Leur sang - Partie 2

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Quelques instants plus tôt

« Armin Arlert sera envoyé à l'Intérieur afin d'aider les ingénieurs à travailler sur les armes américaines. » Voici l'un des mots qu'avait laissé derrière lui Erwin, et qui résonnait désormais dans l'office encombré de Hansi.

Mikasa, Eren et Armin étaient assis sur des chaises de bois sombre. En face d'eux, un bureau peu large et relativement sombre, sur lequel s'étalaient de nombreux, trop nombreux papiers recouverts de son écrite en pattes de mouche. Puis, la majore, dont le visage triangulaire, et les yeux aussi bruns que ses cheveux reflétaient un grand sérieux. Son regard était si perçant que ses verres ovales eux-mêmes ne parvenaient à le filtrer.

Le silence était de mise. L'adolescente s'était résolue à observer la commode carrée et simple collée au mur de pierre de droite, et la bibliothèque à gauche, ouverte aux quelques dossiers qui s'empilaient sur ses trois étagères assez longues. Le plancher poussiéreux, l'encrier tâché, les traits enfantins et pourtant sombres du blond, trop sombres pour que la lumière froide de l'aube traversant les carreaux en losange du fond ne les allège.

Elle avait eu beau tenter de se distraire, c'était son meilleur ami qui attirait toute son attention. Moblit lui-même, debout à côté de la fenêtre, et d'ailleurs entièrement équipé, ne pouvait cacher l'inquiétude qui modelait son visage rectangulaire. Les instants les frappèrent un peu plus ; ce fut un Eren lugubre qui ouvrit la bouche.

« C'est ici qu'Armin veut être. Je ne vois pas pourquoi on devrait le forcer à faire de l'ingénierie s'il aspire à être stratège. » Leur supérieure ferma brièvement les paupières.

« Je préférerais entendre ça de sa bouche. Armin ?

— Eren a raison, souffla-t-il. »

Quelques secondes. Elle finit par soupirer longuement. « Nous avons déjà des stratèges ici. Erwin m'a déléguée ce rôle, et je vais travailler avec Pixis là-dessus. On ne peut pas se permettre d'envoyer Marion, et on a de toute façon besoin d'elle en tant que scientifique au Bataillon. Je suis désolée, Armin, mais c'est un ordre que je te donne là. »

L'intéressé se contenta de baisser le menton ; sa frange blonde glissa sur ses prunelles bleues et déjà lugubres. « Je vois », murmura-t-il simplement. Le brun, quant à lui, se contenta de poser deux yeux acérés sur Hansi. Quelques secondes plus tard, celle-ci se leva. « Merci pour votre attention. » Elle sortit une clef de son pantalon blanc. « Vous pouvez... »

Une déflagration la coupa net dans sa phrase.

Les trois quittèrent leur chaise d'un bond ; l'assistant de la haute gradée porta immédiatement ses mains à ses manettes de commandement. « Qu'est-ce que c'est que ça ?! » s'écria-t-il, alarmé. « Ch... Majore Hansi ! » Celle-ci avança vers la porte avec urgence, et l'ouvrit brutalement. Le trio, après un instant de flottement, suivit à son tour.

« Les cachots ? » Elle vérifia ses propres fourreaux, échangea rapidement sa monture contre ses lunettes aux attaches de cuir, jeta un œil à Mikasa. « Ça venait bien de là ? » Elle acquiesça, la gorge nouée.

« Bien. » Le couloir du rez-de-chaussée de l'aile administrative passa rapidement autour d'eux. Lorsqu'ils croisèrent l'ancien office d'Erwin, l'expression de la femme s'assombrit brièvement, pour retrouver bien vite son sérieux. Ils bifurquèrent à droite, s'avancèrent encore, s'arrêtèrent juste devant le hall carré.

La porte – non, la cloison menant aux cellules était éclatée. C'était un bras géant aux muscles rouges qui en était sorti, désormais entouré de débris divers et variés. Au beau milieu de son avant-bras... Un œil ?! Un œil, mais ses pupilles ne s'attardèrent pas dessus : une seconde main, cette fois-ci plus claire, paraissait avoir tenté de stopper la première. Et enfin, écrasé entre les doigts et le mur, un bloc de fluorine transparente.

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant