Manifestation, PdV Lililan

118 9 51
                                    

Mon regard se dirigea vers cet étrange bruit de vitre cassé. Avec stupeur, je vis que des hommes s'engageaient au travers d'une vitrine du théâtre, fourches et torches à la main.

-"Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel merde?!", demandai-je confuse.
-"Pas le temps de te poser des questions, COURS!!", hurla Ciel en me traînant à une vitesse extrême dans les couloirs.
-"WHAAA TROP VITE!", m'écriai-je en essayant de rester debout tout en courant.

Des cris échoèrent autour de nous, alors que nous nous engagions parmi la foule de monde sortant de la pièce de théâtre. Finalement, nous trouvâmes une petite porte et Ciel tourna la poignée. Un déclic se fit entrendre et Ciel me plaqua dans la pièce.

-"Aïe aïe aïe!", marmonnai-je.
-"Shh!", souffla Ciel, en fermant la porte.

Je regardai autour de moi.

-"Sérieusement?? Une toilette?? C'est digne d'un film d'horreur pourri je rêve!!!", soupirai-je en fixant les cabines et l'odeur chimique qui s'en dégageait.
-"Oh, arrête avec ta fine bouche et tais-toi!!", maugréa Ciel, légèrement rose.

Je le regardai avec surprise.

-"Euh... Tu peux me dire pourquoi t'es rose?", demandai-je en lui touchant la joue.

Il s'empressa de se dégager.

-"J-Je ne suis pas rose!!", s'écria-t-il en prenant une teinte plus foncée.
-"Shhhh, Crevette!", soupirai en adoptant une pose digne du mec en face de moi.
-"Uuurgh... On est dans les toilettes des femmes...", marmonna-t-il en fixant le sol.

Je le fixai en silence. '... Mais il est sérieux?!', pensai-je en me frappant mentalement.

-"Ok, donc le théâtre se fait attaquer par des mecs aux fourches et torches pour des raisons mystérieuses, on est piégé dans des toilettes en habits inconfortables, sans pratiquement aucune arme pour nous défendre et tout ce que tu penses c'est qu'on des dans les toilettes des dames merde?!?! MAIS OÙ EST PASSÉ TON SENS DES PRIORITÉES?!", répliquai-je en hurlant la dernière partie.
-"Lil, la ferme bon sang!!", chuchota Ciel furieusement.
-"Oh tu veux que je me la ferme?! Je vais te montrer si je-", commençai-je indignée.

Soudain, il se rapprocha à quelques centimètres de moi et me prit les joues d'une main, exerçant une pression.

-"Oh que oui, je veux que tu la ferme. Je sens que quelqu'un a été alerté par ton engueulage et si tu continues, on va pas rester cachés longtemps!", murmurra-t-il d'un ton dangereux.

Je baissai mes yeux, et fronçai les sourcils. Il me lâcha et se plaça près de la porte et ses yeux brillèrent.

-"Qu'est-ce que tu fais?", murmurrai-je.
-"Moins fort!!", chuchota-t-il.

Je le regardai, sidérée. Puis, je battis des bras en écartant les jambes.

-"MAIS T'ES SÉRIEUX PAUVRE BOUGRE JE CHUCHOTE!!!", marmonnai-je en agitant mes bras.
-"Tu as plus l'air de faire... Je ne sais pas trop quoi plutôt que de marmonner, présentement.", se moqua-t-il.

J'ouvris ma bouche pour répliquer mais il me fit signe d'attendre. Je croisai mes bras et grognai entre mes dents.

-"Pff, t'es pas juste..."

Il roula des yeux et reporta son attention sur la porte. Les minutes passèrent. Je m'assis sur le comptoir des lavabos et balançai mes pieds, ennuyée.

-"Étrange.", marmonna Ciel.
-"Quoi? Quoi?", demandai-je à voix basse.
-"Ils attaquent le théâtre parce qu'ils veulent se manifester.", soupira Ciel.
-"Manifester contre quoi? Contre la pièce? Ils se sont ennuyé à mort?", râlai-je sarcastiquement.
-"Lil... Ces gens sont de la classe ouvrière. De ce que je sais, leurs conditions de vie et de travail ne semblent pas leurs plaire et ils... heu... Manifeste en saccageant le théâtre afin de protester parce que, et je cite <<Ces enculés en robes et en complets qui nous volent notre fric sont des pourritures qui se moquent bien de notre gueule en se payant des pièces dans un stupide théâtre digne du palais de Buckingham et se pavanent avec leurs maudits habits tandis que nous crevons et croupissons dans la merde.>>", expliqua-t-il.
-"Eh bah.", répondis-je. "Dooooonc... heu... Ils ont pas l'air d'aimer le théâtre!"

Ciel se frappa le front.

-"C'est drôle mais leur language ressemblent étrangement au tien.", remarqua-t-il avec une moue exaspérée.
-"Oh la ferme! Comment on se sort de cette pièce? En se tirant la chasse et en s'enfuyant dans les égouts?", rétorquai-je.
-"On attends que les choses se calment un peu. Je ne vois pas pourquoi ils voudraient piller une toilette. Tout au plus, c'est quand-même des toilettes pour les dames. Ces clochards n'ont rien à faire ici."

Je le regardai en silence.

-"Mec... Tu penses vraiment que parce que c'est des toilettes pour dames, ces messieurs vont faire <<Oh dieu du ciel, c'est les toilettes pour dames aaaaah, il ne faut SURTOUT pas entrer et violer ce lieux sacré que sont ces toilettes à l'odeur pestilentielle!>>", répondis-je en mettant mes mains sur mes hanches.
-"Et que proposes-tu, mademoiselle le génie?", s'énerva Ciel.
-"Y'aurais pas un moyen de nous faire rétrécir, ou creuser un trou dans le sol ou s'enfuir par le plafond où par un mur?? Je sais pas moi! C'est toi le démon! Moi je sais à peine me transformer en quoi que ce soit!", soupirai-je de frustration.

Je regardai les alentours. Pas de conduits comme dans les films. 'Quelle poisse...'

-"Si j'utilise mes pouvoirs au beau milieu d'un lieu public, ce ne sera pas très malin! Rester ici semble assez sécuritaire pour le moment.", argumenta Ciel.
-"D'accord!! Mais je te préviens, je ne pense pas que rester à rien faire sera productif!", répondis-je écoeurée.
-"Crois-moi, j'aimerai tous les tuer mais je pense que ce serait pas très discret.", marmonna Ciel.

Je ne relevai pas ce dernier commentaire et me rassis sur le comptoir. Il fallait attendre...

Méfiance ou Confiance?Where stories live. Discover now