
-"Comment peux-tu dire une chose pareille?!", s'étrangla la jeune adolescente.
-"Lil... J'étais supposé mourir bien avant. Je suis content d'avoir pu rester un peu longtemps afin de faire ta connaissance, de pouvoir passer des beaux moments avec toi. Mais, dans une guerre, il faut bien des sacrifices. Ma vie ne tient plus qu'à un fil, je le sais. Tout ce que je te demande, c'est de continuer à te battre quoi qu'il arrive. Et de ne pas m'oublier, si je meurs...", déclara Alois en me serrant.

Il s'approcha et me donna un dernier baiser, avant de s'éloigner en compagnie de cette araignée de malheur. Les larmes coulèrent sans s'arrêter sur mon visage. Je fixai Hannah.

-"Tu ne comptes pas me tuer?", demandai-je avec une pointe d'amertume.
-"Seulement si vous essayez de vous approcher de mon maître.", répondit-elle d'une voix douce. "Vous semblez avoir mis bien des baumes sur le coeur de mon maître, mademoiselle.", ajouta-t-elle.

J'haussai les épaules et m'adossai sur un mur. Je ne pouvais qu'attendre. Hannah vint proche de moi et ouvrit ses bras. Je la regardai étonnée, puis, sentant qu'il n'y avait rien que je puisse faire, je me réfugiai dans ses bras et laissai mes larmes couler.

Méfiance ou Confiance?Där berättelser lever. Upptäck nu