ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟

La Résistance 2.0 - Partie 4

Iekaterinbourg, Russie, 15 mai 2018

« Donc... » souffla Marion. « Je pars dans deux semaines... En même temps que Mike ? » Issei hocha la tête. Elle observa un instant son visage boudiné, mais n'y trouva rien d'autre que son impassibilité occasionnelle.

« Et tu es sûr que la nouvelle machine est plus compétente ? Elle ne fait pas de transferts communs...

— De toute façon, tu ne te souviens plus du fonctionnement. Tu n'aurais pas pu nous en inventer une.

— Oui... »

Un long soupir ponctua le tout.

Elle avait passé une année dans la R2.0 en 2004 ; elle leur avait gentiment construits une ou deux machines ; elle avait été transférée au quarante-et-unième pour aider Grisha et sa sœur à faire la leur ; puis, de retour en 2017, elle avait amélioré son prototype.

2017, pour brouiller les pistes chez les américains. Ils étaient trop occupés à aller chercher son alter-ego plus jeune dans sa petite ville de l'ouest de la France. Mauvaise surprise, les Résistants ne l'avaient pas interceptée à temps. Elle s'était donc dit « bah, ils réussiront le lendemain »... Mais non. On l'avait tuée.

Et c'était assez flippant, d'ailleurs. A quelle personne les américains avaient-ils fait assez confiance pour lui filer l'itinéraire ? Elle semblait les avoir trahis – c'était même trivial. Trahis... En faveur de qui ? Et pour peu qu'ils soient au courant qu'il y avait non pas une seule mais deux Marion dans la même ligne d'univers, elle aussi était en danger.

Faible comme elle était, elle n'allait probablement pas supporter un truc pareil. Enfin, elle s'était améliorée, depuis quelques années ; elle avait vingt-deux ans, plus dix-sept... Mais enfin, qui s'habituerait à avoir une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête ? Pas mal de Résistants, peut-être. Et elle faisait partie de leur groupe. Elle ne pouvait pas les lâcher. Du moins, pas avant d'avoir réparé ses conneries.

La R2.0 allait envoyer un agent dans le passé, comme dans sa ligne d'univers d'origine. C'était grâce aux chercheurs rebelles des USA qu'elle avait pu se rafistoler une machine à transferts spatio-temporels... Et donc, profiter du 11 septembre pour l'intercepter. Ils pouvaient définitivement dire merci à Jelena...

Les américains allaient d'ailleurs probablement réitérer l'opération pour la sauver. S'offrir une machine dès 2000, améliorer encore leurs armes de guerre, mettre un peu plus le quarante-et-unième siècle dans la merde. Dans quel monde se trouvait-elle ? Elle n'avait pas pu faire l'inventaire des transferts effectués depuis le sien.

Tout ce qu'elle avait pu constater avait été un changement aussi bref que subit dans ses interactions avec Issei. Puis, plus rien. Ils avaient peut-être reçu un message, s'était-elle dite ; ou ramené une personne. Elle avait bien entendu du bruit, près de la machine... Une voix de femme. Une voix douce.

Ses yeux verts se promenèrent sur le restaurant « militaire ». Il était tout en long, gris – toujours gris ! – et sobrement meublés de tables de bois carrées, alignées de manière plus ou moins équidistantes. Comme au Nevada, ils devaient se lever de leurs bancs pour aller chercher leur nourriture... Mais, cette fois-ci, leur excursion s'étendait jusqu'à la cuisine étroite et dense aux innombrables éviers bruns.

Ici, les Résistants n'étaient pas très nombreux. Une trentaine tout au plus. Le japonais s'était assis en face d'elle ; si ses cheveux noirs avaient le luxe d'être cachés par son bob kaki, il ne pouvait rien faire pour sa barbe éparse, et n'en avait de toute façon rien à carrer, au même titre que pour le reste de son corps. C'était un stratège, pas un combattant. Nul besoin de suivre un régime.