Casser des murs - Partie 1

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Shiganshina, 6 avril 852

Antoine. Livaï. Hansi, Moblit, Mike. Marlowe, aussi. Tous étaient assis autour de cette table de bois, dans cette petite pièce aux vieilles briques. Le gris de celles-ci se voyait presque égayé par la chaude lumière du couchant. L'un des seuls points positifs de la situation dans laquelle ils se trouvaient.

« Il y a eu cinquante morts chez la Garnison... », résuma Hansi. « Mais le Bataillon, lui, n'a souffert que de sept morts, c'est cela ? On a toujours les chèvres, la base est intacte. De plus, beaucoup d'ennemis ont été abattus. Pour Shiganshina... Les seules mauvaises nouvelles, ça a été la découverte de deux nouveaux titans ennemis. C'est déjà trop. Cependant, si, Antoine, tu as été en mesure de les affronter, on a encore un petit espoir de survie. »

L'intéressé hocha la tête. Il avait bien changé, depuis août dernier. Désormais, le bougre était presque aussi musclé que Livaï, commençait presque à avoir les mêmes traits adultes que lui, et posait un regard bien plus sûr sur eux.

Mais là..., pensa la major. Ce garçon tombe du ciel. Enfin, plutôt du vingt-et-unième siècle, mais la Résistance 2.0 nous a offert un joli cadeau... Un second Livaï, quand même... Et en parlant de Livaï, son bras gauche était désormais libre : il ne se permettait pas encore de le bouger aussi souplement qu'avant, mais il était presque au terme de sa guérison.

« Bon sang, souffla la jeune femme. Antoine, est-ce que tu réalises l'impasse de laquelle tu nous as tirés ? De ce que tu nous a racontés, sans ton arrivée assez aléatoire, l'humanité aurait perdu.

— Oui. »

Oui, et seulement et strictement et uniquement oui. Il se prit un coup d'œil blasé de son alter-ego.

« Mais on ne peut pas être sûrs que Marion ne se suicidera pas, lâcha d'ailleurs ce dernier. J'ai longtemps débattu avec le gamin, qui nous assure qu'elle va revenir. Nos avis divergent. Il ne l'a pas vue en crise.

— En effet..., soupira sa collègue. Comment est-ce que tu peux être aussi convaincu de cela, Antoine ?

— Avec ce qu'Isaac a dit.

— Isaac, qui a une vision biaisée, appuya sèchement le caporal-chef.

— Carla a confirmé ses dires, contra-t-il.

— Carla... ? Carla Jäger ? Elle est aussi venue, après le suicide de Marion ?! s'exclama la brune.

— Carla Jäger ? répéta Antoine avec confusion. Non, Carla Griffonds. Je n'ai pas bien compris ce qu'elle faisait chez les américains, mais...

— Non. Non, c'est la mère d'Eren qui était à Shiganshina. »

Lourd silence. Le jeune homme cligna plusieurs fois des yeux, manifestement ébahi.

« Attendez... Vous êtes en train de me dire... Qu'Eren est le neveu de Marion ?

— Oui. Eren nous l'a appris, d'ailleurs. Mais ce n'est pas la question, trancha Livaï en ignorant sa confusion extrême. On fait comment, maintenant, puisque vous n'avez pas récupéré Marion et Armin ? J'ai proposé d'envoyer des escouades. Le gosse m'a dit d'attendre. Ce n'était pas trop con. Toutefois, maintenant que vous êtes là, vous allez pouvoir nous en dire plus, n'est-ce pas ?

— En effet... »

En effet, et ce furent aux guerriers de raconter la bataille semi-ratée qu'ils avaient vécue.

***

Une ambiance assez étrange régnait sur le réfectoire. L'absence des tombés au combat la rendait morne ; l'échec de la mission principale, lourde. Mais le retour d'Eren et d'Ymir, le transfert d'Antoine, et leur nouvelle alliée, insufflaient un espoir qu'ils n'avaient plus ressenti depuis longtemps – c'était-à-dire, depuis la mort de Jean.

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant