Assaillis - Partie 1

67 13 101
                                    

Base américaine ouest, 3 avril 852

De nouveau, le long couloir gris aux lampes blafardes. Des cellules s'échappaient toujours les gémissements désespérés de ces femmes enfermées ici : cette fois-ci, Marion ne rendit pas son petit-déjeuner. C'était la porte blindée du fond qui monopolisait tout son intérêt.

Elle se souvenait du processus de modification du génome humain pour créer des titans. Elle avait dû l'étudier de long en large, après tout, il y avait un peu plus d'un an de cela. Et on ajoute à l'ADN humain une portion d'ADN de bactéries photosynthétiques, ces petits organismes qui puisent leur énergie dans la lumière et autre dioxyde de carbone, en échange de dioxygène ; portion d'ADN muette, lui avait-on expliqué. Cependant, jamais ne lui avait-on présenté le reste... C'était-à-dire, ce qu'elle supposait être les naissances en masse et les modifications à l'intérieur de l'utérus.

Sérieusement... Sur quel genre de technologie les États-Unis ont-ils mis la main ? Rebecca lui répondit presque à sa place. Elle fit tourner son trousseau de clefs dans un cliquetis métallique, inséra l'une d'elle dans la serrure de ce fameux battant, et ouvrit celui-ci sans attendre.

Depuis la dernière fois, plus aucune émotion ne modelait son visage triangulaire et élégant. Ses lèvres pulpeuses et écarlates ne bougeaient que pour lâcher une ou deux brèves informations ; ses yeux bruns ne la regardaient plus en face – et n'avaient plus grand-chose à dire, au vu du vide qui les habitait – ; ses longues boucles noires restaient sages dans une beauté parfaitement superficielle. Cependant, son teint pâle le trahissait, l'épuisement qu'on lui avait certainement ordonnée de dissimuler.

Au fond des prunelles rouges d'Isaac flottait une légère inquiétude, que Marion partageait largement. Elle ne l'avait jamais vue dans cet état. Et elle ne parlait même pas de ses ongles, chacun recouverts d'un gentil pansement. Qu'est-ce qu'ils cachaient ? Je ne sais pas si je veux vraiment le découvrir.

« C'est ici », dit la sergente de sa voix morte. Quelques caquètements capricieux spéciaux néons plus tard, leur lumière glaciale éclaira brutalement une pièce carrée de taille moyenne, au fond de laquelle était coincé un autre ventail. La chercheuse fut presque déçue par ce qu'elle vit d'abord de son mobilier.

Il y avait une armoire à électricité, au fond à gauche, dont la porte vitrée laissait voir un enchevêtrement labyrinthique d'épais câbles noirs... Câbles noirs qui rampaient jusqu'aux tours crème des deux ou trois PC posés là. Les larges écrans de ceux-ci trônaient fièrement sur les trois longues tables de bois qui s'alignaient, collées au béton du mur.

En face d'elles, des chaises pour sûr inconfortables : Marion s'imaginait mal s'y asseoir toute la journée dans le but de déchiffrer ces épais dossiers nonchalamment étalés çà et là, entre les claviers et les trousses rapiécées. Du reste, il n'y avait rien à signaler, mis à part que ce côté-ci était un paradoxe. A la fois ordonné et bordélique... Il fallait y aller fort.

Enfin, dans l'autre camp... Un étrange bidon. Non, bidon n'était pas le mot. Ce machin d'un mètre de long et trente centimètres de haut était parfaitement fermé, et relié à ce que Marion supposa être des pompes. Des pompes à quoi ? Vraiment, elle n'en avait aucune idée. Et c'est que ces tuyaux gris de ses deux étaient reliés à une grosse commode manifestement délicate, au battant fermé par beaucoup, beaucoup de verrous.

Elle se tourna vers Rebecca avec scepticisme, et montra la chose du bout de l'index.

« Qu'est-ce que c'est ?

— Il y a des éprouvettes et des nutriments, là-dedans.

— Des éprouvettes. Pour ?

— Des embryons. »

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant