Big fat ass, gotta slice 'em all! Bern says it's my destiny! - Partie 5

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Quartier général du Bataillon d'Exploration, Mur Rose, 12 septembre 847

L'office d'Erwin n'était pas bien compliqué. Tout y était méticuleusement rangé : les livres croulant sur les étagères de ses bibliothèques, flanquées contre les vieilles pierres ; les papiers empilés dans un coin de son bureau, sur la surface sombre ; son encrier même, à la haute plume de chêne. Le major, lui, était assis sur sa chaise, et observait les deux autres qui reposaient en face.

« Erwin », lui avait dit Mike, « Kenny va venir te parler. » Kenny va venir me parler. Il l'avait recruté il y avait huit ans de cela, après avoir entendu des rumeurs sur un « meurtrier incroyablement doué à la manœuvre tridimensionnelle ». Il s'était décidé à aller le voir, et à lui proposer de rejoindre son corps d'armée, contre une vie à la surface. Étrangement, l'homme au chapeau l'attendait déjà, adossé contre un mur, et l'avait suivit dans un rictus qui traduisait un joli petit « ça s'avère distrayant ».

Un spécimen rare, avait dit Hansi même – un spécimen rare, tant à cause de son cynisme à toute épreuve que de son âme de chef d'équipe version taré. Il avait également une force qui dépassait celle de Mike lui-même, et ne s'était jamais fait toucher par un seul titan. La chose la plus singulière qu'il eût constaté chez lui avait été son insensibilité face à la mort de ses camarades.

Ainsi, malgré sa philosophie un poil inquiétante, l'énergumène s'était avéré particulièrement compétent. Le Bataillon avait à la fois empiré et redoré sa réputation. Depuis, Erwin bossait parfois de paire avec lui... Et Kenny lui réservait toujours des surprise tirées d'il-ne-savait-où. Qu'allait-il lui sortir, cette fois-ci ?

La porte s'ouvrit alors, et Ackerman entra tranquillement dans la pièce. Il n'avait pas quitté son chapeau noir. Sur son visage triangulaire et un poil allongé pointait un très faible rictus. Il a encore laissé sa veste du Bataillon dans sa chambre ? remarqua le blond en voyant sa simple chemise et son long manteau.

« Erwin le Major », dit-il en s'approchant. Il tira un siège à lui, s'y assit, et croisa les pieds au bord du bureau de son pseudo-supérieur. L'intéressé plissa les yeux, mais ne releva pas : ce comportement était habituel, chez lui.

« Tu voulais me parler, posa-t-il simplement.

— J'ai quelques révélations pour toi. Y a toujours des gens en-dehors des Murs, et l'attaque qu'on subit est menée par une bande de tarés qui sont originaires d'il y a deux mille ans, et transforment des humains en titans grâce à un procédé dégueulasse. »

Lourd silence. Erwin fut incapable de le briser. Il restait simplement là, cloué sur sa chaise, les paupières écarquillées et les lèvres entrouvertes. Le visage barbu et confiant de son père lui éclata à la face : il les entendit de nouveau, les doutes qu'il lui avait transmis. « Comment peut-on être sûr qu'il n'y a personne au-delà des Murs ? »

Jusque-là, il n'avait jamais pu ne serait-ce qu'effleurer cette réponse, même après tant d'années de travail acharné. Et il comptait en manger encore, du boulot, des stratégies, des Expéditions, et des sacrifices : il était prêt à tout pour découvrir le secret des titans, et la vérité de ce monde.

Et le gars nonchalamment installé de l'autre côté de son bureau semblait être prêt à tout lui déblatérer.

Non. Il était impensable que les choses s'avèrent aussi simples. Erwin n'avait fait que fantasmer, durant ces longues années, sur l'instant fatidique qui allait arriver, sur ces découvertes époustouflantes sur lesquelles il allait tomber. Un livre secret, peut-être, enfoui dans les caisses d'une base qu'ils auraient reconstruite ; l'horizon qui s'étendait à perte de vue, et qui aurait bien fini par leur livrer ses secrets...

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant