Éveils - Partie 4

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Shiganshina, 2 juin 852, dans l'instant

Mikasa en sentit un peu trop bien le souffle brûlant. Ses tympans, eux, se mirent à siffler affreusement ; le trio attendit longuement avant d'esquisser ne serait-ce qu'un mouvement. De toute manière, chacun était trop sonné pour cela.

Antoine fut le premier à se redresser en grognant. Il jeta un coup d'œil derrière eux, les mâchoires contractées. « Putain... », siffla-t-il, l'œil rond. Elle suivit son regard, et écarquilla illico les paupières. Cette pauvre petite bourse avait laissé derrière elle... un cratère béant, et noirci au possible.

Il devait bien faire six mètres de rayon. « C'est... une blague ? » laissa-t-elle tomber. Elle se remit sur ses pieds, puis chancela lorsque son crâne la malmena. Son demi-frère la retint par le bras, elle se dégagea dès qu'elle retrouva son équilibre. Isaac, lui, clignait toujours des yeux dans un mélange de confusion et d'horreur.

« Certainement une Particule », trancha Antoine. « Contenue dans une Calculette de l'Espace-temps. Il y a toujours un risque d'explosion... Même s'il est infime... Mais si ça arrive... Voilà le résultat. Quelque chose d'un peu trop puissant... » Il prit une longue inspiration.

« Et donc... », articula-t-il d'un ton tendu. « Soit la Résistance a perdu un moyen de communication avec le vingt-et-unième, soit on a déniché la Calculette d'un ennemi. »

Lourd silence. Il se vit pourtant vite brisé par une toux grasse. De nouveau, l'inconnu s'éleva de terre, et rebroussa chemin. Elle le fixa longuement, les yeux plissés.

« Si c'est chez l'ennemi..., énonça-t-elle lentement. Ce type est un allié ?

— Pas forcément, répondit le français. Même un américain ne voudrait pas subir la destruction d'une particule manipulée. Mais si c'était un ennemi, il nous l'aurait balancée à la face, sauf s'ils comptent reprendre Isaac.

— Dans ce cas, on le pourchasse, jeta-t-elle. Au mieux, il sera blanchi. »

Elle planta son axe dans une façade sur ces mots, et fila à la suite de l'individu à pleine vitesse. « Isaac, est-ce que tu peux la suivre ? » entendit-elle tout juste dire Antoine. « Je vais prévenir Hansi ! » Lorsqu'elle prit un virage pointu, et fonça dans une ruelle étroite, aucune parole ne lui parvint plus. Seulement des bruits de câbles, derrière. Un coup d'œil lui apprit que l'albinos suivait avec concentration.

Où est-ce qu'il est passé ? Elle analysa son environnement, les dents serrées. Murs blancs tranchés par des colombages sombres ; fenêtres brisées ; portes défoncées. « On l'a perdu de vue. » Elle atterrit donc sur un toit. Il ne fut pas compliqué de le voir manœuvrer plus loin, droit vers la base de la Garnison.

Le visage de Hannes passa immédiatement dans son esprit. Ils sont nombreux, là-bas. Mais s'il a un autre tour dans sa manche... Elle accéléra donc encore, la boule au ventre. Eren était parti. Armin, coincé chez l'ennemi. Ici, il n'y avait pas grand-monde d'autre d'aussi familier. S'il venait à mourir...

Elle appuya machinalement sur la gâchette de ses manettes de commandement. Son débit de gaz augmenta encore ; l'air siffla dans ses oreilles, et fit voleter ses mèches au passage. Je ne peux pas laisser passer ça !

Après une rapide course sur d'autres tuiles, elle se rapprocha enfin de la silhouette, et ficha la pointe de son équipement juste devant lui. Là, elle fonça sur lui, et écrasa son coude sur son dos dans une exclamation rageuse. Ils tombèrent lourdement sur la terre battue, et y glissèrent un moment. Puis, elle se remit sur ses pieds, enfonça son talon entre ses omoplates, et dégaina une lame, le regard noir.

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant