To slice them is my real quest; to kill them is my cause - Partie 2

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Quelque part au sud du Mur Rose, 14 avril 847

Autour d'Antoine, un petit bois relativement sympathique. Des troncs fins l'entouraient de toutes parts ; la lumière de fin de matinée brillait à intervalles réguliers au travers de leurs jeunes feuilles de chêne ; l'herbe sous son dos était particulièrement moelleuse. Et, cerise sur le gâteau, il y avait même des oiseaux qui chantaient.

Il trouvait tout cela très beau, mais son mal de crâne affreux l'empêchait de profiter de cette vision pseudo-paradisiaque.

Me voilà encerclé par des titans, hein, songea-t-il. Il se redressa avec difficulté, massa ses tempes, et observa un bouquet de pâquerettes qui avait poussé là. Ses yeux clairs dérivèrent ensuite sur ses habits très peu modernes : ce haut et ce pantalon bruns contrastaient un peu trop avec ses habituels t-shirt League of Legends et autres jeans confortables. Enfin, ils ne sont pas désagréables à porter. Cependant, il faisait tout de même assez frais pour qu'il se voie dans l'obligation de se frotter vigoureusement les bras.

La mission que lui avait confiée Stéphane Bern n'était pas bien compliquée. Intégrer une Brigade d'Entraînement, apprendre la manœuvre tridimensionnelle sans se faire bouffer, et retourner au vingt-et-unième. Là, une nouvelle ligne d'univers se créerait... Pour deux Antoine dans le même monde. Ça va barder...

Qui le général avait-il envoyé pour remplacer Livaï ? Quelqu'un d'aussi fort, paraissait-il. Et de plus bavard, aussi. Un peu moins stratège, certes ; mais il paraissait qu'il allait tout de même intéresser Erwin Smith. En espérant qu'il soit parvenu à l'empêcher de se foutre en l'air, ironisa l'adolescent.

Il promena de nouveau ses prunelles sur cette petite forêt. Un Résistant doit venir me chercher... Il tâtonna du bout des doigts son sac de cuir à l'ancienne. Il y avait une Calculette de l'Espace-temps, dedans : un moyen de communiquer en cas d'urgence majeure. Bien pratique, mais elle n'affichait pas l'heure. Qui était le clampin qui avait modélisé un truc pareil ? Créer des machines à voyager dans le temps était certes une prouesse en soi, mais tout de même...

Des bruits de pas s'élevèrent alors à sa droite : il se dressa illico, dents serrées. Une grande femme se dirigeait tranquillement vers lui. Son chignon platine ne laissait passer que quelques cheveux de part et d'autre de son haut front ; ses yeux ciel, eux, se posèrent sur lui dans un calme olympien. Elle s'arrêta alors, et le scruta longuement, paupières plissées. Puis, son visage en cœur au menton pointu montra enfin une once s'intérêt.

« Chabichou, c'est bien cela ? » énonça-t-elle platement. L'intéressé relâcha ses épaules, et hocha la tête. Quelques secondes coulèrent, des piafs battirent des ailes plus haut, elle fouilla enfin dans la poche de son pantalon bleu. En sortit un petit livret de cuir brun, qui se retrouva bien vite dans les mains du plus petit.

« Je m'appelle Traute Caven. Voilà pour tes papiers d'identité. Tu t'appelles Antoine Caven, et tu habite à Trost. Tu vas t'engager dans l'armée car tu veux vivre à Sina pour y faire ingénieur militaire. Tes parents sont morts il y a peu de temps, tu n'as donc qu'une tante ici... C'est-à-dire, moi. C'est compris ? »

Il fronça le nez, sans pour autant objecter. « En parlant de Trost, on est juste à côté », dit-elle en tournant les talons. « Suis-moi. On a un appartement dans une ruelle paumée. Tu t'inscriras ce soir. » C'est vraiment programmé à la lettre... Et puisqu'elle se taillait déjà, il se leva donc, rangea ses nouveaux papiers d'identité dans sa sacoche abîmée, et marcha à son tour.

« Je te tutoie ? demanda-t-il.

— Oui.

— Et je t'appelle tata Traute ?

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant